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Un mariage royal d’intérêt public selon Radio-Canada

Lorsqu’on utilise de l’argent public pour couvrir un mariage royal, on contribue à la valorisation d’institutions antidémocratiques et vétustes.
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Je ne comprends pas que Radio-Canada, la société d’État mandatée pour livrer une information de qualité, investisse tant de fonds publics dans la couverture d’un mariage de vedettes.
POOL New / Reuters
Je ne comprends pas que Radio-Canada, la société d’État mandatée pour livrer une information de qualité, investisse tant de fonds publics dans la couverture d’un mariage de vedettes.

Beaucoup de gens ont suivi de près les péripéties entourant le mariage royal du prince Harry et de l'actrice américaine Meghan Markle. Je comprends ça. Je comprends que ça fasse rêver de se projeter dans une telle célébration aux moyens financiers illimités. Dans un monde aussi inégal que le nôtre, il est tentant de s'imaginer monter l'échelle sociale d'un coup plutôt que de réduire les inégalités qui la rendent si vertigineusement haute.

Il y a toutefois certaines choses que je ne comprends pas. Je ne comprends pas que Radio-Canada, la société d'État mandatée pour livrer une information de qualité, investisse tant de fonds publics dans la couverture d'un mariage de vedettes. Il n'y a rien de surprenant à ce que les diffuseurs privés et les revues à potins fassent leurs choux gras de cet événement, mais quand Radio-Canada paie un envoyé spécial à Windsor et consacre une émission spéciale à l'affaire, elle ne fait pas un usage judicieux de l'argent des contribuables.

L'objectif de cette couverture généreuse n'est pas l'information.

L'objectif de cette couverture généreuse n'est pas l'information. Il se peut qu'on cherche à divertir, mais le but est plus probablement de cultiver (ou créer) un attachement populaire envers les institutions monarchiques canadiennes. Voici deux réalités absurdes concernant la monarchie britannique qui font réaliser qu'on devrait passer à autre chose.

Le serment à la Reine bafoue la liberté de conscience

Saviez-vous que pour devenir citoyen, militaire ou député au Canada, vous devez prêter serment à la reine Elizabeth II, qui est aussi à la tête de l'Église anglicane? Que cela aille à l'encontre de vos croyances religieuses ou de vos convictions politiques ne fait pas fléchir la monarchie. La liberté de conscience ne vaut pas grand-chose au royaume de Sa Majesté.

La loi sur les élections à date fixe peut être foulée au pied

Vous êtes-vous demandé pourquoi, en 2014, le gouvernement du Québec a pu déclencher des élections anticipées malgré qu'il venait tout juste de faire adopter une loi sur les élections à date fixe? La raison est simple. Le lieutenant-gouverneur, plus haut représentant de la monarchie dans une province canadienne, a le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale à la demande du premier ministre à n'importe quel moment. Nos lois démocratiques visant à empêcher le gouvernement de déclencher les élections au moment qui paraît le plus favorable à sa réélection deviennent alors des vœux pieux. Dans notre régime politique, c'est la monarque qui est souveraine, pas le peuple.

Dans notre régime politique, c'est la monarque qui est souveraine, pas le peuple.

L'étalage de richesse qui a été déployé lors du mariage royal n'est pas le fruit d'argent durement gagné et bien mérité. Il s'agit en grande partie des restes d'une fortune coloniale passée qui appartient aux peuples auxquels elle a été arrachée. Les monarques sont des êtres oisifs dépourvus de toute utilité économique ou sociale. J'ai hâte que nous nous dissociions comme peuple de cette mascarade qui a mal vieilli.

Lorsqu'on utilise de l'argent public pour couvrir un mariage royal, on contribue à la valorisation d'institutions antidémocratiques et vétustes. On met sur un piédestal les symboles d'un empire colonial qui a fait sa richesse sur le dos de peuples asservis aux quatre coins du globe. Lorsqu'une société d'État se prête à ce jeu, elle ne sert pas le public.

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