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Des robots-tuteurs bientôt dans les écoles?

L'avenir, c'est demain.
Le robot français Nao est présentement utilisé pour aider des élèves éprouvant des difficultés de santé comme Jonas, 7 ans, qui ne peut être en classe pour subir des traitements de leucémie.
BSIP via Getty Images
Le robot français Nao est présentement utilisé pour aider des élèves éprouvant des difficultés de santé comme Jonas, 7 ans, qui ne peut être en classe pour subir des traitements de leucémie.

Montréal est l'hôte cette semaine d'une conférence internationale sur l'utilisation des systèmes tutoriels intelligents (STI) à l'heure où l'intelligence artificielle (IA) est sur le point de révolutionner l'enseignement. Selon le président de la conférence et professeur en informatique à l'UQAM, Roger Nkambou, les robots-tuteurs ne sont pas très loin de faire leur entrée en classe.

Cette idée est devenue une probabilité, ou même une question de temps, grâce au développement de l'apprentissage machine (ou automatique) et de l'apprentissage profond au cours des dernières années.

Ainsi, le professeur Nkambou voit dans un avenir très rapproché des robots-tuteurs faire leur apparition dans une perspective de mentorat. Est-ce que l'intelligence artificielle va un jour remplacer l'enseignant? «Non, l'IA ne va pas me remplacer, mais elle va plutôt me rendre plus efficace dans ma tâche de tous les jours en tant que professeur. Si on prend le mentoring, les gens aujourd'hui ont besoin d'être accompagnés de façon individuelle. Ces agents vont se déployer et mon rôle va changer, tout simplement», évalue-t-il.

L'image que prendront ces algorithmes est toujours à définir, mais le président de cette 14e Conférence internationale sur les systèmes tutoriels intelligents n'a pas de peine à s'imaginer des robots-tuteurs humanoïdes donner un coup de main aux élèves en classe.

«Pourquoi pas? Dans les écoles aujourd'hui, il y a déjà certains robots que l'on déploie pour aider les jeunes à apprendre sur des activités précises. On pourrait ainsi l'imaginer dans un robot complètement humanoïde. Mais on pourrait aussi l'imaginer comme quelque chose de complètement virtuel qui s'intègre dans l'environnement de travail de l'apprenant.»

Il donne en exemple le robot Nao, qui aide les enfants à apprendre certaines tâches. Il peut d'ailleurs travailler avec des jeunes atteints d'un trouble du spectre de l'autisme. Le développement rapide de la technologie pourrait faire en sorte que de tels aides seraient déployés à grande échelle selon M. Nkambou, avec un coût tout de même abordable d'une ou deux centaines de dollars par unité.

Des projets pilotes et un Plan

Le gouvernement du Québec semble privilégier cette avancée technologique dans le cadre de son Plan d'action numérique en éducation et en enseignement supérieur 2018-2023, présenté à la fin mai. On y apprend que le gouvernement investira 1,2 milliard $ pour les outils numériques de toutes sortes dans les écoles au cours des cinq prochaines années.

La deuxième orientation de cette stratégie indique d'ailleurs que le ministère compte davantage miser sur le numérique comme «vecteur de valeur ajoutée dans les pratiques d'enseignement et d'apprentissage». «Une bonne utilisation des technologies numériques peut favoriser l'engagement et l'autonomie des apprenantes et des apprenants dans le cadre de leurs apprentissages», est-il écrit.

D'ailleurs, le Québec n'est pas en reste dans cette mouvance. Un projet pilote avec le robot Nao a été lancé au CFER de Bellechasse, en Chaudière-Appalaches. «Le travail avec le robot permet de relever des défis et de dépasser certaines limites, comme en témoignent l'équipe du personnel enseignant et la direction», est-il écrit dans le Plan.

Le mentorat en entreprise

Une autre facette sur laquelle les spécialistes des STI se penchent est l'utilisation de l'IA afin de bonifier la formation en entreprise. Roger Nkambou donne en exemple l'entreprise de formation CAE, spécialisée dans la formation en aviation civile, de la défense et sécurité, et de la santé.

«Ce qui leur manque, ce sont exactement les systèmes tutoriels intelligents, soit d'intégrer dans un simulateur des agents autonomes qui joueront le rôle de tuteur pour individualiser davantage la formation. Il y a un besoin, mais il n'y a pas de solution déjà existante qu'on pourrait déployer dans un contexte particulier», indique-t-il.

Les STI ont déjà fait leur preuve dans le passé, relate le professeur, dans l'optique de sauver du temps - et de l'argent - aux entreprises. «Un des premiers systèmes tutoriels intelligents à être déployé à grande échelle, le Sherlock, était fait pour aider la formation des techniciens en avionique. Le but était de les former à dépanner des moteurs de F-16 à l'époque. Avec ce système, on avait réussi à réduire de moitié le temps de formation, passant de quatre ans à deux ans», se souvient-il.

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