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«Sauvageau Sauvageau», entre l'ombre et la lumière (PHOTOS)

«Sauvageau Sauvageau», entre l'ombre et la lumière (PHOTOS)
Valérie Remise

Actuelle et anticonformiste, l’œuvre du dramaturge Yves Sauvageau renaîtra sur les planches du Périscope ce mois-ci grâce à la patience de Christian Lapointe.

Il a butiné pendant près de deux ans dans les pièces du dramaturge décédé en 1970, à l’âge de 24 ans. Phrase par phrase, le metteur en scène basé à Québec a cueilli tout ce « qui lui paraissait parler du monde dans lequel il vit, tout ce qui lui paraissait un commentaire d’auteur ».

Pour Christian Lapointe, « chaque phrase est un bijou », comme cette réplique qu’il affectionne tout particulièrement. «Nous sommes trop vieux pour des temps nouveaux», dit l’un. «Crois-tu ! Nous sommes trop jeunes pour des temps trop vieux», répond l’autre.

Entre la vie et la mort

Yves Sauvageau n’a pas laissé un gros répertoire derrière lui, mais plutôt un ensemble de sept pièces dans lesquelles Christian Lapointe a pigé allègrement. Le travail de cette « enquête » est colossal et le rendu, éclectique.

Plus qu’un collage, Sauvageau Sauvageau est une radiographie des pulsions de mort et des désirs de vivre, très intenses, du jeune prodige. « Je fais dialoguer ces deux éléments » que sont « les parts d’ombre et de lumière du créateur », laisse entendre le codirecteur artistique du Théâtre Blanc.

Comme ce moment où le plus jeune des deux soutient que «la vie, elle, est vraie. Plus que la mort». Ce à quoi le plus vieux répond que non, «la vie c’est un gros bloc de glace, puis moi, j’ai pas de gants. J’peux plus sourire. Non… Je peux plus trouver rien de beau.»

Sur scène, deux versions du même personnage se font face : le Sauvageau d’avant le trépas (Gabriel Szabo) et celui qui serait s’il n’avait pas commis l’irréparable (Paul Savoie). Le rapport qu’ils entretiennent évolue au fil du récit, ce dernier évoquant tour à tour le père, l’amant plus âgé et l’ange protecteur, selon Christian Lapointe.

Lorsque les deux hommes ont fini de s’échanger la parole comme on joue au ping-pong, il ne reste que la langue de Sauvageau que Christian Lapointe dit « foisonnante de signes et d’images fortes et inusitées ».

Dépoussiérer Sauvageau

Plus de quarante ans après s’être donné la mort, Yves Hébert dit Sauvageau sort de l’ombre. Si on a oublié son nom, c’est en partie parce qu’« il n’a pas eu le temps de faire grand-chose », car décédé trop jeune, croit le metteur en scène.

C’est aussi parce que ses propos crus et avant-gardistes ont beaucoup dérangé dans les années 1960. Sa principale pièce, Wouf Wouf, a de quoi faire tiquer le grand public : on y dépeint des hommes en train de s’embrasser, voire un qui tombe enceint d’un autre, et on y parle de drogues, exemplifie Christian Lapointe. « Le fait qu’il se soit donné la mort et qu’il ait écrit une œuvre sur le refus du conformisme, ça concourt aussi au fait qu’on l’ait un peu mis sous le tapis. »

Génie admiré par ses pairs, il était en passe de devenir un grand nom. « Tout porte à croire que s’il n’était pas mort, il aurait occupé une place prépondérante dans l’histoire de notre théâtre », croit celui qui a assuré la mise en scène de La République du bonheur au Trident, à l’hiver dernier.

Sauvageau Sauvageau est présenté du 10 au 28 novembre au Théâtre Périscope, à Québec.

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