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«The Co(te) lette film» de Mike Figgis au festival Cinédanse: la charge émotive des corps (VIDÉO/PHOTOS)

«The Co(te) lette film»: la charge émotive des corps (VIDÉO/PHOTOS)

MONTRÉAL - The Co(te)lette film, œuvre d’art fictionnelle dérangeante (à la limite du documentaire) du réputé cinéaste britannique Mike Figgis, a été présentée en ouverture du tout nouveau festival montréalais Cinédanse, jeudi soir, à l’Impérial de Montréal. Lors de sa première visite dans la métropole québécoise, le réalisateur de Leaving Las Vegas, Time Code et de Internal Affairs, explique en entrevue son expérience entourant la pièce chorégraphique d’Ann Van den Broek.

Première image: trois jolies femmes élégamment vêtues de jupes et de camisoles sont à genoux sur un plateau de style carré blanc. En parfait synchronisme, elles se déhanchent le bassin de gauche à droite. L’image est léchée, crue, animalière, intrigante. Au cours des cinq premières minutes, la chorégraphie, bonifiée par les sons de leurs respirations et de leurs mouvements, se complexifie pour devenir une sorte de manifestation très émotive des corps présentée en tableaux.

Ils s’expriment, s’emportent, se démènent dans un rapport aux autres (quelque 25 personnes sont aussi disposées autour de la scène, symboles de bourgeois occidentaux qui les observent, épient, analysent, jugent ou encore les ignorent), au charme, à la séduction, à la sexualité ou encore aux dictats de la beauté. Ici, ce sont les limites physiques et psychologiques de la femme qui sont explorées et repoussées: nudité, violence des gestes, symbolique de l’agressivité, expression de domination, échanges angoissants, quasi rebutants. À ceci s’ajoutent parfois des sourires, de la sensualité, de l’allégresse.

«Après avoir discuté du projet avec la chorégraphe flamande Ann Van den Broek, j’ai pénétré cet univers avec le directeur photo Olivier Schofield pour faire un film», raconte Figgis. «Il faut savoir que c’est d’abord un spectacle de danse présenté depuis environ 18 mois en Europe et en Asie. Nous avions deux caméras, manipulées par chacun de nous deux, sur 360 degrés. Les trois danseuses ont livré quatre fois la même performance durant quatre jours distincts, pour éviter les blessures et le surmenage. À la fin, elles ont eu besoin d'un massage intensif et de diète stricte.»

«La seule vraie différence était qu’elles jouaient avec la présence de la caméra, sans véritable public, sinon cette foule ajoutée qui recréait en quelque sorte une audience artificielle», souligne le réalisateur. «En plus des capteurs sur les caméras, nous avions disposé des micros dans la salle. Pour ce qui est de l’éclairage, nous avons dû faire des modifications importantes, changeant le rose de basse intensité, pour une lumière blanche beaucoup plus forte. Le reste du défi s’est présenté aux montages visuels et sonores, qui ont pris plusieurs semaines de travail.»

L’équilibre

De l’avis du Britannique qui avait déjà l’expérience du film de danse (avec les documentaires Just Dancing Around et Flamenco Women), le défi était de trouver l’équilibre entre la provocation intrinsèque de la chorégraphie et la surabondance d’images choquantes, accentuées par les prises de vue.

«C’est le mouvement et la fluidité qui m’intéressaient. Je ne voulais rien changer et monter la pièce en temps réel, donc 58 minutes. C’était l’entente de toute façon. La chorégraphe avait quelques appréhensions au départ concernant le respect de l’œuvre. De toute manière, c’était presque impossible de manquer la force du sentiment qui se dégage de cette performance de femmes sur les femmes […] Ce n’est pas sexiste, juste féministe.»

«Je savais que tout serait amplifié par l’image, les plans rapprochés, les ralentis au montage, alors j’ai juste fait très attention de ne pas tomber dans le sensationnalisme», poursuit-il. «On a d’ailleurs laissé tomber plusieurs images qui n’apportaient rien de constructif à la démarche. Mon fils, qui est monteur, s’est chargé du reste d’une très belle façon.»

Un artisan inspirant

Rencontré juste avant la présentation de The Co(te) lette film, le réalisateur montréalais Guillaume Paquin-Boutin - qui présentera son documentaire Aux limites de la scène dans le cadre du festival (vendredi à 21h, à l’Impérial) - dit apprécier la venue d’un cinéaste de marque pour la naissance «d’un festival plus que bienvenu dans une ville de danse telle que Montréal.»

«Je connais Gillis à travers son œuvre. C’est un artisan qui touche à tout, du long métrage de fiction à gros budget en passant par le film d’art. C’est un homme qui essaye, explore, innove; c’est inspirant. Le rendu de son travail dans The Co(te) lette film est concret, tangible, senti, viscéral. C’est ce que j’aime dans la danse et c’est pourquoi j’ai fait un film avec les trois chorégraphes québécois passionnés que sont Dave St-Pierre, Virginie Brunelle et Frédérick Gravel. »

Pour connaître la programmation du festival Cinédanse, consultez l’adresse cinedanse-mtl.com.

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