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«Streamers»: immersion dans le monde mystérieux de Twitch

Ça vous semble étrange, qu'on puisse regarder en direct des gens jouer à des jeux vidéo? Mais alors... pourquoi regardez-vous le hockey? 😉
La streameuse Missesmae, une des 14 protagonistes de la web-série documentaire «Streamers», produite par l'ONF.
ONF
La streameuse Missesmae, une des 14 protagonistes de la web-série documentaire «Streamers», produite par l'ONF.

«Voyez-moi comme une artiste de rue, sauf qu'il s'agit de jeux vidéo en ligne», résume la «streameuse» américaine Missesmae, qui compte 113 000 abonnés sur sa chaîne Twitch.

C'est dans cet univers mystérieux et connu surtout pour les mauvaises raisons que nous emmène le réalisateur Guillaume Braun, avec sa web-série documentaire Streamers, diffusée à partir d'aujourd'hui par l'Office national du film (ONF).

Twitch, c'est une plateforme où des «streamers» diffusent en direct leurs performances à des jeux vidéo. Vous pouvez commenter en temps réel leurs performances. Et si cette pratique peut sembler étrange pour certaines personnes, sachez que c'est un phénomène qui attire 15 millions d'utilisateurs uniques chaque jour, et plus de 100 millions par mois. On connaît peut-être plus le côté sombre de la plateforme, notamment la dépendance au jeu en ligne et la détresse que peuvent vivre des accros de Twitch, mais on connaît moins les humains qui sont derrière cette plateforme dont les chiffres ne font que croître.

Quatre ans d'immersion

C'est ce qui a donné envie au réalisateur Guillaume Braun, qui se définit lui-même comme un geek de 39 ans «qui joue encore aux Lego», de dresser un portrait de ce phénomène mondial. «Streamers», c'est le fruit de quatre ans de travail pendant lesquels le réalisateur a navigué sur cette plateforme avec son avatar, «Will».

Le réalisateur Guillaume Braun
Catherine Marois
Le réalisateur Guillaume Braun

«C'est une culture qui est assez sous-représentée, souligne-t-il. On voit parfois des pointes dans les médias, mais ça concerne surtout des aspects sensationnalistes. Moi, je voulais voir qui sont les gens derrière ce phénomène-là, quand l'eau est calme et qu'il n'y a pas de remous.»

La série de quatre épisodes d'environ 10 minutes chacun nous présente donc 14 «streamers», qui gagnent maintenant leur vie grâce à leur chaîne Twitch. Les entrevues ont été tournées avec le matériel que les «streamers» utilisent pour diffuser leurs performances.

«Je voulais garder la texture du streaming, et que ceux qui regardent la série aient l'impression que le ''streamer'' leur parlent à eux, et non au documentariste», explique Guillaume Braun.

Mais... pourquoi?

«Mais pourquoi je regarderais des gens jouer à des jeux vidéo?» Voilà assurément la question que les «streamers» se font le plus souvent poser par les non-initiés.

La streameuse Missesmae qui meurt en direct, sur Twitch, dans la web-série «Streamers».
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La streameuse Missesmae qui meurt en direct, sur Twitch, dans la web-série «Streamers».

«Pourquoi regardez-vous le hockey? réplique Guillaume Braun. Le meilleur parallèle que je pourrais faire, ce sont les gens qui regardent RDS. Les analystes peuvent parler pendant trois heures de la partie qui s'en vient, et encore toute la soirée après. On va écouter tel commentateur parce qu'on le trouve drôle.»

La série nous fait découvrir des humains attachants, derrière ces «streamers» qui sont devenus des véritables stars sur Twitch. Ce qui a le plus impressionné le réalisateur, c'est d'ailleurs la lucidité dont ils font preuve.

«Je ne sais pas ce que je ferai quand j'aurai 65 ans, se demande AvaGG, une Canadienne qui compte 365 000 abonnés. J'aimerais continuer de faire du streaming, mais il y en aura probablement beaucoup d'autres plus jeunes, plus jolies et plus drôles que moi!»

Il faut dire que ces «streamers» gagnent leur vie avec leurs performances sur Twitch. Car la plateforme fonctionne beaucoup selon le principe du socio-financement. Les utilisateurs paient un montant mensuel pour s'abonner à une chaîne, et peuvent aussi faire des dons en tout temps. Il n'est pas obligatoire de payer pour voir du contenu, mais les abonnés le font parce qu'ils aiment le «streamer» et veulent l'encourager, peut-être même avoir sa reconnaissance en direct! Et quand le «streamer» commence à avoir beaucoup d'abonnés, il entre dans une autre ligue, où le monde de la commandite s'ouvre à lui.

Mais c'est un univers qui comporte beaucoup de côtés sombres. Tous les «streamers» interrogés dans ce documentaire témoignent de la difficulté qu'ils ont à quitter leur écran, ne serait-ce que pour prendre une seule journée de congé, par peur de devenir désuet.

«En fait, ils ont les mêmes problèmes que tous les artistes, mais à une vitesse grand V, accentuée par l'échange en temps réel», ajoute Guillaume Braun.

Imaginez par exemple devoir gérer des trolls et répondre à des attaques, alors que vous êtes diffusé en direct.

D'ailleurs, la plateforme a tellement évolué ces quatre dernières années, que le réalisateur a souvent repoussé la date de sortie de sa série, parce que les choses bougeaient trop vite et qu'il avait peur que son oeuvre soit désuète.

«La mouvance continue, et c'est difficile à capturer. Je dis souvent qu'une année sur le web, c'est l'équivalent de sept années dans la vraie vie, ce sont des années de chien! Alors le documentaire a déjà 28 ans! Il s'en est passé des choses!»

La web-série Streamers est disponible dès maintenant sur YouTube et sur Facebook.

À voir aussi: notre série «Gamers, la rage de jouer»

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