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Sommet USA-Afrique: beaucoup d'invités, peu d'exclus malgré les droits de l'homme

Sommet USA-Afrique: beaucoup d'invités, peu d'exclus malgré les droits de l'homme

Ils devraient être une cinquantaine sur la photo de famille du sommet USA-Afrique. Seuls quatre pays seront exclus de la fête et plusieurs dirigeants fouleront le tapis de rouge à Washington malgré de mauvais bilans en matière de démocratie et de droits de l'homme.

Pour justifier la décision d'inviter la quasi totalité des leaders africains la semaine prochaine pour cette première dans l'histoire des Etats-Unis, Washington s'abrite derrière le paravent de l'Union africaine et du droit américain et international.

Selon le credo de la Maison Blanche, "le président Barack Obama a invité tous les chefs d'Etat ou de gouvernement africains en bons termes avec les Etats-Unis et l'Union africaine". En clair, les pays exclus de l'organisation pan-africaine et sous le coup de sanctions américaines et ou internationales n'ont pas été conviés.

Le Soudan, le Zimbabwe, l'Erythrée et la République centrafricaine trouveront donc porte close au sommet.

De fait, Khartoum et Harare sont sous sanctions de Washington, rappelle-t-on au département d'Etat.

En outre, le président soudanais Omar el-Béchir, qui vient de célébrer les 25 ans de son coup d'Etat, fait l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dans le conflit du Darfour. Son homologue zimbabwéen Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, est aussi l'un des pestiférés de la communauté internationale.

L'Erythrée est également sanctionnée par l'ONU, notamment pour violations des droits de l'homme. Quant à la RCA, en guerre civile et dirigée par une présidente de transition, elle reste au ban de l'UA.

Aux yeux de Richard Downie, directeur adjoint du programme Afrique au Center for Strategic and International Studies (CSIS), les Etats-Unis ont voulu faire de leur sommet "un évènement rassemblant le plus grand nombre, avec peu de lignes rouges" comme critères d'exclusion.

Washington "ne veut pas que ce sommet soit accaparé par un débat sur +qui vient et qui ne vient pas+", explique l'expert à l'AFP, comme lors du sommet UE-Afrique en avril boycotté par le Zimbabwe.

Les Américains ont préféré adopter "une approche légaliste" et "pragmatique" permettant ainsi à "certains dirigeants de pays aux terribles bilans en termes de gouvernance de se faire dérouler le tapis rouge", constate M. Downie.

De fait, la Guinée équatoriale, le Cameroun, l'Angola ou le Rwanda des indéboulonnables présidents Teodoro Obiang Nguema, Paul Biya, Eduardo dos Santos et Paul Kagame devraient être accueillis à bras ouverts.

Ce qui fait s'étrangler l'organisation Human Rights Watch pour le cas de la Guinée équatoriale. Une porte-parole, Lisa Misol, a réclamé au président Obama d'"insister pour qu'il soit mis fin à la pratique de la torture, à la corruption et à d'autres abus qui sont monnaie courante en Guinée équatoriale".

Le département d'Etat a d'ailleurs dénoncé ce pays dans son dernier rapport mondial sur les droits de l'homme, l'une des priorités de l'administration Obama, notamment pour le "recours à la torture".

L'Ouganda du président Yoweri Museveni, un allié des Etats-Unis, sera aussi le bienvenu, malgré des sanctions américaines prises en juin - après le lancement des invitations au sommet - en réaction à une loi réprimant l'homosexualité.

Dresser une liste d'invités à un sommet s'apparente toujours à "un jeu d'équilibriste", reconnaît Tara Sonenhine, une ancienne cadre du département d'Etat, professeur à l'université George Washington.

Car il y a eu aussi les conviés de dernière minute.

L'Egypte, alliée fondamentale des Etats-Unis, avait été d'abord écartée en raison du coup d'Etat de juillet 2013 contre le président islamiste élu Mohamed Morsi et la terrible répression de ses partisans.

Mais le 14 juillet dernier, après la réintégration du Caire au sein de l'UA, la Maison Blanche a changé d'avis et invité le nouveau président Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier toutefois ne viendra pas, selon un responsable américain. Le roi du Maroc Mohammed VI sera également absent.

Les Américains se sont aussi ravisés pour la Guinée-Bissau, réadmise à l'UA après le retour de la démocratie. Même récompense en mai pour Madagascar, pendant cinq ans au ban de la communauté internationale.

"C'est mieux d'avoir tout le monde dans la même pièce (...) afin d'encourager les pires délinquants à s'améliorer", défend M. Downie.

La grande prêtresse du sommet, la conseillère à la sécurité nationale du président Obama, Susan Rice, a promis "le soutien sans complexe" de l'Amérique à "la démocratie et aux droits de l'homme" en Afrique.

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