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«S'aimer» au Théâtre Périscope: Je m'aime moi non plus (PHOTOS)

«S'aimer» au Théâtre Périscope: Je m'aime moi non plus (PHOTOS)
Lise Breton

Après avoir fait la part belle à Kerouac et Hitchcock, le Théâtre du Hareng Rouge retrace l’œuvre – et surtout la mort mystérieuse – de l'un des piliers de la poésie québécoise moderne, Hector de Saint-Denys-Garneau.

Le tout commence par un drame. Un photographe se fait quitter par sa blonde, qui ne laisse derrière elle qu’une note dans un recueil de poésie. Un exemplaire de Regard et jeux dans l’espace, seul recueil de Saint-Denys-Garneau paru en 1937.

Les yeux fermés, il se lance dans une enquête afin de faire la lumière sur la mort du poète, survenue le 24 octobre 1943 sur la rivière Jacques-Cartier. À travers cette quête à laquelle il se raccroche comme à une bouée de sauvetage, le jeune homme veut mettre le doigt sur ce qu’il le lie au poète : sa difficulté d’aimer.

« Ce qui ressort dans ses textes, c’est qu’il ne s’aimait peut-être pas, reconnaît l’auteur et comédien Thomas Gionet-Lavigne. On le voit parfois qu’il écrit sur l’amour et que pour lui, c’est quelque chose de difficile, d’impossible. Il l’écrit aussi dans sa correspondance que son cœur n’est pas prêt à aimer, qu’il indigne d’aimer. »

«S'aimer» au Théâtre Périscope

De Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier à Benoît Lacroix

Pour accoucher de ce spectacle solo, l’auteur s’est lui-même lancé sur les traces du poète. Il a mis son nez dans les archives, allant jusqu’à rencontrer les proches du poète et ceux qui ont découvert son corps, non loin du manoir familial de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier.

Une enquête qui a permis à l’auteur de rencontrer le père Benoît Lacroix, éditeur des premiers textes de Saint-Denys-Garneau. « J’ai passé deux heures avec lui et ce sont les deux plus belles heures de ma vie. C’est un homme exceptionnel. Il disait que l’amour était plus important que la foi, que l’amour est la seule chose qui dure à jamais », se rappelle-t-il avec émotion.

Le spectacle mis en scène par Hugo Lamarre est d’ailleurs dédié à ce « p’tit garçon de 100 ans » décédé le 2 mars dernier, le jour même de l’entrevue que Thomas Gionet-Lavigne a accordée au Huffington Post Québec.

Connu des littéraires, méconnu du grand public

Les littéraires connaissent bien de Saint-Denys-Garneau. Avant sa mort, survenue alors qu’il n’avait que 31 ans, le poète a profondément marqué la littérature québécoise avec son recueil Regards et jeux dans l’espace.

« On avait travaillé ses poèmes au Conservatoire pour un récital de poésie et dans le temps, je trouvais ça un peu pépère. Puis, j’ai relu son recueil en vacances et j’avais l’impression que ça avait été écrit dans l’après-midi. […] Ça m’échappait, ça me dépassait. J’avais l’impression d’avoir des bijoux dans les mains, mais qui me passaient à travers les doigts », se souvient-il.

Naît alors l’idée de faire connaître le poète qui, bien que méconnu du grand public, a pavé la voie de la poésie moderne au Québec. « C’est un genre de Michel Tremblay, un poète capital dans notre corpus littéraire », poursuit celui dont les précédentes créations ont porté sur Jack Kerouac et Alfred Hitchcock.

« C’est un des premiers à avoir écrit en vers libres, sans rimes, et à avoir écrit des trucs plus libres avec des espaces dans la page, avec une typographie plus étudiée. Il n’est pas un grand poète comme Gaston Miron, mais il n’y aurait peut-être pas eu Miron si de Saint-Denys-Garneau n’avait pas été là pour lui ouvrir le chemin », conclut Thomas Gionet-Lavigne.

S’aimer est présenté au Théâtre Périscope jusqu’au 26 mars 2016. Pour tous les détails, c'est ici.

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