Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Timothy Kaine, le choix raisonnable d'Hillary Clinton

Son expérience, tant locale que nationale, sera un atout énorme dans cette campagne, une vraie valeur ajoutée qui viendra contrebalancer l'expérience de Mike Pence et, surtout, servira de révélateur à l'inexpérience de Donald Trump.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le choix d'Hillary Clinton était très attendu: secrètement, ou très ouvertement, la plupart des observateurs espéraient un choix différent, qui aurait donné à son «ticket» une dimension historique:

Elizabeth Warren, la gauchiste survoltée, superstar chez les démocrates de gauche, dans le camp progressiste qui a mené la vie dure à Hillary dans ces primaires et soutenu si fiévreusement Bernie Sanders. Mais on savait depuis quelque temps déjà que ce nom-là ne serait pas retenu.

Cory Booker, pour un ticket femme-noir, un signe au destin, marquant la continuité de l'ère Obama et adressant un signe fort à la communauté afro-américaine, qui manifeste dans la rue son désespoir de ne pas ressentir de changement après avoir porté l'un des leurs à la Maison-Blanche.

• ou Julian Castro, le jeune élu hispanique issu de San Antonio, là où notre Tony Parker national évolue, un lieu connu pour son soleil, sa jeunesse et son dynamisme, et où Castro a poussé très loin les expériences de démocratie locale. «Peut-être encore un peu jeune pour cette fois-ci», pronostiquaient certains. On gardera donc son nom pour les scrutins à venir.

À côté de ces choix possibles, celui de Kaine apparaît comme un second choix, plutôt «plan-plan», vieille politique et passablement ennuyeux.

Pourtant le choix de Timothy Kaine n'est pas un si mauvais choix. En premier lieu, Hillary peut désormais se dire qu'elle a quasiment emporté un des Swing States (États-clés), ceux qui feront la différence le 8 novembre, et parmi lesquels on compte la Virginie. Obama l'avait emporté de 3,9% en 2012. Cela devrait être beaucoup plus confortable pour Hillary en 2016.

Au passage, cela devrait également entraîner la Caroline du Nord, autre État très disputé et, pourquoi pas, la Floride, que les deux partis se disputent âprement et où on dit que tout pourrait se jouer. Car ce choix est également un message à la communauté hispanique: Tim Kaine a effectué une mission au Honduras lorsqu'il était jeune. Avec lui, les mots «je vous comprends, je sais d'où vous venez» prennent un tout autre sens. De plus, et c'est loin d'être négligeable, c'est en espagnol qu'il peut les prononcer, car il est totalement bilingue. N'en déplaise à Mike Pence, très impliqué dans le mouvement «English First», qui veut imposer l'anglais comme langue officielle aux États-Unis.

«Son expérience, tant locale que nationale, sera un atout énorme dans cette campagne, une vraie valeur ajoutée qui viendra contrebalancer l'expérience de Mike Pence et, surtout, servira de révélateur à l'inexpérience de Donald Trump.»

L'avantage de «Kaine le Centriste» se fera toutefois sentir bien au-delà de ses terres, avec une influence qui pourrait fragiliser Trump jusque dans le Sud. Car l'homme est un besogneux, comme on les aime dans les États du Centre des États-Unis: conseiller municipal, maire, vice-gouverneur, gouverneur, sénateur des États-Unis, l'homme a gravi tous les échelons un à un et il a réussi dans chacun d'entre eux, laissant à chaque fois le souvenir d'une tâche bien accomplie. Comme gouverneur, il a privilégié le consensus et exercé une mandature très centriste, privilégiant le «ni droite ni gauche» et travaillant avec tous. Même les Républicains ont, à maintes reprises, salué son travail. Son expérience, tant locale que nationale, sera un atout énorme dans cette campagne, une vraie valeur ajoutée qui viendra contrebalancer l'expérience de Mike Pence et, surtout, servira de révélateur à l'inexpérience de Donald Trump.

C'est donc sur un Vice-président qui pourra l'aider dans sa tâche qu'Hillary a parié: le choix de Mike Pence comme colistier de Donald Trump avait ouvert la voie à un tel choix, celui d'un centriste puisque Pence, qui est classé très à droite, avait libéré un espace énorme au centre qu'Hillary s'empresse d'occuper. Le discours d'acceptation de l'investiture, prononcé par Donald Trump jeudi et qui a révélé le type de campagne qu'il compte mener, a fini de décider Hillary: puisque Donald Trump prétend parler aux sans-voix, à ceux qui ne croit plus à la politique, à ceux qui souffrent toujours de la crise de 2007 et n'ont aucune perspective d'avenir, elle lui met dans les pattes un expert dans les questions de terrain, un de ceux qui ont construit leur carrière en restant très proches des gens, à l'écoute, en phase avec la réalité quotidienne, et cela se sait.

Bien entendu, il va y avoir les déçus, ceux qui auraient préféré un peu plus de spectacle, de flamboyance, dans la campagne à venir. On se délectait à l'avance d'un combat entre Trump et Warren, on imaginait la difficulté de ce même Trump pour expliquer aux Afro-Américains qu'il les représentait mieux que Cory Booker et le choc des générations entre Mike Pence et Julian Castro en aurait ravi plus d'un.

Hillary nous annonce là quel sera son choix de campagne: du sérieux et de l'écoute, parce que les problèmes des Américains au quotidien méritent cela. Ce sera donc un style pragmatique et tranquille, le style d'une femme, de la première femme présidente des États-Unis?

2016-03-04-1457090359-7181278-booktrump.png

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Convention d'Hillary Cinton

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.