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Une simple demande d'entrevue fait agiter les relationnistes médias du fédéral

Une simple demande d'entrevue fait agiter les relationnistes médias du fédéral
Devonyu

Une simple demande d'entrevue à un chercheur fédéral s'est engluée dans un labyrinthe bureaucratique digne de la "Maison qui rend fou" des 12 Travaux d'Astérix.

Au début, il s'agissait d'un projet de reportage sur les algues Didymo.

Et la personne toute désignée pour répondre aux questions était le scientifique Max Bothwell, du ministère fédéral des Pêches et des Océans.

Ses pairs le diront, M. Bothwell est le spécialiste entre tous de ces algues envahissantes. Et plus particulièrement, il était le co-auteur d'un article publié dans une importante revue scientifique.

Mais une requête de La Presse Canadienne pour parler à M. Bothwell lorsque l'article a été publié en mai a échoué.

Elle a plutôt mené à une série de 110 pages de courriels en provenance et à destination de 16 responsables différents des communications du gouvernement fédéral, indiquent des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Plusieurs heures après la demande faite le matin du 8 mai, un courriel de Robin Browne, conseiller stratégique pour la division des communications d'Environnement Canada, contient une liste de réponses à l'approbation de David Boerner, directeur général de la technologie et des sciences de l'eau au ministère.

"La Presse Canadienne a demandé une entrevue aujourd'hui avec Max (Bothwell), mais les relations médias négocient cela pour nous 'acheter' plus de temps. Merci!", écrit-il.

Peu avant, M. Bothwell - décrit par le co-auteur de l'article comme le "véritable Yoda du savoir sur la Didymo" - avait tenté d'accélérer les choses.

"Je vais chercher sur mon ordinateur pour les réponses approuvées de la dernière entrevue", écrit M. Bothwell à une liste croissante de relationnistes médias.

Cela a mené à une multitude de courriels tentant de trouver ces réponses "approuvées". Il semble qu'elles n'aient pas été retracées, et l'approbation devait reprendre du début.

Les courriels font référence aux "réponses acceptées" pour le scientifique et au "script approuvé d'entrevue".

Un reportage de La Presse Canadienne sur les découvertes de M. Bothwell sur les origines de l'algue envahissante s'est finalement retrouvé sur des sites de nouvelles et dans des journaux à travers le pays, mais sans l'apport du scientifique établi en Colombie-Britannique.

Pourquoi tout ce branle-bas? Calvin Sandborn, un avocat oeuvrant au Environmental Law Centre à l'Université de Victoria, fait valoir que les enjeux politiques délicats font l'objet d'un contrôle plus serré. "En particulier, s'il s'agit d'enjeux qui sont délicats pour l'industrie pétrolière et gazière _ tels que les changements climatiques, les sables bitumineux ou les ours polaires", a exposé M. Sandborn, qui a contribué à un vaste rapport sur ces communications par le département sur le droit environnemental.

Depuis que les conservateurs ont été portés au pouvoir en 2006, le secteur des "services de l'information" a crû de plus de 15 pour cent, à quelque 4000 employés, selon un rapport du bureau du Directeur parlementaire du budget.

Ces jours-ci, les scientifiques canadiens sont envoyés à des conférences internationales avec des "accompagnateurs du gouvernement", a dit M. Sandborn. "C'est fou. Vous avez des scientifiques des pêches qui disent qu'ils ne peuvent pas lancer des mises en garde de marée rouge sans obtenir l'approbation politique d'Ottawa", a-t-il illustré.

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