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Ça me tape sur le système

Trop souvent, les barrières de l'accès aux services sont tellement hermétiques, qu'on a le temps de mourir ou parfois, de guérir avant de recevoir une réponse.
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Est-ce nécessaire d'inventer et d'ajouter continuellement des procédures et règles qui entravent le fonctionnement du système? En passant, le «Petit Larousse» définit un système comme suit: «Ensemble de méthodes ou procédés destinés à... produire un résultat».

Allo les résultats! Pensons un instant au système de la santé, exemple flagrant d'inefficacité chronique où les procédures pullulent, ce qui n'empêche cependant pas certaines personnes de contourner parfois le système.

Nous avons appris récemment que le médecin qui a obtenu le salaire le plus élevé au Québec opère, c'est le cas de le dire, comme chirurgien dans une métropole, La Sarre en Abitibi dont la population s'élevait à 7 719 personnes selon le recensement de 2011. Il a reçu 1,5 million de dollars l'année dernière.

Pour en arriver à profiter du système à ce point, il a fallu que des composantes du système ne jouent pas leurs rôles adéquatement. Ces abus se sont produits parce que la direction du centre hospitalier n'a pas géré la situation en acceptant que la salle d'opération pourtant disponible le jour soit utilisée par ce toubib le soir, la nuit et la fin de semaine pour lui permettre d'arrondir ses revenus de façon indue.

Pendant ce temps-là, le centre hospitalier payait des heures supplémentaires au personnel qui l'accompagnait lors de ses interventions chirurgicales sur les patients et dans le budget de l'établissement hospitalier.

Et la RAMQ pourtant responsable de veiller au contrôle des frais médicaux n'a rien vu. Pendant qu'elle s'assurait que votre pharmacien n'obtenait pas pour vous un remboursement de sa part pour un médicament plus dispendieux que le générique, elle ne voyait pas les sommes astronomiques réclamées par ce médecin. Et il semble que cela a duré environ neuf ans avant que Radio-Canada nous le fasse savoir.

Trop souvent, les barrières de l'accès aux services sont tellement hermétiques, qu'on a le temps de mourir ou parfois, de guérir avant de recevoir une réponse.

Est-ce que l'omniprésent et contrôlant Gaétan Barrette était conscient de cette situation lorsqu'il négociait au nom de la Fédération des médecins spécialistes du Québec pour améliorer les revenus des membres de la fédération qu'il présidait? En était-il conscient dans son poste actuel de ministre de la Santé? Il faut réaliser que d'intervenir aurait pu impliquer de mettre une limite au revenu maximum pour un médecin, rôle que son premier ministre et lui retrouveront un jour.

Pourquoi faire ça simple quand cela peut être compliqué? C'est ce que ressentent plusieurs personnes lorsqu'elles doivent attendre un rendez-vous avec un médecin spécialiste, une convocation à un examen demandé par un médecin et ensuite pour les résultats de ce même examen. Plusieurs vous diront qu'une fois entré à l'hôpital, le service est exemplaire, mais le défi est de traverser les barrières de l'urgence.

Trop souvent, les barrières de l'accès aux services sont tellement hermétiques, qu'on a le temps de mourir ou parfois, de guérir avant de recevoir une réponse. C'est un peu ce qui est arrivé à cette dame qui a reçu récemment un appel téléphonique de l'Hôpital de Saint-Eustache pour un rendez-vous en gastro-entérologie neuf ans après l'avoir demandé. Ce n'est pas un cas isolé, mais probablement le plus spectaculaire. Moi-même, j'ai reçu cette semaine un appel téléphonique d'un autre centre hospitalier pour me convoquer à un rendez-vous avec un orthopédiste, deux ans après en voir fait la demande. Belle conséquence de la stratégie qui semble en vigueur, «Hâtons-nous... lentement!»

Je ne crois pas que les travailleurs de la santé soient de mauvaise volonté. Je crois cependant que le système est ainsi conçu que les étapes et les rapports statistiques se sont multipliés au point où on en est venu à oublier l'objectif principal, soit de soigner les malades et de mettre fin à la souffrance. Or, attendre, c'est comme vivre le calvaire sans être crucifié.

Il est donc crucial de revenir au point de départ pour réviser l'organisation du travail et mettre fin aux caprices de certaines «prima donna» qui veulent se faire traiter comme des rois ou des reines et aussi faire cesser le tatillonnage des syndicats. La solution n'est pas d'augmenter le nombre d'acteurs dans le système, mais de simplifier le système en plus d'éliminer les luttes de pouvoir.

Chacun de nous se doit d'identifier si cela nous tape sur le système... nerveux ou digestif, et pendant combien de temps nous accepterons que cela se poursuive.

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Mai 2017

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