Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ontario: le conseiller municipal Gaëtan Baillargeon refuse de prêter serment à la reine et renonce à son siège

Le Franco-Ontarien Gaëtan Baillargeon aurait été le premier Autochtone à siéger au conseil municipal de Hearst.
Gaëtan Baillargeon a été élu comme conseiller municipal de Hearst, en Ontario, le 22 octobre dernier.
La Presse canadienne
Gaëtan Baillargeon a été élu comme conseiller municipal de Hearst, en Ontario, le 22 octobre dernier.

Le serment d'allégeance à la reine Élisabeth II continue de faire jaser à travers le pays. Alors que le chef intérimaire du Parti québécois Pascal Bérubé a déposé une motion pour que les députés de l'Assemblée nationale n'aient plus à prêter ce serment, un élu ontarien a carrément renoncé à son siège après avoir refusé de promettre allégeance à la souveraine britannique.

Membre de la Première Nation de Constance Lake, Gaëtan Baillargeon a été élu au conseil municipal de Hearst le 22 octobre dernier. Mais il ne pourra vraisemblablement pas s'acquitter de la tâche que lui ont confiée les électeurs de cette municipalité du nord de l'Ontario, puisqu'il a refusé de prêter serment à la reine lors de la cérémonie d'assermentation qui avait lieu lundi soir.

«Ça aurait été contre mes principes», a résumé le Franco-Ontarien dans une entrevue téléphonique avec le HuffPost Québec.

«Pour moi, la monarchie a été contre le peuple autochtone. C'est une monarchie qui a été en partie responsable de la création des écoles résidentielles par où ma mère est passée, et par respect pour elle, c'est pas quelque chose auquel je souhaite prêter allégeance», a-t-il ajouté.

Il explique avoir travaillé avec la greffière pour trouver un compromis, en vain.

Il n'aurait pas non plus voulu prêter serment en privé, comme l'ont fait les députés de Québec solidaire cet automne. «Ça voudrait dire que je l'ai fait pareil. Je l'aurais juste dit en cachette», résume-t-il.

Un changement «assez facile»

En vertu de l'article 232 de la loi ontarienne sur les municipalités «nul ne doit siéger au conseil d'une municipalité [...] avant d'avoir fait la déclaration d'entrée en fonction selon la version française ou anglaise de la formule qu'établit le ministre à cette fin».

À l'heure actuelle, la déclaration inclut la promesse de jurer «fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Élisabeth II».

Comme le Canada est une monarchie constitutionnelle, la reine Élisabeth II est officiellement le chef de l'État.
KGC-375/STAR MAX/IPx
Comme le Canada est une monarchie constitutionnelle, la reine Élisabeth II est officiellement le chef de l'État.

Toutefois, selon Gilles LeVasseur, professeur de droit et de gestion à l'Université d'Ottawa, cette obligation pourrait disparaître grâce à un simple décret du ministre des Affaires municipales, Steve Clark.

Contrairement aux paliers provincial et fédéral, «il n'y a rien dans la constitution qui nous oblige à avoir "Sa Majesté" dans le serment au niveau municipal», souligne M. LeVasseur.

La Loi de 2006 sur la fonction publique de l'Ontarioprévoit par ailleurs une dispense au serment d'allégeance pour les fonctionnaires autochtones qui estiment que «le fait de prêter ce serment ou de faire cette affirmation ne serait pas compatible avec [leur] opinion sur la relation entre la Couronne et les peuples autochtones».

Gaëtan Baillargeon a expliqué qu'il croyait à tort que cette dispense s'appliquait aussi aux élus municipaux. Il affirme maintenant travailler avec le député libéral de MushkegowukBaie James, Guy Bourguoin, pour voir si le ministre Clark sera en mesure d'intervenir.

Chose certaine, il ne compte pas abandonner sa bataille pour représenter les citoyens de Hearst.

«Je suis rentré en politique pour changer les choses. Je suis Franco-Ontarien; je suis Autochtone. Et cette semaine, ça a été des grands coups pour nos deux communautés. Je me suis dit: "je ne peux pas lâcher, il faut que je résiste".»

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.