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Signaler, c'est protéger?

Signaler, c'est protéger. C'est du moins ce que clament les Centres Jeunesse. Et les éducateurs spécialisés. Et les psychologues. Et les travailleurs sociaux. Et les psychoéducateurs. Ils ont tous le devoir de signaler une situation qui pourrait compromettre la sécurité ou le développement d'un enfant.
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Amanda Magee

Signaler, c'est protéger. C'est du moins ce que clament les Centres Jeunesse. Et les éducateurs spécialisés. Et les psychologues. Et les travailleurs sociaux. Et les psychoéducateurs. Ils ont tous le devoir de signaler une situation qui pourrait compromettre la sécurité ou le développement d'un enfant.

Du côté des citoyens, le devoir de signaler est aussi présent. Chaque membre de la société est tenu de signaler une situation dans laquelle un enfant peut voir son développement ou sa sécurité compromise. Ils ont donc la même responsabilité que les intervenants.

Lorsqu'on parle d'un enfant, on parle d'un mineur, en fait. Donc, d'un être humain âgé entre 0 et 18 ans. Mais on ne le fait pas d'emblée. Pourquoi donc? Parce qu'on craint que notre jugement ne soit pas objectif; on a peur de commettre une erreur, de s'être trompé sur ce qu'on a observé, entendu. D'avoir amplifié la gravité de la situation. Pire : on craint de ne pas se mêler de nos affaires. Parce que cette croyance est solidement encrée en nous : ce qui se passe derrière les portes closes ne nous regardent pas. On ne lave pas son linge sal en public. Chaque famille est responsable de ses enfants. Chacun fait bien ce qu'il veut avec ces derniers.

Or, c'est faux; les enfants ont des droits, eux aussi. Ils ont le droit à la sécurité, au bien-être. Ils ont le droit d'être logés, nourris, habillés. Ils ont le droit d'être aimés, encouragés, épaulés. Ils sont droit au respect, à l'intégrité physique et psychologique. Ils n'appartiennent à personne, sauf à eux-mêmes. Ils sont sous la tutelle de leurs parents, qui doivent s'assure de répondre à leurs besoins; ils ont la primauté de la responsabilité envers leurs enfants. Et les enfants ont besoin d'une société entière pour se faire élever. Pour s'élever.

Malheureusement, il arrive, pour de multiples raisons, que les parents ne soient pas (ou plus) en mesure de répondre adéquatement aux besoins essentiels de leurs enfants - par besoins essentiels, j'entends les besoins physiologiques, mais les besoins de sécurité et d'appartenance, aussi. Ils adoptent des comportements qui pourraient mettre leur enfant en danger. Parfois, même, ils n'adoptent pas certains comportements et c'est cette absence d'agissements qui compromet soit la sécurité ou le développement de l'enfant.

Réalistement, la majorité des signalements reçus au DPJ (Directeur de la protection de la jeunesse) ne concernent pas des parents semblables à la marâtre d'Aurore l'enfant martyre; ils correspondent plutôt à des parents en crise, à bout, qui n'en peuvent plus. Parfois aussi, à des parents qui pensent bien faire mais qui méconnaissent les besoins de leurs enfants. D'autres fois encore, des parents qui vivent une détresse psychologique envahissante depuis si longtemps qu'ils n'arrivent pas à décoder les besoins de leur enfant et ainsi, à y répondre adéquatement.

Alors, en tant que voisin, enseignant, chauffeur d'autobus, commis d'épicerie, gardienne, femme de ménage, intervenant, ami de la famille, membre de la famille, signalez, s'il-vous-plait. Vous protégerez ainsi un enfant et sa famille. Le but n'est pas de faire un signalement contre la famille mais pour la famille. Ce sera ensuite au DPJ de prendre une décision; ce n'est pas à vous de la prendre. Le DPJ ne viendra pas chercher l'enfant par le gras du cou en flagellant les parents. Il viendra dans la famille, recueillera la version des faits de tout le monde, prendra une décision. Peut-être entamera-t-il une intervention, qui visera à outiller les parents, afin qu'ils puissent à nouveau répondre aux besoins de leur enfant. Et afin que le DPJ puisse partir la tête tranquille.

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