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«The Undoing»: quand aucune impression n'est la bonne

Une finale qui aura encore plus divisé des opinions déjà très partagées...
HBO

The Undoing, la nouvelle série de David E. Kelley (Big Little Lies) a fait énormément jaser au cours de ses six semaines de diffusion, et ce, autant pour les bonnes que pour les mauvaises raisons.

De bien des façons, la finale tant attendue diffusée dimanche dernier sur les ondes de HBO a compensé pour une prémisse plutôt molle et redondante, mais dont on ne pouvait s’empêcher de vouloir connaître l’issue à tout prix.

La principale motivation de The Undoing était de mener le spectateur en bateau, de lui faire accepter la duperie au même titre que le personnage de Grace (Nicole Kidman), en attendant (im)patiemment ce tout petit détail qui révélerait enfin l’identité du véritable meurtrier.

À cet égard, The Undoing a su effectuer un intéressant pied de nez à la procédure hollywoodienne marquant généralement ce genre d’intrigues au fer rouge.

La finale, relevant davantage de l’évidence que du coup de théâtre, ne pouvait évidemment que diviser encore plus les opinions déjà très partagées sur la série.

ATTENTION: DIVULGÂCHEURS

HBO

À la suite de la découverte du marteau qui a servi à assassiner Elena Alves (Matilda De Angelis), Jonathan Fraser (Hugh Grant) a osé élever des soupçons contre son propre fils.

Mais ce récit empreint du désir de croire en un coup monté, en une victime d’un système judiciaire imparfait, aux pures coïncidences, est arrivé à un moment pour le moins opportun, considérant la constante remise en question des faits et la dénonciation de complots inexistants auxquelles nous avons été exposés collectivement depuis le début de la pandémie.

Une tournure de phrase de Jonathan, prononcée alors qu’il filait au volant de sa voiture avec son fils à ses côtés, nous aura même fait douter une toute dernière fois, l’espace d’un bref instant. Surtout après que sa femme l’eut jeté sous le bus en complotant avec la partie adverse pour discréditer son propre témoignage, et révéler aux yeux du monde le «soi-disant» vrai visage de son époux.

Le mystère entourant la place qu’occupe dans toute cette histoire le portrait de Grace peint par Elena a également été gardé entier jusqu’au tout dernier instant.

Tous des inconnus

Comme tout le reste, cette machination était grossièrement menée par Kelley et la réalisatrice danoise Susanne Bier, mais demeurait efficace, et surtout conséquente avec la question sur laquelle repose toute la série : À quel point connaît-on réellement nos proches? Comment peut-on savoir de quoi ils seraient réellement capables si leur confort était soudainement menacé?

The Undoing se situe en ce sens à mi-chemin entre Primal Fear, Gone Girl et Big Little Lies, mais élaborée d’une manière beaucoup moins étoffée, trop mécanique, voire parfois paresseuse.

Le manque de conviction des enquêteurs, par exemple, ne servait ultimement qu’à être démonté en cours par l’avocate Haley Fitzgerald (excellente Noma Dumezweni). Et la plupart des épisodes ne semblaient qu’étirer le doute avant de nous laisser sur une scène choc, tout en nous répétant, paradoxalement, les mêmes affirmations jusqu’à ce que nous les prenions pour des certitudes.

En fait, tout est paradoxal dans The Undoing. Absolument tout.

À cet égard, The Undoing a su manipuler son public sans demi-mesure, mais en ne parvenant pas à éviter les pièges les plus communs de ce type de séries, notamment en ce qui a trait à la façon de dévoiler de nouvelles informations au compte-gouttes, généralement selon les termes de l’auteur et non en fonction d’une quelconque logique narrative.

Le récit d’un procès présentant un accusé cherchant à se dissocier des preuves qui pourraient lui faire passer un très long moment derrière les barreaux est souvent captivant, mais a aussi ses limites.

La grande idée ici était évidemment que l’accusé était réellement coupable du crime en question.

D’ailleurs, le ton très cynique avec lequel la série semblait vouloir s’immiscer dans la bourgeoisie new-yorkaise a également été évacué beaucoup trop rapidement pour se coller le nez sur les implications personnelles du procès de Jonathan Fraser.

Une décision qui nous a assurément donné plusieurs moments forts sur le plan dramatique, mais qui a également pu nous donner l’impression que la série ignorait volontairement certaines pistes, certaines opportunités.

En plus des performances impeccables de Nicole Kidman, Hugh Grant, Donald Sutherland et Noma Dumezweni, ce qui a surtout retenu l’attention dans The Undoing, c’est la façon à la fois sublime et volontairement calme dont Susanne Bier et le directeur de la photographie Anthony Dod Mantle (un collègue de longue date de Danny Boyle) filment les rues de New York, loin des tensions et du cirque médiatique avec lesquels doivent composer les protagonistes.

Cette histoire en est une parmi tant d’autres dans la grosse pomme, contrairement à celle de Big Little Lies, qui semblait monopoliser toute l’attention des habitants de Monterey.

Entre le superbe exercice de manipulation, le soap de luxe et l’intrigue judiciaire qui tourne un peu trop en rond, The Undoing s’avère être au final à l’image de ses protagonistes : lisse, charismatique et plus que convaincante en surface, mais révélant rapidement ses failles lorsqu’on se met à gratter un peu.

La première impression n’est pas toujours la bonne. Ou l’est-elle justement?

The Undoing est disponible en version originale et sous-titrée en français sur Crave.

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