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Julie Barrette se meut avec parfaite aisance dans le monde clos de l'unité Perry 2A de l'Institut Douglas. À la regarder aller ainsi, on sent même que la jeune femme se nourrit de la richesse subtile de cet univers clos et complexe, fait de contrastes, et où la grande souffrance côtoie au quotidien la grande humanité.
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Elle sourit en arpentant les couloirs, dans la lumière encore hivernale qui entre à flots par les grandes fenêtres. Sa queue de cheval blonde sautille au rythme de son pas vigoureux. Sans se laisser décourager pour la mine renfrognée qui l'accueille, elle s'arrête pour échanger quelques phrases avec un homme, un patient, puis poursuit son chemin. Plus loin, un autre homme s'impatiente devant une porte close. Elle le rassure calmement, sans minimiser son inquiétude, sans l'infantiliser.

Julie Barrette, car c'est elle, se meut avec parfaite aisance dans le monde clos de l'unité Perry 2A de l'Institut Douglas. À la regarder aller ainsi, l'œil brillant, on sent même que la jeune femme se nourrit de la richesse subtile de cet univers clos et complexe, fait de contrastes, et où la grande souffrance côtoie au quotidien la grande humanité.

Il faut dire que la coordonnatrice de cette unité qui abrite une vingtaine de personnes souffrant de problèmes de santé mentale, et ayant eu des démêlés avec la justice, y est aujourd'hui chez elle. Éducatrice spécialisée de formation, Julie se consacre depuis 17 ans aux patients du Douglas, et depuis 12 ans à ceux du Perry 2A. Ces patients ont pour la plupart été jugés non criminellement responsables de délits divers et sont gardés en détention au Douglas pour des périodes variables.

Certains, pas tous, car on compte de plus en plus de cas de réinsertion réussie, ne sortent de l'Unité que pour mieux y revenir. Parce qu'ils cumulent problèmes de santé mentale, parfois des dépendances et des problèmes avec la justice, les patients du Perry 2A comptent parmi les plus mal-aimés et les plus oubliés de notre société. Souvent, ils ont épuisé leurs proches qui se sont éloignés, à bout de souffle et démunis. Qui peut les blâmer? Certains patients du Perry 2A, comme G., un homme abimé par la vie voguant vers la soixantaine, sont vraiment, objectivement et absolument seuls dans la vie. Seuls, seuls, seuls. G. ne reçoit depuis des années aucune visite, hormis celle d'un bénévole occasionnel qui lui apporte de petits cadeaux.

Enfin, à y bien penser, pourtant, G. a quand même une sacrée chance dans sa malchance. Comme les autres résidants du Perry 2A, il a accès à une équipe comprenant des infirmières, des éducateurs spécialisés, un médecin généraliste, un psychiatre, un psychoéducateur, un travailleur social et un enseignant, des gens qui sont à ses côtés, et qui prennent le temps de l'écouter et surtout de l'entendre.

Et puis, au milieu de ce petit monde, il y a aussi Julie, qui pense à lui donner de petites attentions. Et qui a toujours cette lumière dans les yeux quand il s'adresse à elle. Une lumière qui veut dire : tu existes pour nous. De quoi donner envie de te raccrocher à l'humanité.

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Mai 2017

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