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Un Québec sans argent liquide

Le gouvernement, en novembre dernier, invitait les grandes banques en Commission parlementaire pour aborder la question des évasions fiscales... M. Claude Breton de la Banque Nationale proposa au gouvernement d'adopter l'abolition de l'argent comptant pour un Québec sans argent liquide.
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Je veux bien convenir que l'évolution de l'électronique est en voie de modifier notre façon quotidienne de vivre. Les téléphones intelligents deviennent si intelligents que tout un pan de notre société les adoptera avec enthousiasme. Pendant ce temps, un autre pan de cette société trainera la patte subissant les assauts des changements trop rapides. Déjà, nous avons en partie adopté la carte de crédit ou la carte de débit pour nos gros achats et une partie plus infime a adopté les paiements par internet. Je me questionne sur la capacité des séniors de notre nation de s'y intégrer alors qu'ils commencent à utiliser de façon parcimonieuse les courriels de base. J'y reviendrai plus avant. Voyons un peu.

Le gouvernement, en novembre dernier, invitait les grandes banques en Commission parlementaire pour aborder la question des évasions fiscales. Cinq heures de discussions qui n'aboutirent à aucune action, aucune solution, pour ainsi dire à rien. Il va sans dire qu'ils sont les principaux acteurs de ces transferts d'argent par des moyens électroniques subtils.

M. Claude Breton de la Banque Nationale proposa au gouvernement d'adopter l'abolition de l'argent comptant pour un Québec sans argent liquide. Déjà, les cartes de crédit et de débit font grandement le travail. Pourquoi ne pas faire un pas plus en avant? Cette mesure permettrait, selon le banquier, d'éliminer l'argent au noir et à plus grande échelle tracerait une piste contre la lutte à l'évasion fiscale. Il y aurait, dit-il, une traçabilité des transactions. Nous comprenons, entre les lignes, que les banques y trouveraient leur bénéfice en facturant toutes les transactions supplémentaires. Tout en éliminant potentiellement les tractations hors banques.

Les riches qui pratiquent déjà la grande évasion fiscale ne procèdent pas en transférant de l'argent sonnant. Nous ne pouvons pas nous figurer ces riches expédiant des valises bourrées de billets de banque par avion-cargo ou dans des camions de Guarda vers les célèbres paradis fiscaux. Grâce aux banques et fiscalistes, ils ont déjà adopté une méthode électronique sans traçabilité. Nous saisissons facilement pourquoi les banquiers furent avares de solutions lors de cette commission.

Je n'imagine pas la clientèle des magasins à rabais payer des achats de moins de 5$ avec la carte de débit ou de crédit. Je n'imagine pas les itinérants recevoir la charité avec des appareils électroniques. Je n'imagine pas les bénévoles de la popote roulante livrer les repas à bon marché avec des appareils compatibles avec les cartes. Je n'imagine pas les séniors de la société peu habiles avec l'électronique adopter le système de cartes. Cartes grâce auxquelles les banques chargent des frais inhérents. Je n'imagine pas partir en voyage sans de la monnaie de tous ces pays qui n'ont pas adopté le système proposé par la Banque Nationale. Imaginez tous ces inconvénients infligés aux citoyens pour déceler une piste afin de mettre un frein à l'évasion fiscale et aux tractations au noir!

La Suède et le Danemark envisagent de procéder ainsi. Ce sera à surveiller. En Suède, le gouvernement aurait autorisé plusieurs types de commerces, comme les restaurants, à refuser l'argent liquide.

Les premiers holà proviennent des personnes âgées pour qui les progrès de l'électronique créeront une bande à part de citoyens dans la société. Et que penser de ceux qui manipulent les finances de ces personnes âgées.

Comment une province peut-elle concrétiser ce projet quand l'activité monétaire relève des autorités fédérales. Comment le Canada peut-il concrétiser ce projet si les États-Unis ne procèdent de même. Comment le représentant d'une banque peut-il soumettre une telle alternative, surtout quand il est question d'évasion fiscale?

Évidemment, c'est sans compter sur l'influence imminente des gourous de la Silicon Valley et de leur développement. L'emprise de ces éminences est plus grande que les banques et les gouvernements sur le comportement de nos sociétés.

Lisez d'autres textes de Claude Bérubé en visitant son blogue Leptitvieux.com

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