Le 30 août 2010, la comédienne bien aimée du public, Pauline Lapointe, est décédée, entourée de ses proches.
Parmi eux se trouvait sa sœur jumelle, Louise Portal, qu’elle n’avait pas vue depuis des années. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, la comédienne et écrivaine publie le récit de leurs déchirements et de leurs réconciliations.
Un livre composé de courts chapitres et de photos évoquant six décennies de relation, où l’amour a côtoyé l’abandon, l’incompréhension, la complicité et l’éloignement. Une œuvre intime, sobre et poignante.
L’écriture du chagrin a permis à Louise Portal de se purifier. De sa relation gémellaire en montagnes russes, du deuil et des dernières années à vivre sans celle avec qui elle est venue au monde. « J’ai beaucoup pleuré en l’écrivant, mais aujourd’hui, je suis rendue ailleurs. Quand on surmonte toutes les émotions négatives d’une épreuve, on garde le bon, qui existe en toute chose, et les écueils deviennent comme un cadeau, car un apprentissage a été fait », révèle l’auteure en entrevue à l’Hôtel Gault.
« Par la suite, j’ai voulu m’assurer que le texte puisse avoir une portée chez les gens, sinon c’aurait été un exercice de cheminement dans le deuil et je ne l’aurais pas publié. Avec le livre, je veux encourager la réconciliation des cœurs. »
Cinq ans après avoir retrouvé sa sœur en terres pacifiées par une mort annoncée, la comédienne expose sans filtre – mais sans vouloir régler de comptes – les années où elle s’est sentie bannie et rejetée par Pauline. Une relation trouble qui semble avoir débuté dès la mise au monde des jumelles, alors que Louise a quitté la matrice la première, laissant sa sœur derrière.
« Dans la vie, on est tous titulaires d’une blessure originelle. Pauline, c’était l’abandon. Chaque fois qu’elle était abandonnée par un projet professionnel, un ami, un amoureux ou lorsque j’ai quitté Chicoutimi à 19 ans pour étudier au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, c’était terrible pour elle. Elle avait beaucoup de difficulté à traverser cette épreuve. Pauline était une âme fragile. Je crois qu’elle m’a été donnée comme je lui ai été prêtée pour franchir des étapes de vie », souligne l’écrivaine avec la voix qui casse et des yeux voilés de larmes.
Outre la place occupée par l’abandon, aussi intangible que brutal, le jeu des comparaisons s’est immiscé entre les deux sœurs. Comparaisons sur le poids et l’apparence, alors qu’elles étaient toutes deux reconnues pour leur beauté. Sur le métier tant désiré par l’une et pratiqué par l’autre dans la jeune vingtaine. Ou sur la vie amoureuse de Louise qui mettait en relief le manque de Pauline.
« Je ne crois pas que Pauline était jalouse que je vive cet amour avec mon conjoint Jacques. Elle était heureuse pour moi. Mais nous étions le miroir de l’amour serein auquel elle aspirait. Comme elle n’était pas capable de l’avoir, elle s’isolait et se renfermait sur elle. Elle avait une âme blessée. »
Dépressive, désespérée par l’amour, éventuellement désabusée par son métier d’actrice qu’elle n’aimait plus, Pauline Lapointe était pourtant reconnue par le grand public pour son grand sourire, son extravagance et son humour.
« Pauline, c’était un clown triste. Quand elle sortait, elle se maquillait, s’habillait et se bijoutait pour séduire. Elle avait toujours la bonne réplique, l’humour et le timing de feu. Les gens vont probablement être surpris de la découvrir ainsi. »
Un jour à la fois, une année à la fois, Louise Portal continue d’apprendre à vivre sans sa sœur. « Je suis plus proche d’elle aujourd’hui. On est dans une dimension beaucoup plus facile, spirituelle. Écoute, un livre porte nos deux noms, Pauline et moi. On finit comme on a commencé nos vies : collées. »
Le livre « Pauline et moi » est présentement en librairies. Cliquez ici pour plus de détails. La comédienne Louise Portal sera également à l’affiche du film Paul à Québec, en salles dès le 18 septembre. Visionnez la bande-annonce ici
INOLTRE SU HUFFPOST
