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Jusqu'à preuve du contraire, le simple fait d'être un hurluberlu n'est ni un crime ni une cause d'inaptitude à exercer les fonctions présidentielles.
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Pour l'instant, le président Trump a échappé à toutes les tentatives de lui coller un crime grave sur le dos.
Carlos Barria / Reuters
Pour l'instant, le président Trump a échappé à toutes les tentatives de lui coller un crime grave sur le dos.

Les plus vieux d'entre nous se souviennent probablement de la série documentaire de la fin des années 1970, intitulée «Ces malades qui nous gouvernent», tirée du livre du même titre.

Nous avons évoqué précédemment, dans les blogues précédents, le comportement erratique et souvent inexplicable du président Trump.

Il ne s'agit pas seulement de l'approche tonitruante d'un homme d'affaires habile et rusé, comme ont pu le croire certains de ses supporteurs. Le cumul des bizarreries et des aberrations nous oblige à nous interroger sur la santé psychologique du président. D'autres l'ont fait souvent et depuis longtemps.

Bien sûr, dans le chaudron partisan qu'est devenue l'arène politique américaine, il faut aussi se méfier de l'instrumentalisation que certains politiciens peuvent faire des vulnérabilités et faiblesses de leurs adversaires. Barack Obama et Bill Clinton (qui lui le méritait peut-être un peu par ses mensonges répétés) sont passés par ce moulinet partisan. Mais, avouons que le président actuel fournit bien du matériel à ses détracteurs!

La maladie du roi George

Certains ont sans doute vu le film La folie du roi George. Peu importe la maladie exacte dont souffrait le roi, le système britannique de l'époque était suffisamment flexible pour permettre au prince héritier de gouverner sans le titre de roi et d'exercer le pouvoir associé à sa personne.

D'ailleurs, il y a eu des précédents semblables aux États-Unis. Notamment le président Woodrow Wilson. Il y a exactement un siècle, dans les 18 derniers mois de sa présidence, Wilson ne pouvait plus vraiment assumer les charges présidentielles, mais conserva ses pouvoirs, alors effectivement exercés par sa femme et de proches conseillers, de son lit de grabataire.

La Constitution américaine (article 2) prévoit la destitution du président et des personnes occupants des charges publiques pour diverses causes (crimes, corruption, trahison ou encore écarts de conduites et infractions graves), pas pour incohérence ou maladie.

Le cas Trump

Je viens de lire le livre de Bob Woodward, Fear, concernant le chaos qui règne à la Maison-Blanche. Woodward est l'un des journalistes les plus respectés aux États-Unis depuis 50 ans. En lisant ces lignes, il est difficile de ne pas être sidéré par le niveau de dysfonctionnement et ses implications pour la sécurité nationale des États-Unis et même celle de la planète.

Il n'y a aucune raison de mettre en doute le contenu du livre et même si seulement la moitié était vraie, ce serait déjà suffisant pour s'interroger sur l'implosion politique et administrative qui ne peut que se produire tôt ou tard.

Ce livre, comme beaucoup d'autres, nous porte à croire que le président américain a de sérieux problèmes psychologiques. Va-t-il craquer?

Et, comme on l'a vu, avant même sa sortie officielle, le dernier Woodward et la lettre publiée dans le New York Times le 5 septembre ont créé un immense fracas. Ces deux événements auront eu le mérite de mettre de l'avant un débat que, jusqu'ici, par prévenance et par une répugnance normale pour les mesures extrêmes en démocratie, personne ne voulait lancer: le président est-il mentalement inapte et incapable de remplir ses fonctions et y a-t-il lieu de le dessaisir de son poste?

Certes, un amendement à la Constitution (le 25), adopté en 1967, prévoit un remplacement du président, par le vice-président, dans certaines circonstances «d'inaptitude», mais celles-ci ne sont pas définies clairement et sa mise en œuvre serait assez difficile à réaliser étant donné qu'il faudrait l'assentiment par déclaration, écrite et signée, de presque toute la classe politique dirigeante actuelle à Washington.

Pour l'instant, le président Trump a échappé à toutes les tentatives de lui coller un crime grave sur le dos.

Pour l'instant, le président Trump a échappé à toutes les tentatives de lui coller un crime grave sur le dos. Quant à savoir s'il est malade ou, le cas échéant, si sa maladie serait cause d'inaptitude en vertu du 25 amendement, je ne suis pas en position d'en juger, même si la question pourrait se poser selon certains. Et, jusqu'à preuve du contraire, le simple fait d'être un hurluberlu n'est ni un crime ni une cause d'inaptitude à exercer les fonctions présidentielles.

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