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Le streaming va t-il sauver l'industrie musicale?

Après un beau retard à l'allumage, les offres de streaming musical, type Deezer ou Spotify, semblent enfin arriver à maturité. En tout cas lesdu Web y croient, biens conscients de la hausse de la demande de la part des internautes pour du contenu de qualité.
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Le streaming va t-il réussir à sauver une industrie musicale en mal de succès depuis l'explosion du boom numérique? Après un beau retard à l'allumage, les offres de streaming musical, type Deezer ou Spotify, semblent enfin arriver à maturité: avec un nombre d'abonnés en constante augmentation et un modèle économique plus affiné, ces services pourraient enfin compenser, au moins en partie, la baisse de ventes de musique sur supports physiques (CD, cassette ...). En tout cas les majors du Web y croient: Google, Apple et Twitter ont chacun annoncé durant l'été leur service de streaming musical.

Des revenus du streaming en hausse

Les pays nordiques sont-ils les nouveaux pionniers de la diffusion numérique? Avec plus de la moitié du chiffre d'affaire (57%) du marché de la musique réalisé via le streaming, la Suède montre que le pari de l'écoute en ligne peut trouver son public... mais aussi générer de l'argent: une affirmation pas si évidente dans un contexte où ces offres ont longtemps cherché un modèle économique viable. Si en Suède le marché du streaming a progressé de 12% entre 2011 et 2012, la Norvège connait une évolution similaire (+17%): des chiffres scrutés et attendus depuis des années par une industrie musicale en mal de réussite depuis l'essor d'Internet et la baisse de ventes de CD.

Après la chute vertigineuse des ventes de musique sur supports physiques (CD, cassette, vinyle ...), l'industrie musicale n'a pas vraiment été épargnée: le boom du téléchargement illégal ainsi que l'émergence des offres d'écoutes gratuites financées par la seule publicité ont pu faire croire à tort que la musique ne valait rien. En bout de chaîne les artistes en ont été les principales victimes. Aujourd'hui les offres numériques semblent enfin arriver à maturité: le téléchargement légal avec des offres type iTunes, mais surtout le streaming qui possède le meilleur relais de croissance. Pour preuve le million d'exemplaire vendus sous forme numérique du dernier album de Daft Punk. En France par exemple, les parts du streaming dans les revenus numériques sont ainsi passés de 36% à 42% se rapprochant du téléchargement légal qui connaissait lui un léger fléchissement (de 51% à 50%). Si les ventes physiques restent majoritaires en France, elles continuent leur déclin (412 à 363 millions d'euros de CA entre 2011 et 2012), contrairement aux ventes numériques (110 à 125 millions d'euro sur la même période).

Google, Apple, Twitter lancent leur service de streaming

Bien conscient du rôle incontournable des offres de streaming dans la nouvelle économie numérique, la plupart des majors du Web se sont lancés dans la course. Début août, Google a ainsi lancé en France son offre (Google Play Music All Access) au même moment que Twitter (Twitter Music relié à iTunes) alors qu'Apple annonçait en juin le lancement de sa webradio (iTunes Radio). Une nouvelle concurrence qui fait face aux offres déjà bien établies comme celles de Deezer, Spotify ou Pandora. Il n'empêche, les géants américains comptent bien utiliser au maximum les synergies entre leurs différents services pour attirer des utilisateurs: Google peut ainsi attirer ses abonnés de Google+ ou Gmail vers son Google Play Music All Access.

Derrière ces lancements, un objectif: convertir un maximum d'utilisateurs vers des offres payantes. Si les offres "tout gratuit tout illimité" continuent de perdurer sur les offres de streaming, comme chez Deezer ou Spotify, elles ont montré leurs limites en termes de modèle économique. Des offres, financées par la seule publicité, qui ne leur ont pour le moment pas permis d'être rentables, que ce soit pour le site de diffusion (Spotify perd toujours de l'argent, malgré son succès), mais aussi pour les artistes ou le label. Ces offres gratuites sont devenues une sorte de produit d'appel vers des offres payantes dites "premium", bien plus rémunératrices où l'abonné paye un abonnement compris entre 5 et 10 euros par mois. Si les sites de streaming génèrent logiquement plus de revenus avec ce type d'offres, c'est aussi le cas de toute la chaîne de création. On estime qu'un artiste et son label touchent trois fois plus lorsque l'écoute s'effectue sur une offre "premium", plutôt que sur une offre gratuite (2 cents contre moins d'une cenne). Un processus de conversion de ses auditeurs, qui commencent à porter ses fruits: Spotify compte aujourd'hui 6 millions d'abonnés payants contre 4 millions pour Deezer.

Vers une revalorisation du contenu?

En lançant leurs offres de streaming, les géants américains sont bien conscients de la hausse de la demande de la part des internautes pour du contenu de qualité. Un contenu culturel (musique, film ...) qui n'a jusqu'à présent pas permis à l'industrie de la création d'être rétribuée à sa juste valeur: ces contenus sont pourtant le carburant des plateformes de diffusion. Ce partage de la valeur numérique s'est jusqu'à présent faite au bénéfice des Google, Facebook ou Apple et au détriment de la création culturelle (artiste, producteur ...). Cette demande de la part du public pour du contenu de qualité liée à l'essor des offres premium et à la diminution du piratage pourrait annoncer un nouveau partage de la valeur plus équilibré entre les différents acteurs du numérique: une création culturelle qui pourrait ainsi négocier à la hausse ses revenus avec les majors américaines.

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