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Sept leçons de hockey pour mieux combattre le coronavirus

Les Canadiens considèrent souvent le hockey comme une métaphore de la vie. Les clichés de vestiaire détiennent peut-être une certaine sagesse qui pourrait nous aider à faire face, tous ensemble, à la pandémie de COVID-19.
Le gardien de but des Nashville Predators, Juuse Saros réalise un arrêt sur l'ailier gauche des Canadiens, Charles Hudon, le 10 mars, à Montréal. On peut s’inspirer de notre sport national pour faire face au coronavirus.
La Presse canadienne/Ryan Remiorz
Le gardien de but des Nashville Predators, Juuse Saros réalise un arrêt sur l'ailier gauche des Canadiens, Charles Hudon, le 10 mars, à Montréal. On peut s’inspirer de notre sport national pour faire face au coronavirus.

Utilisons donc quelques-uns des aphorismes bien rodés du hockey pour les appliquer à notre situation.

Au Canada, nous sommes en première période de la pandémie, et le score est de deux à zéro pour le virus SARS-CoV-2. Équipe Canada doit faire face à un opposant qui est à la fois grand, fort et rapide, et qui fait peur. Pour assurer la victoire de notre équipe, la première étape est de dompter sa peur en faisant preuve d’esprit d’équipe.

1. Il n’y a pas de «Je» dans le mot équipe

C’est en équipe que nous vaincrons la COVID-19. En tant que cardiologue et chef du département de médecine de l’Université Queen’s, je suis extrêmement conscient de l’importance de chacun des membres de l’équipe de santé. Mais l’équipe qui doit mener ce combat est bien plus nombreuse que cela, et inclut la communauté toute entière. Nous serons tous indispensables.

2. La meilleure défense, c’est une bonne offensive

Nous appliquons des consignes de distanciation sociale, annulons les événements, les réunions de masse, et même les soins médicaux non essentiels afin de nous assurer que tout le monde ne tombe pas malade en même temps.

L’aplatissement de la courbe épidémique vise à ralentir la propagation d’un virus contre lequel nous ne disposons pas d’immunité naturelle, afin que le nombre de personnes contaminées s’étale sur une période plus longue.

Cela permet de bien mieux gérer les soins à donner aux personnes atteintes. Il s’agit d’une bonne stratégie de défense et, en l’absence d’un vaccin efficace, c’est la meilleure solution dont nous disposons.

Wayne Gretzky en 2003
La Presse canadienne/Adrian Wyld
Wayne Gretzky en 2003

3. Anticiper le déplacement de la rondelle

C’est Wayne Gretzky, célèbre joueur des Oilers d’Edmonton, qui a dit qu’il ne faut pas patiner en direction de la rondelle, mais vers l’endroit où elle aboutira. Ce conseil s’applique également à la COVID-19. Grâce à cet outil en ligne qui retrace la progression du virus, vous pouvez voir où nous en sommes. Mais la question n’est pas de savoir où nous en sommes. Ce qu’il faut anticiper, c’est à quoi ressemblera l’épidémie en troisième période. Et comment l’orienter afin d’assurer la victoire.

Anticiper le déplacement de la rondelle requiert un partenariat dynamique entre les soins de santé et la santé publique. Comparons les agences de santé publique à des «scouts» du hockey, qui suivent l’épidémie et appliquent les leçons apprises des autres provinces et pays. Ce suivi est utile parce qu’il nous donne l’histoire naturelle de la pandémie et prédit sa propagation, ce qui nous permet de déployer nos ressources de façon intelligente.

“Je suis encouragé par les victoires remportées dans d’autres pays.”

Il est rassurant de savoir que nous sommes prêts et que moins de 2% des cas représenteront une menace mortelle. Dans la plupart des cas (80%) de personnes infectées, y compris la grande majorité de ceux qui sont jeunes et en bonne santé, l’infection se résoudra d’elle-même, et pourra se gérer en restant à la maison, en soignant les symptômes, en mangeant bien, en buvant beaucoup de liquides, et en utilisant des médicaments en vente libre.

