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Satellite kamikaze, canon laser... Pourquoi les États-Unis se préparent à la guerre dans l'espace

La course à l'armement spatial avec la Russie et la Chine est à son paroxysme. alors que le contrôle de l'orbite terrestre est de plus en plus important.
NASA NASA / Reuters

La Défense américaine ne fait pas dans la demi-mesure. Ce vendredi 14 juillet, la Loi sur l'autorisation de la défense nationale (NDAA), qui définit la politique militaire, a été votée, indique Reuters. Celle-ci prévoit jusqu'à 696 milliards de dollars de dépenses pour le ministère de la Défense.

Parmi les dépenses prévues, celles portant sur la création d'un nouveau service militaire, un "Space Corps", poussée par des parlementaires préoccupés par la Chine et les activités russes dans l'espace.

Ce "Space Corps" fonctionnera comme la Navy, les Marines et l'Air Force, de manière plus indépendante du ministère de la Défense américain. Ce qui lui permettra d'être plus souple et plus à même de s'adapter rapidement aux nouvelles technologies de l'espace.

Car avec le temps, l'armée américaine est devenue très dépendante de l'avantage technologique procuré par sa domination spatiale, notamment de son réseau satellite. 250.000 systèmes militaires américains dépendent du GPS, rappelle Motherboard.

Or, ces dernières années, la Russie et la Chine ont démontré à demi-mot qu'ils étaient capables de s'attaquer à ce réseau orbital.

Satellite kamikaze et d'abordage

Ainsi, la Chine avait envoyé un missile détruire un de ses vieux satellites, démontrant sa capacité à atteindre ces précieux vaisseaux orbitaux. Depuis, d'autres tests ont été effectués de manière plus subtile (le but étant de rater un satellite de peu, pour ne pas faire de vague).

En 2016, le pays a également lancé un satellite de test équipé d'un bras-grappin permettant de s'accrocher à d'autres satellites. Le but officiel est de lutter contre les débris spatiaux, mais un tel outil pourrait être utile pour détruire un équipement étranger.

La Russie travaille également sur des satellites capables de changer d'orbite pour aller à la rencontre d'objectifs. En 2014, le pays a lancé un satellite, Kosmos 2499, suspecté d'être un tueur de satellite, une sorte de kamikaze qui se placerait sur l'orbite d'un objet ennemi. La différence de vitesse suffirait à les éliminer tous les deux. Mais on peut aussi imaginer des objets capables de faire de petits mais terribles dégâts (en détruisant les antennes, par exemple, pour l'empêcher de communiquer).

Pour tous ces exemples, les Etats n'ont jamais reconnu le côté militaire de leurs expérimentations, invoquant de simples recherches scientifiques.

Réponse américaine à base de canons lasers

Mais cela n'a pas empêché les Etats-Unis de réagir. Le missile chinois de 2007? L'année suivante, les Etats-Unis font de même. Avant même la nomination du général de l'espace, l'Air Force disposait d'un centre de commandement spatial. Et il est en train de gonfler.

Ainsi, en 2016, le budget du département de la Défense consacré à l'espace a gonflé de 5 milliards de dollars. Il existe même une équipe, appelée "agresseurs de l'espace" dont le travail est de simuler un conflit orbital. Aussi, depuis 2014, l'US Air Force a déployé un petit réseau de satellite destiné... à surveiller ce qu'il se passe en orbite.

Les Etats-Unis disposent aussi de leurs armes spatiales, avérées ou supputées. En 2010, l'armée américaine réussissait à détruire un missile balistique avec un rayon laser. Plus récemment, en 2015, une société privée a annoncé travailler sur un drone équipé d'un canon laser, similaire mais cinq fois plus puissant que celui posé sur ce navire de l'US Navy:

Ces dernières années, il y a également eu beaucoup de spéculations sur l'utilisé du vaisseau spatial top-secret X-37B (même si les experts ne pensent pas qu'il puisse servir d'arme orbitale).

Cyberguerre orbitale

Mais si ces moyens existent, il est possible qu'à l'instar des bombes nucléaires aujourd'hui, ils ne soient pas utilisés. Car les conséquences seraient catastrophiques à cause des débris libérés dans l'espace. Rien que l'essai chinois de 2007 a engendré plus de 1600 débris qui gravitent autour de la Terre, sur plusieurs orbites différentes, à des dizaines de milliers de kilomètres-heure. Or, l'espace est déjà bien saturé de poubelles volantes:

Une destruction massive d'un réseau de satellites pourrait donc handicaper toutes les nations terrestres, y compris l'agresseur. C'est pour cela que le chercheur Deganit Paikowsky, interrogé par Motherboard, pense que la guerre de l'espace se fera à coups de piratage informatique.

"Ne pas utiliser d'attaques cinétiques est une question de durabilité et de sécurité pour l'environnement spatial", explique-t-il. "Les cyberattaques sont en train de devenir plus susceptibles d'être utilisées contre des systèmes spatiaux".

Espérons en tout cas que des armes bien réelles ne seront jamais utilisées en orbite. Car le scénario de "Gravity" d'une réaction en chaîne de débris n'est pas exclu. A vrai dire, il a même un nom: le syndrome Kessler. L'idée: si des débris se mettent à s'entrechoquer avec d'autres et à se diviser, la situation pourrait être telle qu'il ne serait plus possible de quitter l'atmosphère.

Déjà, la Nasa estime que d'ici 2025, n'importe quel objet lancé dans l'espace sera percuté par au moins un débris. L'espace aurait plus besoin d'une coopération internationale que d'une guerre orbitale.

Cet article apparait dans sa version originale sur le site du HuffPost France.

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