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La naloxone, un antidote peu accessible malgré plusieurs décès

Il existe un antidote pour prévenir ces surdoses fatales : la naloxone.
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La naloxone sauve des vies et est sans danger.
Gretchen Ertl / Reuters
La naloxone sauve des vies et est sans danger.

Le nombre de décès liés à une surdose aux opioïdes impliquant du fentanyl a plus que doublé de janvier à mars 2017 au Canada, par rapport à la même période en 2016. Et le Québec n'y échappe pas. Pourtant, il existe un antidote pour prévenir ces surdoses fatales : la naloxone. Celle-ci est disponible dans les pharmacies et remboursée en partie par la Régie de l'assurance maladie du Québec. Est-ce assez ?

Malgré la bonne volonté des intervenants en toxicomanie, un nombre important de consommateurs d'opioïdes à risque de surdose ne se présentent pas à la pharmacie pour se procurer de la naloxone. Pourquoi? Ils vivent parfois en marge de la société et l'accès à une carte d'assurance-maladie qui permet notamment de réduire les coûts d'achat de la naloxone s'avère souvent problématique. La solution ? Implanter rapidement en pharmacie un programme d'accès gratuit à la naloxone à l'échelle du Québec, sans égard à la possession d'une carte d'assurance-maladie. La naloxone sauve des vies et est sans danger. Elle devrait donc être facilement accessible à tous, sans exception.

Néanmoins, la gratuité de l'antidote ne serait pas suffisante car plusieurs consommateurs ne se présentent pas à la pharmacie de peur d'être jugés(es). La solution ? Autoriser la distribution de la naloxone par les intervenants en toxicomanie, tels que les travailleurs de rue, qui auraient également la tâche d'informer les consommateurs sur l'utilisation adéquate du produit.

Pour pallier cette situation, il faudrait permettre à divers milieux clés de posséder de la naloxone, notamment les prisons, les centres en réadaptation en dépendance et les ressources d'hébergement.

En outre, miser uniquement sur une stratégie de distribution en pharmacie est sous-optimale pour améliorer l'accessibilité géographique de la naloxone, surtout en milieu rural. Pour pallier cette situation, il faudrait permettre à divers milieux clés de posséder de la naloxone, notamment les prisons, les centres en réadaptation en dépendance et les ressources d'hébergement. D'ailleurs, cette approche a déjà été adoptée avec succès dans d'autres provinces canadiennes.

Les solutions existent, alors qu'attend-on? Toutes ces solutions pour lever les barrières à l'accessibilité de la naloxone – qui soit dit en passant est plus sécuritaire que de l'aspirine pour bébé – sont inévitablement politiques. Le gouvernement a déjà fait un pas dans la bonne direction en permettant à toute personne, en l'absence d'un premier répondant, d'administrer la naloxone lors d'une surdose présumée aux opioïdes. La deuxième action prévue par le gouvernement est l'implantation d'un programme universel d'accès gratuit en pharmacie à la naloxone.

Ce n'est qu'en mettant réellement les consommateurs d'opioïdes au centre de ses préoccupations que le gouvernement pourra affirmer avoir pris toutes les mesures nécessaires pour améliorer l'accessibilité à la naloxone afin de prévenir les surdoses.

Nous invitons maintenant le gouvernement à faire encore mieux en ajoutant rapidement deux autres interventions dans son plan de lutte aux surdoses, soit de permettre aux intervenants des organismes communautaires de distribuer la naloxone aux consommateurs d'opioïdes et de diversifier le type de milieux où la naloxone peut se retrouver. Ce n'est qu'en mettant réellement les consommateurs d'opioïdes au centre de ses préoccupations que le gouvernement pourra affirmer avoir pris toutes les mesures nécessaires pour améliorer l'accessibilité à la naloxone afin de prévenir les surdoses.

Avril 2018

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