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Le secteur public est-il à risque d’être saigné par la pénurie de main-d’œuvre?

La réussite professionnelle est le seul critère où les membres du secteur public choisissent majoritairement leur propre secteur.
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Alors que 79% des employés du secteur privé croient que leur secteur constitue le choix idéal pour chacune des trois questions, ce n'est le cas que pour 29% des employés du secteur public — et de 33% des employés du secteur communautaire.
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Alors que 79% des employés du secteur privé croient que leur secteur constitue le choix idéal pour chacune des trois questions, ce n'est le cas que pour 29% des employés du secteur public — et de 33% des employés du secteur communautaire.

Une recherche sur l'attractivité et la rétention comparée des secteurs d'emploi suggère que le secteur public et parapublic risque de faire les frais de l'actuelle pénurie de main-d'œuvre.

C'est dans le cadre de leur étude sur le QI organisationnel (quotient d'implication) des entreprises québécoises que la firme de consultants en communication managériale Coefficience et la firme de recherche SOM, ont sondé un échantillon représentatif de travailleurs du Québec sur le milieu de travail où ils souhaiteraient le plus s'impliquer.

Les participants ont donc été invités à imaginer qu'ils ont l'embarras du choix quant au type d'organisation où ils peuvent travailler. L'hypothèse est loin d'être farfelue: les conditions du marché de l'emploi favorisent de plus en plus les demandeurs d'emploi. Les tendances prévisibles indiquent qu'ils auront de plus en plus le loisir de choisir leur lieu de travail.

Entre une PME, une grande entreprise, une entreprise du secteur public/parapublic ou une entreprise du secteur communautaire/OSBL:

  • Laquelle leur offre les meilleures possibilités de réussite professionnelle?
  • Laquelle leur permettrait le mieux d'exercer leur créativité?
  • Laquelle leur donnerait le plus l'occasion de faire partie d'une équipe stimulante?

Ces trois questions simples vont au cœur de ce qui peut constituer une forme durable de «bonheur au travail». Contrairement aux bénéfices accessoires très à la mode, ces questions mesurent selon nous l'attractivité profonde (ou intrinsèque) de la proposition d'emploi de chaque secteur.

  • La notion de réussite professionnelle est associée à des thèmes essentiels comme le développement professionnel, l'avancement de carrière, la réalisation de soi, l'orientation stratégique et le sens donné au travail.
  • La notion de créativité recoupe des dimensions également vitales, comme le niveau d'autonomie, l'appropriation, la participation.
  • Enfin, l'attrait de l'équipe fait référence au besoin de socialisation, un stimulus humain fondamental, au sentiment d'appartenance et de sécurité psychologique, à la collégialité et à la collaboration.
  1. L'attractivité des secteurs d'emploi

Le secteur privé, et tout particulièrement les PME, ont le vent dans les voiles: sur dix demandeurs d'emploi, sept sont susceptibles de préférer le secteur privé (dont cinq choisiront les PME), deux, le secteur public et un, le secteur communautaire. L'attractivité des secteurs se présente comme suit:

  • Secteur privé 70%
    • PME 48%
    • Grande entreprise 22%
  • Secteur public ou parapublic 18%
  • Secteur communautaire ou OSBL 12%

Source: Coefficience et SOM (2019)

Alors qu'il représente 23% des emplois totaux au Québec, le secteur public n'aurait qu'une attractivité de 18%. À terme, cela serait insuffisant pour subvenir à ses besoins et maintenir son niveau d'emploi actuel.

On peut penser que les conditions et la sécurité d'emploi compensent cette faible attractivité intrinsèque du secteur public. Mais ces avantages se sont passablement estompés au cours des récentes années — pensons par exemple à la multiplication des contrats d'emploi à durée limitée en lieu et place de l'embauche. En outre, on peut prévoir que la concurrence accrue pour les ressources humaines amènera les entreprises privées à bonifier leur offre d'emploi (la surenchère est déjà observable), ce qui amenuisera l'avantage traditionnel du secteur public.

D'autres dimensions apparaissent quand on tient compte des catégories de participants:

  • Auprès des gestionnaires, l'attractivité du secteur public n'est que de 12%. Cela constitue un défi important, surtout quand on tient compte des besoins de relève consécutifs aux multiples départs à la retraite dans le secteur public.
  • En revanche, trois catégories de participants accordent au secteur public une cote supérieure à la moyenne: les femmes (21%), les techniciens (24%) et les professionnels (21%). Ces données peuvent être utiles aux entreprises du secteur public pour cibler les efforts de recrutement.
  1. La capacité de rétention des secteurs d'emploi

Pour évaluer la capacité de rétention des secteurs, les chercheurs ont ensuite analysé à quel point les participants choisissaient leur propre secteur à chacune de ces questions.

Alors que 79% des employés du secteur privé croient que leur secteur constitue le choix idéal pour chacune des trois questions, ce n'est le cas que pour 29% des employés du secteur public — et de 33% des employés du secteur communautaire. La capacité de rétention du secteur public est donc la plus faible des trois secteurs. Cela le rend vulnérable aux raids des autres secteurs.

La réussite professionnelle est le seul critère où les membres du secteur public choisissent majoritairement leur propre secteur. C'est là un axe que la communication gagnerait à exploiter au sein des entreprises du secteur public. Leur préférence va cependant à une PME pour l'exercice de la créativité (53%) et pour la possibilité de rejoindre une équipe stimulante (44%).

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