Je suis encouragé par les victoires remportées dans d’autres pays. Après trois mois ultras difficiles, la situation semble se stabiliser en Chine; en effet, le nombre de cas est stable depuis février. Certains pays, dont l’Allemagne et la Corée du Sud ont réussi à éviter des taux de mortalité élevés. On peut tirer parti de leur expérience.

4. Jouer sa position

Comme au hockey, toutes les positions sont importantes, il n’y en a pas une plus importante que l’autre. La victoire dépendra des infirmières, médecins, et résidents sur la ligne de front, tout comme des employés de laboratoire et des pharmacies, ainsi que des équipes de soutien, que ce soit le personnel de l’entretien ou encore les équipes de technologies de l’information.

Et vous également, membres du public, faites partie d’Équipe Canada, en restant calmes et bien informés. Il n’y aura pas de sélection des trois meilleurs joueurs lorsque nous battrons la COVID-19. Vous serez tous des joueurs étoiles!

5. Remerciez vos coéquipiers

Une entrevue typique avec un joueur étoile après une partie suit toujours un script convenu et empreint de modestie: «Je tiens à remercier mon entraîneur. Mon gardien de but a été incroyable. Les ailiers ont fait un travail fantastique avec la rondelle, et le public était extra!» On n’est jamais dans l’autosatisfaction.

À l’hôpital comme ailleurs, une petite tape virtuelle sur l’épaule d’un collègue ou d’un membre de l’équipe est toujours bien appréciée et contribue grandement à le rassurer. Les petits gestes de gentillesse pour se soutenir les uns les autres sont toujours appréciés. Le soutien apporté par un compliment et une reconnaissance est particulièrement important pour les travailleurs en milieu de santé. Car ils doivent non seulement jongler avec la garde de leurs enfants et la fermeture des écoles, mais également s’inquiéter du sort de leurs parents vieillissants, tout ça en prenant soin de leurs patients.

Ici, à l’Université Queen’s, nos étudiants en médecine ont posé des gestes concrets pour venir en aide à nos médecins en ces temps difficiles. Ils ont assuré des services comme la garde d’enfants et le transport de personnes. Vous pourriez peut-être envisager d’aider un voisin qui doit poursuivre son travail dans un service essentiel?

5. Gardez la tête haute!

Au hockey, cette exhortation nous rappelle d’être attentifs à son environnement afin d’éviter d’être pris par surprise. Nous pouvons garder la tête haute face à la pandémie en prêtant l’oreille aux informations fiables en provenance de notre ville, notre province et notre pays.

Il circule des tas d’informations mensongères sur internet. Il est donc essentiel de ne suivre que l’information fournie par des médias crédibles et les bulletins des agences de santé.

6. Croire en sa victoire

Croire au succès est la condition sine qua non du succès, que ce soit au hockey ou en médecine. Au hockey, on ne peut pas se permettre de sombrer dans l’idée de la défaite. Lorsqu’on perd 2-0 en première période, toute notre énergie doit être consacrée à renverser la vapeur: stopper le but suivant, marquer, et recommencer.

Nous faisons à peu près pareil en ce qui concerne la COVID-19 : ralentir la contagion grâce à la distanciation sociale, l’hygiène, la suppression des services facultatifs, les procédures de test sur les personnes présentant des symptômes. J’envisage la réussite et le retour à une vie normale!

7. Remercier nos supporters

L’impact de la COVID-19 est ressenti par les étudiants, les familles, les gens qui travaillent en restauration, dans les commerces de détail, les services publics et bien d’autres encore.

Comme médecins, nous pouvons remercier nos supporters, non seulement en leur prodiguant des soins, mais également en écoutant nos patients, en dissipant leurs inquiétudes, en leur donnant des réponses précises, en servant de modèle avec notre calme.

Permettez-moi ces derniers aphorismes:

  • Gardons notre bâton sur la glace (soyons prêts).

  • Patinons jusqu’à la ligne (restons engagés auprès de nos amis et collègues).

  • Et c’est ensemble que nous lancerons la rondelle dans le but!

Ce texte a initialement été publié en anglais sur le site de La Conversation.

La Conversation
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