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«Underwater»: refaire «Alien» vingt mille lieues sous les mers

Un film qui, à l’instar de ses personnages, semble trop souvent chercher son souffle...
Twentieth Century Fox

C’est comme Alien, mais à 11 kilomètres de profondeur, dans les bas-fonds de l’océan Pacifique. Voilà tout ce que vous devez savoir avant de visionner Underwater, le troisième long métrage de William Eubank.

Ce n’est évidemment pas la première fois qu’Hollywood tente de recapitaliser sur les forces narratives et esthétiques du chef-d’oeuvre de Ridley Scott.

En 2017, le cinéaste Daniel Espinosa avait tenté l’expérience avec succès avec Life, avec Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson et Ryan Reynolds. Une production qui assumait pleinement ses influences, mais qui avait surtout le mérite d’afficher une réelle compréhension des rouages du film de 1979.

Dès le premier plan à l’intérieur de l’immense plateforme de forage installée dans la fosse des Mariannes, l’hommage est évident, Eubank filmant ses longs couloirs comme Scott installait lentement, mais sûrement, l’atmosphère de son film à l’intérieur du Nostromo.

Puis, la catastrophe survient et Norah (Kristen Stewart) doit prendre ses jambes à son cou lorsque la partie de la station dans laquelle elle se trouve menace de s’effondrer. La jeune femme retrouvera quelques survivants en chemin, et ces derniers tenteront de trouver une façon de fuir cet endroit devenu, en l’espace de quelques instants, le plus dangereux sur la planète.

Et question de compliquer un peu plus la donne, quelque chose semble rôder dans les eaux obscures enveloppant les bâtiments.

Au-delà du recyclage évident de nombreux éléments narratifs et dramatiques d’Alien (et Aliens), Eubank et son équipe de scénaristes réussissent à développer quelques bonnes idées conférant un style un peu moins calqué à l’ensemble.

Quelques séquences parviennent à rendre réellement étouffant les sentiments de claustrophobie, d’isolement, de danger et d’impuissance sur lesquels Underwater mise abondamment, les personnages n’arrivant pas à distinguer ce qui se trouve à quelques mètres devant eux. Le film fait également une excellente utilisation du montage sonore à plusieurs occasions pour soutenir cette tension.

Il y a aussi un véritable esprit de corps qui se développe au sein de ce groupe de personnages se battant pour leur survie, tous ayant réellement à coeur le sort des autres. Nous ne sommes jamais confrontés ici au traditionnel égoïste de service qui finira par payer cher le fait d’avoir voulu sauver sa peau au détriment de celle des autres.

Kristen Stewart et Vincent Cassel dans «Underwater» de William Eubank
Twentieth Century Fox
Kristen Stewart et Vincent Cassel dans «Underwater» de William Eubank

Seulement voilà, il n’y a malheureusement aucune constance au niveau de la mise en scène, car celle-ci ne cherche à capitaliser que sur le sentiment d’urgence de cette mise en situation. Même les scènes «extérieures» durant lesquelles le groupe doit naviguer dans l’obscurité quasi totale sont souvent illisibles, car tout a tendance à aller beaucoup trop vite, à être présenté de façon beaucoup trop nerveuse. On saute d’une scène à l’autre sans que la précédente n’ait cimenté quoi que ce soit dans notre esprit.

Car il y a un détail que les cinéastes se risquant à s’inspirer d’Alien ont tendance à oublier: tout le succès du film passait par le minimalisme et la patience avec laquelle Ridley Scott intégrait chaque élément afin que celui-ci ait une réelle résonance au moment voulu.

C’est particulièrement flagrant dans la façon dont Eubank traite son monstre, une créature numérique oubliable n’ayant aucune caractéristique lui permettant de se distinguer des autres créatures numériques qui ont tenté (souvent en vain) de s’imposer au cinéma et dans les jeux vidéo au cours de la dernière décennie.

Il n’y a rien ici nous poussant à craindre cette menace - outre le fait qu’elle a tendance à être particulièrement malcommode -ou , ni à se questionner sur la façon dont elle pourra être neutralisée.

Il s’en suit évidemment un discours sur la façon dont l’être humain a tendance à aller beaucoup trop loin dans sa quête de pouvoir et de richesse, et ce, sans jamais se soucier des conséquences. Des erreurs que ce dernier est destiné à répéter jusqu’au jour où il ne pourra plus leur échapper.

Et encore ici, le tout est imposé d’une manière beaucoup trop verbeuse, en plus d’être invalidé par une finale détruisant l’idée même d’une nature reprenant tout simplement ses droits.

Dommage, car Eubank et ses acolytes mettent de l’avant quelques bons concepts, mais de façon trop précipitée et éparpillée, emprisonnant le film dans une structure redondante qui, à l’instar de ses protagonistes, semble trop souvent chercher son souffle.

Underwater (Sous pression) est présentement à l’affiche partout au Québec.

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