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Santé: la population avant l'incorporation

Près de 16 500 personnes sont en attente de recevoir un premier service de soins à domicile au Québec.
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Lors de la dernière campagne électorale de 2014, le Parti libéral du Québec s'est engagé à investir 150 millions de dollars par année pendant 5 ans dans les services et soins à domicile.

Jusqu'à aujourd'hui, le gouvernement Couillard n'a toujours pas livré la marchandise.

Pourtant, des milliers de Québécois, notamment des personnes âgées, attendent des semaines, parfois des mois, pour avoir accès à des soins et des services d'aide à domicile. En septembre dernier, le Protecteur du citoyen révélait dans un rapport que de nombreux patients ne reçoivent pas tous les soins à domicile nécessaires ou que ceux-ci sont parfois même coupés.

L'un des constats les plus frappants et choquants, c'est que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ne connaît même pas le nombre de personnes qui sont en attente de soins à domicile et depuis combien de temps.

Ces mises en garde ne datent pourtant pas d'hier. Tant le Protecteur du citoyen que le Vérificateur général du Québec dénoncent depuis longtemps le fait que le MSSS ne possède pas un portrait complet de l'offre réelle de services à domicile, notamment les délais d'attente.

Ironiquement, dans sa plate-forme électorale en santé de 2003, le PLQ dénonçait lui-même l'absence d'un portrait complet des besoins et que les budgets sont octroyés sans connaître le nombre de clients qui ont recours à ces services. En 2016, le gouvernement ne connaît toujours pas les besoins et n'a toujours pas réinvesti massivement dans les soins à domicile.

Face à l'incapacité ministérielle de dresser un premier portrait national, la CAQ a mené une vaste enquête, grâce à des demandes d'accès à l'information, auprès de tous les établissements de santé du Québec. Pour la première fois, nous avons l'heure juste: près de 16 500 personnes sont en attente de recevoir un premier service de soins à domicile au Québec. On apprend qu'il existe même des disparités régionales importantes majeures. En Montérégie, par exemple, il y a des gens qui attendent 200 jours pour des soins en ergothérapie, 191 jours pour des services psychosociaux et 73 jours pour de l'aide à domicile.

Il faut investir dès maintenant

Pour le bien-être de nos aînés, le gouvernement libéral doit respecter sa promesse électorale d'investir dans les soins à domicile. Il se défendra en affirmant qu'il n'est pas capable de trouver l'argent nécessaire. Or, j'ai une proposition concrète à lui formuler.

Pour financer plus de soins et services à domicile, le gouvernement doit mettre fin au droit des médecins de s'incorporer, ce qui leur permet actuellement d'économiser beaucoup d'impôt.

Ce droit a été accordé aux médecins en 2007 par l'ancien gouvernement de Jean Charest, alors que Philippe Couillard était ministre de la Santé et Gaétan Barrette était président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.

Actuellement, 11 000 médecins sont incorporés, soit environ 48 % des médecins. Cette incorporation prive le gouvernement de plusieurs dizaines de millions de dollars de revenus.

Revenu Québec refuse de dévoiler l'évaluation de l'impact fiscal de l'incorporation des médecins qu'elle détient, tel que l'a appris la CAQ par l'accès à l'information.

Malgré ce manque de transparence, différentes évaluations laissent croire que le phénomène priverait les gouvernements de plus de 150 M$ chaque année.

Une demande légitime

Selon la CAQ, il est légitime de mettre fin à l'incorporation des médecins, notamment pour trois raisons.

Premièrement, les médecins ne sont pas des travailleurs autonomes comme les autres. Même si le médecin voit plusieurs patients différents, son seul véritable client est celui qu'il facture: la RAMQ. Contrairement aux autres professionnels qui prennent des risques en affaires, la majorité des revenus proviennent donc des fonds publics.

Deuxièmement, en raison de l'augmentation et du vieillissement de la population québécoise, il y aura de plus en plus de patients à soigner. Les médecins ne chômeront pas.

Troisièmement, l'incorporation des médecins s'ajoute à l'augmentation de la rémunération des médecins depuis 2007. Ils travaillent fort et personne ne remet cela en doute, mais les revenus moyens bruts des médecins spécialistes ont augmenté de 70 % et ceux des omnipraticiens de 59 %. C'est aussi sans compter la normalisation des frais accessoires par le ministre Barrette qui permettra aux médecins de réclamer davantage aux patients.

Je sais que dans une ancienne vie, le ministre de la Santé s'est battu pour l'incorporation des médecins, mais le contexte a changé depuis 2007.

En mettant fin à l'incorporation des médecins, le gouvernement pourra ainsi récupérer des dizaines de millions de dollars chaque année qu'il pourra investir dans les soins à domicile. À Gaétan Barrette de prouver qu'il n'y en a pas que pour les médecins au Québec, mais aussi pour les patients.

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