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Lorsque des programmes aussi coûteux ont moins de chance de succès qu’une partie de pile ou face, c’est signe qu’il est temps d’en réévaluer la pertinence.
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Personne n’a gagné. Nous avons collectivement perdu.
CP/Ryan Remiorz
Personne n’a gagné. Nous avons collectivement perdu.

La fin de Téo Taxi n'est pas quelque chose à célébrer. Mardi dernier, plus de 400 travailleurs québécois qui ont perdu leur emploi, les contribuables québécois ont perdu des dizaines de millions de dollars via les placements de la Caisse de dépôt et d'Investissement Québec, et le Québec a perdu un autre membre du Québec Inc. Personne n'a gagné. Nous avons collectivement perdu.

S'il y a un reproche que l'on peut faire au gouvernement, c'est plutôt de ne pas avoir arrêté l'hémorragie plus tôt. Avec du recul, c'est toujours plus facile de critiquer.

Certains diront que le gouvernement aurait dû y mettre davantage de notre argent, mais c'est une bonne chose qu'il ait fermé le robinet puisque tous les signes indiquaient que cette entreprise ne serait pas viable. S'il y a un reproche que l'on peut faire au gouvernement, c'est plutôt de ne pas avoir arrêté l'hémorragie plus tôt. Avec du recul, c'est toujours plus facile de critiquer.

L'épisode de Téo et toute la grogne qui a entouré les multiples subventions démontre bien une chose cependant: les Québécois sont tannés de voir leurs taxes et leurs impôts être pariés sur un projet ou un autre. Si nous payons des taxes et des impôts, c'est pour obtenir des services, pas pour financer les rêves de «l'entrepreneur du moment».

Comme beaucoup d'autres, Alexandre Taillefer s'est maintes fois défendu que cet argent lui revenait de droit. Tristement, les programmes de subvention entretiennent ce mythe. La volonté de nos gouvernements de subventionner à gauche, à droite, au centre et aux extrêmes, juxtaposée au manque de transparence des ententes de subventions, a créé ce sentiment toxique chez une élite corporative à effet que l'accès aux fonds publics est un droit et non un privilège.

Nous devons demander des réformes

Le gouvernement devrait commencer par exiger davantage de transparence dans l'ensemble du processus. Présentement, les modalités des ententes de subventions sont gardées secrètes. Les contribuables qui sont forcés de participer à ce financement ne peuvent pas connaître les détails de chaque subvention versée.

Si les Québécois se retrouvent forcés à financer certaines entreprises, la moindre des choses serait qu'en retour ils aient droit de savoir ce pour quoi ils ont payé.

Pour ce faire, le gouvernement du Québec devrait s'inspirer de ce qu'a fait la Ville de Montréal à l'automne dernier et exiger que les entreprises subventionnées se soumettent à la Loi sur l'accès aux documents tant et aussi longtemps qu'elles n'auront pas remboursé les sommes versées par les contribuables. En ajoutant ce critère de transparence, l'on ne présente plus la subvention comme un droit, comme un cadeau du ciel, mais bien comme un privilège qui a ses conditions.

Dans un deuxième temps, le gouvernement doit réévaluer la pertinence de ses programmes de subventions. D'un point de vue philosophique, nous pouvons douter de la pertinence d'un programme qui prend de l'argent à l'ensemble de la population afin de le mettre au profit de nos citoyens les mieux nantis. Il semble que certaines personnes au gouvernement ont mal compris l'histoire de Robin des Bois.

Certains rétorqueront que ces subventions aident à développer notre économie, mais est-ce vraiment le cas?

Selon une étude de l'économiste canadien John Lester, ce n'est pas le cas. Sur les 29 milliards de dollars dépensé en subventions à travers le pays, l'impact économique plus de 60% des sommes versées en subventions serait nul ou négatif. Lorsque des programmes aussi coûteux ont moins de chance de succès qu'une partie de pile ou face, c'est signe qu'il est temps d'en réévaluer la pertinence.

Malheureusement, tant et aussi longtemps que nous ne sabrerons pas dans notre régime de subventions, nous continuerons de perdre gros avec d'autres Téo.

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