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Trudeau récompensé par les pétrolières

Depuis son élection, le gouvernement Trudeau a tenté de plaire tant aux écologistes qu'à l'industrie pétrolière. Mission impossible?
Canadian Prime Minister Justin Trudeau addresses a joint news conference with U.S. President Barack Obama in the White House Rose Garden in Washington March 10, 2016. REUTERS/Jonathan Ernst
Jonathan Ernst / Reuters
Canadian Prime Minister Justin Trudeau addresses a joint news conference with U.S. President Barack Obama in the White House Rose Garden in Washington March 10, 2016. REUTERS/Jonathan Ernst

Des présidents de grandes pétrolières et les ministres des Ressources naturelles de plusieurs pays applaudiront Justin Trudeau, jeudi soir, au Texas. Le premier ministre recevra le prix du leadership mondial en matière d'énergie et d'environnement de la CERAWeek, une conférence internationale commanditée par nombreuses compagnies actives dans le domaine des sables bitumineux, dont Total, ExxonMobil, ConocoPhillips, BP et Shell.

Un texte de Philippe-Vincent Foisy

La présence du premier ministre à cette conférence ne surprend pas le porte-parole de Greenpeace Patrick Bonin. Selon lui, le discours du gouvernement est une « chanson aux oreilles des pétrolières présentes à la conférence ».

Depuis son élection, le gouvernement Trudeau a tenté de plaire tant aux écologistes, en signant l’accord de Paris et en imposant une taxe sur le carbone, qu’à l’industrie pétrolière, en approuvant deux oléoducs et en maintenant les subventions pour les combustibles fossiles.

Le premier ministre a aussi répété à de nombreuses reprises, depuis qu’il est chef, qu'« on ne peut pas choisir entre l'environnement et l'économie ». À son bureau, on indique que « le premier ministre réaffirme souvent, au Canada et partout dans le monde, son attachement à l’innovation en matière d’énergie renouvelable et à l’importance de lier le développement économique au développement durable et à la protection de l’environnement ».

Or, il faut choisir entre le développement pétrolier et la réduction des gaz à effet de serre (GES), selon Patrick Bonin. La production et la consommation d’énergie au Canada ont été à l’origine de 81 % des émissions canadiennes de gaz à effet de serre en 2014.

«Il va falloir plus de cohérence et d’ambition de la part de M. Trudeau. M. Trudeau est en train de parler de transition d’ici 100 ans, mais il faut le faire d‘ici 35 ans. Si on regarde les efforts de M. Trudeau par rapport aux exigences scientifiques, il ne passe pas le test.» - Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace

Jean-Thomas Bernard, professeur invité en économie à l’Université d’Ottawa, abonde dans le même sens. Il qualifie la position du gouvernement Trudeau d’ambiguë.

Selon lui, l’économie pétrolière et l’environnement ne peuvent pas aller main dans la main. Il croit que ce sera difficile pour Ottawa d’atteindre les cibles qu’il s’est fixées lors de la COP21 à Paris.

« Sa priorité reste de soutenir l’économie canadienne et la principale source de croissance des 15 dernières années a été le développement de l’industrie pétrolière. »

Message aux Américains

Jean-Thomas Bernard croit que le premier ministre se servira de cette tribune pour envoyer un message aux Américains. Le Canada est leur principal fournisseur de pétrole. En 2013, 71 % de la production canadienne de pétrole brut était exportée vers les États-Unis.

« Il y a deux volets où le Canada peut être attaqué, explique-t-il. Il y a un volet dans l’Accord de libre-échange nord-américain qui donne un accès aux ressources canadiennes pour les entreprises américaines. On voudra montrer qu’on a toujours les bras ouverts. L’autre volet, c’est une possible taxe aux importations [proposée par le président américain Donald Trump]. Là, évidemment, le Canada voudra en être exempté. »

Selon lui, le sommet lui permettra de parler aux compagnies et aux citoyens américains des impacts d’une taxe, sans s’attaquer au président.

D’ailleurs, deux des thèmes principaux seront l’industrie pétrolière en transition et la politique énergétique américaine à l’ère de Donald Trump.

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