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L'univers des zombies sociaux

Il est tellement intéressant de regarder l'attitude vide de ces êtres privés de cerveau, qu'il m'arrive de m'asseoir dans un parc juste pour en constater l'ampleur.
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Essayez ça une fois: regardez les gens, dites «bonjour» et laissez votre cerveau portatif dans votre poche.
Sirinapa Wannapat / EyeEm via Getty Images
Essayez ça une fois: regardez les gens, dites «bonjour» et laissez votre cerveau portatif dans votre poche.

Depuis quelques années, et c'est encore plus vrai maintenant, notre société se peuple de plus en plus de zombies sociaux. L'humain communique de plus en plus que par les textos, les réseaux sociaux et les blogues. Ne plus se parler devient lentement la norme.

Il est tellement intéressant de regarder l'attitude vide de ces êtres privés de cerveau, qu'il m'arrive de m'asseoir dans un petit parc près de chez moi juste pour en constater l'ampleur.

Nombreuses sont les personnes traversant les rues sans même lever les yeux de leur cerveau portatif. Pire, plusieurs portent même des écouteurs pour être sûrs de ne pas s'engager dans cette société réelle. La société virtuelle est tellement plus enivrante. Plusieurs conducteurs ne sont guère mieux, ils textent en conduisant, croyant qu'on ne peut les voir baisser la tête, relever les yeux un instant et retourner à l'écran. Nous avons créé la peur de manquer quelque chose d'important.

Communiquer oralement? Hein? Ouais... quand on en est obligé.

Communiquer oralement? Hein? Ouais... quand on en est obligé. Au resto avec la serveuse et dans un minimum de mots. Il y a quelques jours, nous étions, mon épouse et moi, dans un restaurant assez chic, presque romantique, et autour de nous quelques couples de jeunes zombies textaient l'un et l'autre sans se dire un traitre mot. Drôle, bouteille de vin, repas cinq étoiles et pas un mot, sauf quelques «Hum...» ou un petit hochement de tête.

Puis, en sortant du resto, juste au coin de la rue, je pointai à ma femme mon habituel zombie habillé de noir, traversant la rue, cerveau au bout des mains, sans même jeter un œil aux voitures faisant des miracles pour ne pas le frapper.

Oui, nous entrons avec plaisir dans l'ère du zombitisme.

Oui, nous entrons avec plaisir dans l'ère du zombitisme. Ton téléphone cellulaire contrôle ta vie, il contrôle tes pensées, tes actions et ton sens civique. En fait, ta vie passe par ce filtre.

Il y a des siècles de ça, mon petit-fils vous dirait dans l'ancien temps, nos parents nous disaient: «Quand tu traverses la rue, tu regardes des deux côtés et tu traverses s'il n'y a pas de voitures». Ils devaient être totalement rétrogrades, voyons, ce n'est pas à nous de faire attention, c'est aux voitures qu'il faut dire ça. MOI... zombie, je n'ai pas à me préoccuper de ces détails. Et, c'est connu... les automobilistes ne doivent pas être distraits par leurs cellulaires, c'est dangereux un cellulaire au volant. Donc, MOI le zombie, je suis déchargé de toute responsabilité.

Le hic, c'est qu'il y a aussi des zombies conducteurs textant avec passion, sur des kilomètres. Ces zombies conducteurs ont marché jusqu'à leur voiture de la même façon que les zombies piétons. Pourquoi deviendraient-ils tout à coup plus responsables?

Je ne parlerai pas des cyclistes qui font exactement la même chose; il semblerait que les lois ne s'appliquent pas aux zombies à pédales. S'il fallait que la police serre la vis et sévisse tout comme pour les conducteurs, nos gouvernants n'auraient pas de déficit.

Une voiture qui vous rentre dedans, ça fait mal. Ce bolide n'est pas virtuel, il est en métal et il n'y a pas de bouton «recommencez le jeu».

Des gens se sont plaints à moi, dernièrement, des mesures plus fermes, visant à faire cesser les textos au volant. Moi j'irais plus loin: j'y ajouterais les texteurs traversant les rues sans même regarder. Je sais, comme la faute incombe aux autres et que «vous avez le droit». C'est une belle phrase vide de sens, permettant aux zombies de ne pas avoir à se responsabiliser. Je vous le dis de la part de la génération des responsabilités individuelles. Une voiture qui vous rentre dedans, ça fait mal. Ce bolide n'est pas virtuel, il est en métal et il n'y a pas de bouton «recommencez le jeu».

Juste dans la dernière fin de semaine, cinq piétons ont été heurtés. Pour quatre d'entre eux, il s'agirait de zombies traversant sans regarder; l'autre est une vieille dame de 87 ans, peut-être un peu perdue.

À tous mes amis zombies... Essayez ça une fois: regardez les gens, dites «bonjour» et laissez votre cerveau portatif dans votre poche.

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