Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Un printemps d'ailleurs», voyage au bout de soi

Un premier film qui se limite un peu trop dans ses élans, préférant jouer de prudence plutôt que de prendre certains risques...
Filmoption International

Entre Montréal et le sud de la Chine, Un printemps d'ailleurs accompagne une jeune femme ayant décidé de renouer avec son passé après avoir vu sa vie et ses illusions voler en éclats.

Le film multiplie dès lors les rencontres et les opportunités qui devraient normalement permettre à celle-ci de créer l'étincelle qui donnerait un nouveau sens à son existence. Toutefois, la réalisatrice sino-canadienne Xiaodan He opte pour une voie limitant le rôle de son personnage principal dans sa propre évolution, et le rapport émotionnel que peut entretenir le spectateur avec celle-ci par la même occasion.

Le film ne perd pourtant pas de temps à lancer Li Fang (Wensi Yan) dans cette quête existentielle impulsive, illustrant en l'espace de quelques scènes la désintégration de son mariage avec Éric (Émile Proulx-Cloutier). Un constat d'échec qui l'incite à rentrer au bercail, et reprendre contact avec une famille et des connaissances dont elle s'était passablement éloignée.

Mais en cherchant à panser ses blessures, Li Fang est vite confrontée aux drames qui ont rongé les siens.

Xiaodan He dresse dès lors le portrait d'individus s'étant repliés dans leurs tranchées après avoir perdu leurs repères (sociaux et/ou culturels), laissant leurs constantes hésitations avoir le dessus sur leurs désirs.

Une passivité qui pousse la réalisatrice à privilégier de façon parfois un peu trop mécanique les méthodes d'un certain cinéma d'auteur méditatif, où le silence est préféré aux dialogues, l'immobilisme au mouvement, l'inaction aux impulsions. Il en va étrangement de même pour la manière dont elle filme la nature, étire le moment à la recherche d'une certaine poésie.

Xiaodan He accorde ainsi sa mise en scène à la personnalité de Li Fang, qui dicte le ton et le rythme du film en n'étant jamais poussée à sortir de sa zone de confort pour tenter de découvrir une nouvelle facette d'elle-même, de paver une nouvelle voie à son existence.

Le récit lui ouvre pourtant plusieurs portes, mais ne va jamais au bout de ces contacts humains - dont elle souligne néanmoins habilement les malaises.

«Quand vais-je arrêter de souffrir», s'époumone Li Fang quelques scènes avant de retourner à son point de départ et donner (littéralement) un coup de balai sur son passé. Un geste symbolique qui paraît toutefois davantage dicté par le poids des responsabilités et du quotidien plutôt que par un réel désir de renouveau.

Le long métrage offre son lot d'observations pertinentes sur les rapports plus que complexes qu'entretiennent les nouvelles générations avec le passé, les modèles sociaux traditionnels, la culture, le présent, et le pessimisme dont est empreint leur regard sur l'avenir.

À cet égard, Un printemps d'ailleurs a de la suite dans les idées et Xiaodan He fait preuve d'un flair visuel que nous sommes certainement curieux de voir évoluer.

Mais trop souvent, à l'instar de son personnage principal, la cinéaste se limite dans ses élans, dans sa quête de réponses, et préfère jouer de prudence plutôt que de prendre des risques. Quitte à se casser la gueule pour mieux se relever par la suite.

Un printemps d'ailleurs, à l'affiche à Montréal, dès le 24 août 2018.

À voir également :

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.