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Festival MEG: Rone, l'électro libre (ENTREVUE)

Festival MEG: Rone, l'électro libre (ENTREVUE)
Timothy Saccenti

L’artiste français de « live électronique » Rone, très respecté en Europe malgré son jeune âge - 32 ans -, est à Montréal pour offrir deux spectacles en autant de jours : d’abord à la Société des arts technologiques (SAT) qui le présente ce soir dans le cadre du Festival MEG, puis samedi sur la scène Piknic Electronik au festival Osheaga. Conversation téléphonique fort stimulante avec Erwan Castex, de son vrai nom, créateur très prometteur qui a fait paraître en octobre 2012 le très bon album Tohu Bohu.

La discussion s’installe naturellement, sans grande formalité. Il explique qu’il a l’heureux plaisir de parcourir le monde pour donner en moyenne cinq concerts par semaine depuis la sortie de son plus récent disque. Il raconte que cette visite à Montréal est une première et qu’il est très heureux de pouvoir enfin découvrir cet endroit dont il a entendu parler. Lentement, de manière très agréable, on arrive à parler de sa passion pour la musique.

«Elle est arrivée assez tôt dans mon enfance », raconte Castex. « Un peu plus tard, quand j’étais adolescent, je me suis mis au piano et ensuite au saxophone. J’étais très timide et l’art était pour moi une forme intéressante pour m’exprimer. Je prenais la musique très au sérieux, peut-être encore davantage quand j’ai découvert les synthétiseurs et les ordinateurs. J’étais très stimulé par les machines. Cela dit, je n’osais pas espérer que les choses évoluent [au niveau professionnel]. C’est un peu pour la même raison que j’ai étudié et travaillé en cinéma. Ces deux univers me plaisaient beaucoup, surtout quand je pouvais jumeler la musique aux images lors de divers projets. J’ai fait toute sorte de choses, dont du montage sonore… Un jour, une personne d’un label m’a proposé d’aller plus loin et me voici six ou sept ans plus tard.»

Inspirante Berlin

C’est en 2008, avec le maxi Bora [étiquette InFiné] que la carrière musicale de Rone (pseudonyme lié à une histoire farfelue d’une personne qui a mal écrit son nom sur une feuille) va vraiment commencer. Par la suite viendront plusieurs maxis (dont La Dame Blanche) et les deux albums Spanish Breakfast (2009) et l’excellent Tohu Bohu, parus chez InFiné.

« À mon second disque, j’ai eu besoin de quitter Paris, où j’avais enregistré de manière très naturelle Spanish Breakfast », affirme le musicien. « Recommencer toute la démarche a été beaucoup plus difficile. J’intellectualisais trop la création. J’ai donc bougé et choisi de m’établir à Berlin. J’aurais pu opter pour Montréal. L’important pour moi était que cette ville allemande avait quelque chose de plus calme que Paris. Berlin, c’est cool. Et au final, le choix s’est avéré parfait. J’y ai passé quelques années très inspirantes. Pour le prochain disque, je verrai. J’ai besoin d’être nourri. Je cherche toujours et m’inspire autant de l’environnement que de la musique autour de moi… »

« Je suis attentif aux autres musiques », poursuit-il. « J’adore l’expression d’Arthur Rimbaud Il faut être absolument moderne. Je n’ai pas envie d’être cynique. Je crois que tout n’a pas été fait comme disent parfois les vieux! J’aime écouter ce que mes collègues proposent. Et j’écoute beaucoup de trucs variés. J’absorbe, j’assimile et je crée ma musique […] Au début, je souffrais d’un complexe d’infériorité, mais tout s’est dissipé depuis un moment. Je crois en ce que je fais, même si je n’ai pas la formation de conservatoire comme mon comparse Gaspar [nom de famille Claus, le violoncelliste et ami qui a notamment collaboré avec Rone sur Tohu Bohu]. Nous avons un langage particulier qui fonctionne très bien. Je ne possède pas le solfège, mais cela ne m’empêche pas du tout de créer. Je fais autrement. D’ailleurs, c’est une raison qui fait en sorte que j’aime la musique électronique. C’est un univers sans règle. Il existe du moins une liberté différente […] Faire de la musique c’est très instinctif et intuitif chez moi. Je mise sur les rencontres et les échanges. »

Le live

Pour Rone, l’idée de performance en direct est très importante. Il n’est pas un DJ. Chaque proposition est unique et prend forme en fonction du lieu et de l’audience. À Montréal, les deux concerts seront bien entendu similaires, mais pourraient renfermer quelques variantes, à commencer par l’utilisation du technicien Davy Magal à la lumière et au montage visuel (concept vidéo qu’un ami/collègue a lui-même créé).

« Les deux prestations se ressembleront, mais je ne propose jamais tout à fait la même performance [...] J’aime me donner cette liberté de pouvoir jouer avec les ambiances, varier les morceaux. Je proposerai à la fois des nouveaux et anciens morceaux, tout comme plusieurs pièces de l’album Tohu Bohu. J’aime bien que la scène puisse alimenter mon travail en studio et vice-versa. Je réinvente donc toujours un peu. J’essaie d’amener les morceaux un peu plus loin. Ça garde en vie de rester ouvert au changement. Même si parfois je vomis encore de stress avant les performances ! », lance-t-il avec ironie.

Pour le reste, un nouvel album à l’horizon, des projets de musique de film (on lui propose des scénarios de longs métrages de plus en plus souvent), des collaborations spéciales (comme sur le nouvel album Trouble Will Find Me du groupe américain The National), et autres aventures font partie du voyage de Rone.

Rone : à la SAT dans le cadre du MEG (soirée coprésentée par le festival MEG et celui d’Osheaga / on doit dire Osheaga MEG Pro…bref), vendredi soir, 22h. Sur la scène Piknin Electronik dans le cadre du festival Osheaga, samedi au parc Jean-Drapeau, 13h45.

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