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Val d'Or: des leaders autochtones réitèrent la demande d'une enquête québécoise

Des femmes autochtones continuent de réclamer une enquête québécoise

Des Autochtones exigent de nouveau la tenue d'une enquête provinciale sur les allégations de violence contre des femmes autochtones de Val-d'Or. Mercredi, Québec a annoncé qu'il laisserait au fédéral le soin d'aborder la question dans le cadre plus large de son enquête nationale.

La présidente de Femmes autochtones du Québec, Vivianne Michel, se demande comment ses communautés pourront améliorer leur relation avec les policiers de la Sûreté du Québec, une institution provinciale, sans la participation du gouvernement du Québec.

Le ministre des Affaires autochtones, Georges Kelley, et la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, ont annoncé mercredi l'adoption d'un décret conférant à l'enquête nationale confiée à la juge Marion Buller, les mêmes pouvoirs que si elle avait été lancée au Québec.

« J'ai l'impression qu'avec ce décret, on est en train d'essayer de mettre ça (l'inconduite des policiers) de côté parce qu'on dit que c'est le fédéral qui va régler cette situation-là quand on sait que c'est une institution provinciale qui est concernée », déplore présidente de Femmes autochtones du Québec.

La question de l'inconduite des policiers a été soulevée en octobre dernier dans un reportage de l'émission Enquête qui a révélé les sévices sexuels, les abus de pouvoir et l'intimidation dont faisaient l'objet des femmes autochtones de la région de Val-d'Or de la part des policiers de la Sûreté du Québec. Dans la foulée des témoignages recueillis, les partis d'opposition ainsi que des représentants autochtones avaient réclamé haut et fort, l'automne dernier, la tenue d'une commission d'enquête provinciale.

Le décret annoncé confèrera à la commission d'enquête nationale les droits d'obliger des témoins à comparaître, de produire des documents, de formuler des recommandations, d'analyser les relations entre les femmes autochtones et les institutions québécoises telles que les corps policiers, les systèmes d'éducation et de santé et les services sociaux.

Le grand chef du Grand Conseil des Cris, Matthew Coon Come, craint toutefois que l'aspect de l'inconduite policière ne se retrouve « dilué parmi les nombreux autres problèmes que l'Enquête nationale doit prendre en considération ».

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, partage l'avis de Viviane Michel qui croit que le gouvernement du Québec fait fausse route en regroupant les questions de disparition et d'assassinat de femmes et filles autochtones et les cas d'inconduite policière.

« Nous, on parlait d'une commission, d'une enquête provinciale qui ferait la lumière sur toute la question des relations entre les forces policières et nos communautés, dit-il. Donc, c'est deux choses ici. C'est là-dessus que le gouvernement du Québec semble trouver une échappatoire un peu trop facile en lien avec les intentions de l'enquête nationale. », le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard.

Le gouvernement défend sa décision

Les ministres ont défendu mercredi la décision de leur gouvernement. La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, dit croire que la décision est dans le meilleur intérêt des victimes.

De son côté, le ministre des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, croit qu'une vue d'ensemble est importante et que deux enquêtes finiraient par soulever « des questions similaires, sinon identiques ».

D'après le ministre Kelley, l'enquête fédérale « va nous permettre de comprendre ce qui s'est passé, de regarder attentivement les politiques et les pratiques des corps de police, entre autres la Sûreté du Québec ».

Il a rappelé que des enquêtes criminelles sont aussi en cours et qu'elles devraient mettre en lumière les événements de Val-d'Or en particulier.

La première partie de l'enquête publique de la commissaire Buller commencera le 1er septembre prochain et se poursuivra jusqu'au 31 décembre 2018.

Maisy Odjick

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