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Son histoire, mon chemin

SANTÉ - Le VIH continue de prélever son tribut parmi les plus vulnérables parce que la violence fondée sur le genre, l'absence de perspectives d'avenir et la discrimination créent un environnement dans lequel l'épidémie peut faire son lit. L'espoir de mettre fin à l'épidémie de VIH est réel, car des personnes comme Nicolet se lèvent chaque matin et font le choix de refuser le monde dont elles ont hérité. Elles travaillent avec acharnement à un monde où les possibilités et l'égalité se diffusent plus rapidement que n'importe quelle maladie.
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SANTÉ - Comme beaucoup d'entre nous, j'ai grandi en croyant certaines choses acquises : vivre dans une jolie maison, aller à l'école et recevoir une éducation, faire la fête et sortir avec les garçons, ou encore, choisir un emploi qui me plaise.

La maturité aidant, j'ai compris que toutes les filles et tous les garçons n'ont pas pour horizon une vie emplie de possibilités et de perspectives.

Lorsque j'ai rencontré Nicolet à Grabouw, un township situé à une heure à peine de la ville du Cap, en Afrique du Sud, je me suis retrouvée face à sa réalité - une histoire qui fait écho à celle de milliers de jeunes femmes qui lui ressemblent. C'est une histoire de survie ; une histoire qui mérite d'être racontée.

Nicolet a connu une enfance dont la difficulté devait autant à un parent alcoolique qu'à la pauvreté. En manque d'affection et avide d'une vie meilleure, Nicolet a rencontré son premier petit ami alors qu'elle avait 13 ans. Il en avait 19. Là où elle est née, plus de 2 000 jeunes femmes et filles sont infectées par le VIH chaque semaine. Pourtant, personne dans sa communauté ne fait jamais allusion ni à la sexualité ni au VIH. En fait, dès que l'on sait qu'une personne est malade, elle est souvent rejetée par sa propre famille. De plus, les gens ne se font pas dépister par crainte du résultat, alors même que le dépistage et les médicaments sont disponibles gratuitement. C'est ainsi que lorsque Nicolet et son premier petit ami ont commencé à avoir des rapports intimes, elle ne savait pas qu'il était séropositif.

À 17 ans, Nicolet s'est retrouvée enceinte et son petit ami l'a quittée. Trois ans plus tard, elle est tombée malade et a décidé de demander un dépistage du VIH. Les résultats sont revenus positifs pour elle et son fils. Aujourd'hui encore, le père de son enfant refuse le dépistage, malgré le fait que Nicolet insiste pour dire que c'est bien lui qui l'a infectée.

Les moments passés avec Nicolet ont marqué, pour moi, le début d'un nouveau voyage pour comprendre le rôle que je pouvais jouer dans l'un des enjeux majeurs de notre génération - mais aussi l'une de ses plus grandes possibilités : mettre fin à l'épidémie de sida. La bonne nouvelle, c'est que les choses évoluent bien plus aujourd'hui qu'à aucun autre moment dans le passé. Les programmes soutenus par le partenariat du Fonds mondial et la solidarité internationale sauvent des millions de vies en empêchant de nouvelles infections et en veillant à ce que chaque jour qui passe, de nouveaux patients soient mis sous traitement. Pourtant, la perspective d'en finir une bonne fois pour toutes avec l'épidémie ne deviendra réalité que si nous faisons en sorte, en premier lieu, que le VIH cesse de s'attaquer de façon disproportionnée aux jeunes femmes et aux filles. Cette réalité qui donne à réfléchir se vérifie avec une évidence marquante en Afrique subsaharienne, où les jeunes femmes et les filles courent deux fois plus de risques de contracter le VIH que leurs homologues masculins.

L'histoire de Nicolet, bien trop banale, relate le début d'un cercle vicieux qui requiert notre attention. La solution est loin d'être simple, mais nous devons commencer à admettre les liens étroits qui unissent l'éducation, la responsabilisation, les possibilités et la santé. Une fille qui suit un enseignement secondaire jusqu'à son terme est moins susceptible de se marier tôt, de tomber enceinte tôt ou d'être infectée par le VIH. Les jeunes femmes doivent envisager un avenir pour elles-mêmes qui fasse la part belle à la sécurité et ne doive rien aux hommes. Le VIH continue de prélever son tribut parmi les plus vulnérables parce que la violence fondée sur le genre, l'absence de perspectives d'avenir et la discrimination créent un environnement dans lequel l'épidémie peut faire son lit. C'est cela que j'ai appris à Grabouw.

Ce qui m'a le plus inspirée dans l'histoire de Nicolet, c'est que, malgré le sort qui s'acharnait sur elle, elle n'a pas abandonné. À 26 ans, elle est aujourd'hui mère et institutrice maternelle. Elle consacre son énergie à changer sa communauté et à donner à la génération de son fils et de ses élèves les moyens d'échapper aux difficultés qu'elle a connues adolescente. Elle ne cache pas sa séropositivité et souhaite amener ses pairs à se protéger et à solliciter de l'aide en cas de besoin.

L'espoir de mettre fin à l'épidémie de VIH est réel, car des personnes comme Nicolet se lèvent chaque matin et font le choix de refuser le monde dont elles ont hérité. Elles travaillent avec acharnement à un monde où les possibilités et l'égalité se diffusent plus rapidement que n'importe quelle maladie. Nous avons une responsabilité envers les générations futures de jeunes femmes de veiller à ce que cette vision devienne une réalité.

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