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S'inspirer du modèle hongkongais pour résoudre la crise ukrainienne

L'apparition de la crise dans l'est de l'Ukraine peut s'analyser comme une tentative de la Russie de dévier l'attention de la communauté internationale de la Crimée
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Le traité concédant le territoire de Hong-Kong aux autorités britanniques pour une durée de 99 ans, un modèle de résolution possible de la crise ukrainienne?

Alors que le coût politique et économique du conflit dans l'est de l'Ukraine ne cesse d'augmenter (sans évoquer les souffrances endurées par les populations vivant dans l'est de l'Ukraine et, dans une moindre mesure, en Crimée), la nécessité de trouver une solution à la crise ukrainienne devient de plus en plus pressante. Dans cette brève contribution à la recherche d'une solution, je propose d'envisager entre la Russie et l'Ukraine la signature d'un bail comparable à celui ayant conduit à la cession territoriale de l'île de Hong Kong au Royaume Uni pour une durée de 99 ans entre 1898 et 1997.

En résumé, l'apparition de la crise dans l'est de l'Ukraine peut s'analyser comme une tentative de la Russie de dévier l'attention de la communauté internationale de la Crimée, annexée quelques semaines auparavant, et d'utiliser cette crise comme outil de négociation en vue, au final, que les concessions faites aux autorités ukrainiennes et aux gouvernements occidentaux sur l'est de l'Ukraine s'accompagnent de la reconnaissance par ces dernières de la souveraineté russe sur la Crimée.

Il semble d'ailleurs que cet objectif ait été plus ou moins atteint dans la mesure où la question de la Crimée est désormais absente de la table des négociations.

Pour autant, la situation qui en résulte n'est satisfaisante pour personne, puisqu'elle s'accompagne d'une dégradation de la situation économique de la Russie sous l'effet des sanctions occidentales, d'une chute du prix du pétrole et d'une dévaluation du rouble à hauteur de 40% de sa valeur.

Au contraire, la solution proposée dans cet article pourrait être de nature à garantir au mieux les intérêts de l'ensemble des parties impliquées.

Ainsi, si l'on imaginait que la Russie et l'Ukraine puissent s'entendre pour signer un traité prévoyant que la Crimée reste sous juridiction russe pour une période donnée (longue), par exemple 99 ans, quelles en seraient les bénéfices?

Tout d'abord, un gain politique et économique pour l'Ukraine

Actuellement, il est devenu évident pour les autorités ukrainiennes que la Crimée est perdue et qu'il ne sera pas possible, au moins dans un avenir proche, de la récupérer. La signature d'un tel traité avec la Russie permettrait au président Porochenko de sauver la face et de passer d'une situation de pure perte à celle d'un bail concédé à la Russie, assorti d'une date butoir.

En échange de cette acceptation formelle d'une juridiction temporaire de la Russie sur la Crimée, les autorités ukrainiennes pourraient obtenir des concessions économiques de la part de cette dernière (par exemple, des tarifs préférentiels pour l'accès aux ressources énergétiques russes pendant la période du bail).

Ensuite, un gain politique et économique pour la Russie

Un accord formel sur un bail de 99 ans permettrait avant tout à la Russie d'obtenir la reconnaissance internationale de sa souveraineté sur la Crimée, ce qui mettrait fin aux différentes sanctions subies par la Crimée et ses autorités. Pour autant, cela n'entamerait pas le crédit dont bénéficie la Russie auprès de la population russe de Crimée ni son soutien indéfectible au gouvernement de Vladimir Poutine.

Dans le même temps, dans la mesure où un tel accord s'accompagnerait de concessions russes quant au respect de la souveraineté ukrainienne sur la partie orientale de l'Ukraine, il pourrait être mis fin aux sanctions occidentales sur la Russie. En effet, si l'on part du présupposé que la politique russe dans cette région n'a d'autre but que la sécurisation de la souveraineté russe sur la Crimée, une fois la reconnaissance de cette souveraineté acquise par le biais d'un bail emphytéotique, tout laisse accroire que de telles concessions suivraient. La fin des sanctions aiderait ainsi la Russie à combattre le risque de récession et, à plus long terme, de déclin économique, auquel elle doit faire face.

En troisième lieu, un gain politique et économique pour les puissances occidentales

A cet égard, il est évident que la fin d'un conflit armé au cœur de l'Europe aurait des répercussions positives pour les pays occidentaux non seulement en termes politiques et de sécurité, mais aussi en termes économiques, compte tenu de l'importance du marché russe et de la forte demande des consommateurs russes vis-à-vis des produits d'importation en provenance de l'Union européenne.

Compte tenu de l'ensemble des gains susceptibles d'en résulter, il semble que la solution proposée ici pourrait être mise en avant par les leaders occidentaux dans le cadre de leurs négociations avec la Russie et l'Ukraine.

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