Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Le Roi lion» serait en réalité «La Reine lionne», soulève un expert de la faune

Qui règne? Les LIONNES.

La récente version du film Le Roi lion présente des images et des comportements animaliers beaucoup plus réalistes que la version originale de Disney. Peut-être même trop réaliste pour certains fanatiques.

Il s’avère que les phacochères sont beaucoup plus mignons en dessins animés. Désolé Pumba!

Malgré tout, les personnages du nouveau film ne représentent pas la réalité du règne animal, particulièrement en ce qui concerne le réel «roi» du clan.

Préparez-vous pour une révélation-choc: Simba n’est pas réellement destiné au trône. Son père, Mufasa, non plus d’ailleurs. Ce serait plutôt la mère de Simba, Sarabi qui devrait être la patronne.

Une affiche promotionnelle de Alfre Woodard qui joue le rôle de Sarabi, la mère de Simba.
Disney
Une affiche promotionnelle de Alfre Woodard qui joue le rôle de Sarabi, la mère de Simba.

Oui, vous avez bien lu, le roi de la jungle n’est en fait qu’une fraude. Saluons plutôt la reine de la savane!

Nous pouvons remercier le zoologiste Craig Packer pour cette révélation. À l’opposé de ce qui est présenté dans cette histoire, ce sont les femelles qui tiennent les rênes, a expliqué l’expert mondial des lions à la journaliste du National Geographic, Erin Biba.

Parmi les espèces félines, les lions sont les seuls à êtres grégaires. Et comme les babouins et les éléphants, les lions vivent dans un système matriarcal où les femelles chassent, défendent le territoire et passent leur vie entière au sein d’une même troupe.

Les mâles sont reconnus pour ne pas apporter une grande contribution au groupe.
Getty
Les mâles sont reconnus pour ne pas apporter une grande contribution au groupe.

Le voyage en solitaire de Simba est aussi un portrait irréaliste. Normalement, les mâles quittent leur clan natal et n’y retournent jamais pour la simple raison qu’ils ne peuvent pas procréer avec les lionnes qui sont de la même famille. Et oui, cela implique que la séquence «L’amour brille sous les étoiles» serait un non catégorique pour Simba et Nala.

À la place, les mâles se regroupent et deviennent nomades pour trouver de nouvelles troupes. Ils sont reconnus pour êtres des «fainéants inutiles», mais jouent un grand rôle quant à la protection de la bande face aux autres mâles, a expliqué Craig Packer dans une entrevue pour CBC.

Ainsi, à travers le regard d’un zoologiste, Sarabi, qui joue un rôle secondaire, dirigerait plutôt le clan et Nala serait la successeure. Sarabi céderait éventuellement un territoire proche afin que Nala dirige sa propre bande.

Quel revirement de situation! Et si la version moderne voulait donner à l’interprète de Sarabie, Alfre Woodard, un rôle plus important, elle le mériterait bien. La légendaire actrice est déjà une reine à part entière. Elle a, entre autres, déjà dirigé une adaptation théâtrale du film Le Roi lion pour des étudiants en art de La Nouvelle-Orléans.

Et si cela signifie que Beyoncé, qui joue Nala, est l’héritière, tout tombe en place.

Voilà qui aurait certainement fait la fierté de feu Madge Sinclair, l’actrice jamaïcaine qui faisait la voix originale du personnage de Sarabi et qui avait aussi joué la reine Aoleon dans le film Un prince à New-York en 1988.

Mentionnons tout de même que Disney a éventuellement donné de l’importance aux lionnes. La suite originale du Roi lion montre la lionne Zira mener la troupe (même si c’est grâce à un détail technique) auparavant dirigée par Scar.

Kovu est séduisant, confirme la science

L’article du National Geographic souligne un autre point: l’attirance sans équivoque du public pour le personnage de dessin animé, Kovu.

Dans la suite du Roi lion, la fille de Simba, Kiara, tombe amoureuse de Kovu, le «rebelle exilé». Tout comme plusieurs téléspectateurs. En fait, comme beaucoup d’entre eux.

Il semble que cette attirance serait aussi partagée par les lionnes. Celles-ci sont davantage attirées par les mâles aux traits foncés, a confirmé le zoologiste Craig Packer. Chez les lions, la couleur foncée du pelage indique une forte production de testostérone, explique une étude. Cette forte production d’hormones suggère une grande force physique, ce qui est un aspect recherché par les lionnes pour protéger les petits. En fait, même leur crinière ne serait utile qu’à charmer les femelles.

«Si ce n’était pas pour plaire aux femelles, les mâles n’auraient pas de crinière», a expliqué le zoologiste. «Les lionnes préfèrent les mâles qui portent des caractéristiques claires qui indiquent qu’il pourront assurer la survie des lionceaux», a-t-il ajouté.

Sexisme dans le règne animal (en dessins animés)

Malheureusement, la démystification du film a eu des impacts négatifs sur la journaliste Erin Biba, l’auteure de l’article. Celle-ci a été bombardée de tweets, écrits par des hommes en désaccord avec les propos du zoologiste Craig Packer, qui tentaient de «l’éduquer» sur les lions. Les propos d’un expert mondial, qui a été essentiel dans les percées médicales des lions, ne semblent pas suffisants pour certains.

Réprimander une journaliste scientifique qui a simplement fait son travail? C’est une idée aussi mauvaise que la théorie des pouvoirs surnaturels de Mufasa.

D’un côté positif, l’article d’Erin Biba a mené à une réflexion générale sur les rôles de genre stéréotypés présents dans les films animés animaliers.

À VOIR AUSSI:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.