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L'éducation à la sexualité arrive à la maternelle

Parler de sexualité avec un enfant de cinq ans peut sembler délicat.

Parler de sexualité avec un enfant de cinq ans peut sembler délicat. C'est pourtant ce que devront faire des enseignants de maternelle dans quelques écoles du Québec, où l'on prépare le déploiement de la deuxième année du projet pilote d'éducation à la sexualité du ministère de l'Éducation.

L'école primaire Barabé-Drouin de Saint-Isidore, dans Chaudière-Appalaches, fait partie des 19 écoles québécoises où le projet pilote d'éducation à la sexualité est en cours.

L'an dernier, ce sont les élèves de première, troisième et cinquième années qui ont reçu des cours d'éducation sexuelle. Leur apprentissage se poursuit en 2016-2017, puisque ce sont les deuxième, quatrième et sixième années qui sont visées, cette fois.

Or, une clientèle particulière s'ajoute : les enfants d'âge préscolaire. Entre janvier et avril prochain, les tout-petits recevront environ trois heures de cours d'éducation à la sexualité.

Des apprentissages ciblés

Le programme proposé par le ministère vise quatre grands objectifs pour les enfants d'âge préscolaire.

Premièrement, ils apprendront à identifier et nommer les parties du corps, y compris celles propres aux filles et celles propres aux garçons. Deuxièmement, ils seront appelés à identifier les sensations, les émotions et les besoins qu'ils vivent.

Troisièmement, ils apprendront à décrire en leurs mots les étapes de la naissance, de la rencontre entre l'ovule et le spermatozoïde jusqu'à l'accouchement, par voie naturelle ou par césarienne.

Quatrièmement, ils passeront en revue les différents types de familles qui existent dans leur société : nucléaire, monoparentale, reconstituée, homoparentale, adoptive.

Des contenus adaptés au développement de l'enfant

Carole Pageau, l'animatrice de vie spirituelle qui planifie le déploiement du programme à l'école Barabé-Drouin, soutient que les contenus sont adaptés à l'âge des enfants. « On met la table pour plus tard », affirme-t-elle.

Les enfants, quand ils connaissent les bons termes, les bons mots, ça les sécurise. Si un jour, ils ont besoin d'en parler, s'ils utilisent les bons mots, les adultes vont pouvoir les écouter et comprendre ce qu'ils veulent et ce qu'ils disent. - Carole Pageau, animatrice de vie spirituelle et d'engagement communautaire

Depuis octobre, Mme Pageau épluche les canevas pédagogiques créés par le ministère de l'Éducation. Elle planifie aussi la formation que les enseignants de maternelle devront recevoir en décembre afin d'être prêts à livrer l'éducation sexuelle dès janvier.

Ces enseignants seront par ailleurs épaulés par Mme Pageau ainsi qu'une infirmière lorsque viendra le temps de donner les ateliers avec les enfants. « Au fond, on travaille en équipe », dit Mme Pageau.

Si les enfants ont la chance d'entendre plusieurs personnes, moi, je vais rejoindre un certain type de personnes avec ma personnalité et avec les mots que j'utilise. Cynthia [l'infirmière] va en rejoindre d'autres. Les enseignants vont en rejoindre d'autres. - Carole Pageau, animatrice de vie spirituelle et d'engagement communautaire.

À son avis, les élèves de la maternelle sont prêts à entendre parler de ces thèmes. Elle cite en exemple le fait que les enfants se posent déjà des questions sur la façon dont ils sont arrivés au monde, notamment quand ils voient naître un petit frère ou une petite soeur.

Les parents bien au fait

La directrice de l'école Barabé-Drouin, Marlene Demers, affirme que le projet pilote d'éducation à la sexualité est bénéfique pour les enfants. Selon elle, l'abolition des cours de formation personnelle et sociale au Québec, au début des années 2000, a été une erreur.

Mme Demers souligne par ailleurs que tous les parents avec des enfants d'âge préscolaire ont été informés, avant même le début de l'année scolaire, qu'il y aurait de l'éducation sexuelle.

Les gens sont ravis. Ils se disent contents parce qu'avec tout ce qu'on entend parler et tout ce qu'il se passe à la télé et dans le monde, on a besoin de parler de sexualité, que nos jeunes soient bien informés. - Marlene Demers, directrice de l'école Barabé-Drouin.

Toutes les personnes qui travaillent au sein de l'établissement – au service de garde, par exemple – ont aussi été informés des apprentissages que feront les enfants, afin de bien pouvoir répondre à leurs questions s'ils devaient en poser à l'extérieur des classes.

Vers le retour des cours d'éducation sexuelle partout?

Comme cela a été fait l'an dernier par les 19 écoles où le projet pilote est en cours, Mme Pageau devra faire un bilan à la fin de l'année scolaire, puis l'expédier au ministère de l'Éducation.

Il appartiendra alors au gouvernement du Québec de déterminer si l'éducation à la sexualité sera de retour dans toutes les écoles du Québec.

Mme Pageau, elle, est sans équivoque. « C'est même nécessaire. Moi, en tout cas, je le souhaite grandement. »

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