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USA: à la grand-messe de la droite, les radios conservatrices font un tabac

USA: à la grand-messe de la droite, les radios conservatrices font un tabac

Quand Dana Loesch accueille un candidat potentiel à la Maison Blanche dans son émission de radio, l'échange ne ressemble en rien aux interviews qu'on entendrait sur des chaînes généralistes américaines. L'animatrice, ouvertement conservatrice, ne cache pas son admiration.

"Avec votre discours, vous avez cassé la baraque !" lance-t-elle à Rick Perry, gouverneur du Texas.

- Oui, c'était sympa.

- J'ai adoré..."

Dana Loesch, 34 ans, a installé son micro dans "l'allée des radios" ("radio row") de la conférence annuelle du mouvement conservateur américain CPAC, dans un centre de conférence près de Washington. Toutes les figures de la droite américaine se pressent jusqu'à samedi sur scène pour prononcer des discours devant des milliers de participants, venus de tout le pays.

Mais ils font aussi systématiquement halte devant les micros de Dana Loesch et des dizaines d'autres d'animateurs conservateurs, dont les émissions d'opinion forment un puissant écosystème médiatique de centaines de radios et de millions d'auditeurs.

Le Dana Show est diffusé quotidiennement en direct de 13H à 16H sur des stations radio locales dans plusieurs Etats, dont la Californie (ouest), l'Arizona, le Nouveau Mexique (sud-ouest) et le Kansas (centre).

Son slogan: "l'alternative conservatrice!". Vendredi, Dana Loesch a reçu Rick Perry et l'ancien sénateur Rick Santorum, qui envisagent tous deux de se présenter à l'élection présidentielle de 2016.

"C'est un buffet de publicité, ils adorent ça", raconte-t-elle à l'AFP, après ses trois heures de direct. "C'est le moyen pour les candidats d'avoir un accès direct à l'Amérique moyenne et aux électeurs américains".

Elle assure qu'elle n'hésite jamais à poser des questions difficiles. "Je me contrefiche d'avoir de bonnes ou mauvaises relations avec un homme politique".

Mais la jeune animatrice ne cache pas son plaisir à voir les puissants faire la queue devant son micro. Elle prendra une minute pour se prendre en photo avec Rick Perry. Derrière un cordon, des fans se pressent pour avoir un autographe de "Dana".

L'animateur le plus influent des Etats-Unis est sans conteste Rush Limbaugh, qualifié autrefois avec sarcasme de chef du parti républicain par les démocrates.

Selon une estimation non officielle du magazine spécialisé Talkers, 14 millions de personnes écouteraient son émission quotidienne via des centaines de radios locales, chaque semaine, même si des controverses récentes semblent lui avoir coûté des auditeurs et des annonceurs.

Tous ces présentateurs ont en commun de dénoncer le biais des médias nationaux comme les chaînes de télévision CNN et MSNBC, et les grands quotidiens comme le New York Times et le Washington Post, accusés de rouler pour la gauche et Barack Obama.

Leur ton est vengeur, intransigeant.

Wayne Dupree, animateur d'une émission à son nom sur une radio internet, se présente comme un "ninja de l'information". Sa mission: "assassiner les mensonges des progressistes".

Le système ne tourne-t-il pas en boucle, sans contradiction? "Certains animateurs disent carrément que, certes on prêche des convertis, mais que l'objectif est d'aller convertir plus de gens", dit-il à l'AFP.

Les auditeurs sont plus susceptibles de faire des dons aux hommes politiques qu'ils entendent sur son antenne, explique-t-il.

Les médias conservateurs alimentent-ils la polarisation politique de l'électorat, et la violence verbale du débat national? "C'est une manière de réveiller les gens. Regardez autour de vous: votre pays n'est plus le même qu'il y a six ans", s'alarme l'animateur.

Cinq micros plus loin, Joe Messina vise un créneau moins strident, avec son émission "The Real Side", diffusée sur sept stations du sud de la Californie.

"Je ne hurle pas, je ne crie pas", déclare-t-il doucement à l'AFP. Joe Messina estime que les grands médias sont déconnectés des Américains moyens, qui vivent dans les banlieues traditionnelles américaines, mi-urbaines mi-rurales, et travaillent de 9H à 17H, loin des métropoles comme New York et Los Angeles.

Mais avec son émission modérée, il reconnaît avoir du mal à percer au-delà de sa région. Pendant ce temps, la "fougueuse" Dana Loesch affirme que chaque semaine, deux ou trois nouvelles radios diffusent son émission.

ico/are

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