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«Le Prince de la Nuit»: initiation vampirique

Comme à son habitude, le bédéiste propose des personnages forts, ceux dont se nourrissent les légendes.
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De toutes les créatures démoniaques que l'enfer a vomies sur Terre pour nous tourmenter, le vampire est celui qui me hante le plus et depuis toujours. Plus précisément depuis mon premier visionnement d'Une messe pour Dracula, diffusé aux mythiques 24 heures du 10.

Mais attention, pas les vampires existentialistes d'Anne Rice qui n'en finissent plus de discourir. Et encore moins les romantiques, héros des bluettes pour adolescents, de Stephenie Meyer (Twilight) et autres Lisa Jane Smith (Journal d'un vampire). Non. Les vrais vampires, cruels, impitoyables, suffisants de supériorité et perpétuellement assoiffé comme Dracula ou le terrifiant Prince de la Nuit, Vladimir Kergan, aussi séduisant que cruel.

Les premiers pas du vampire

Après avoir raconté en sept albums le funeste destin du terrible vampire Carpe Kergan, Yves Swolf s'attèle depuis deux albums à ses premiers pas comme mort-vivant.

On se rappelle que dans le tome précédent, le taraboste acceptait, grâce à l'aide de la machiavélique Arkanéa, de se transformer en créature noctambule. Histoire d'assouvir sa vengeance. Malheureusement, la vengeance n'est pas gratuite et, pour le fils de Panaicomes, le prix à payer est de se mettre au service de cette créature maléfique jusqu'à la fin des temps.

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Hélas, si Kergan était, dans une autre vie, ingérable, têtu, impulsif et difficilement contrôlable, il en est de même dans sa nouvelle vie. Il lui est donc de plus en plus difficile de supporter sa maitresse qui tente depuis 800 ans de brider son impulsivité et de mettre le frein sur son besoin de terroriser les hameaux isolés de l'Europe centrale.

Alors qu'il désire s'imposer comme le nouveau fléau de Dieu, sa créatrice, elle, le force à vivre caché dans la clandestinité, loin du regard et de la présence des humains. Une situation humiliante pour le chef de guerre impétueux qui, jadis, a fait trembler les puissantes légions romaines.

Les chants de l'émancipation se font de plus en plus entendre à ses oreilles et ce n'est plus qu'une question de temps avant que cette collaboration infernale explose. Ce qui arrive dans ce 8 tome, sous fond de tension entre l'État de Kiev et la Pologne.

Nouvel opus de la série majeure de Swolfs, Anna est encore un modèle de narration efficace, où se mêlent adroitement suspense, rebondissements, soif de vengeance, conspiration et traitrise.

Comme à son habitude, le bédéiste propose des personnages forts, de ceux dont se nourrissent les légendes.

Si scénaristiquement l'album sait garder notre attention, on ne peut pas en dire autant graphiquement. Comme il l'a fait pour son autre série majeure, Durango, le créateur cède sa plume à un autre dessinateur, Thimothé Montaigne. Or celui-ci semble dépassé par l'univers de la série.

Même s'il réussit à se fondre dans le trait puissant de Swolfs, il lui manque cette assurance qui l'aurait empêché de commettre quelques impairs graphiques et quelques imprécisions qui nuisent au rythme.

Des défauts et un manque d'assurance qui seront sans doute corrigés pour le prochain album. Du moins, espérons-le.

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Le livre maudit

Livre maudit par excellence, Mein Kampf d'Adolph Hitler suscite toujours autant de débats. Rappelons-nous la crise qui avait secoué les démocraties occidentales lors de son entrée en 2016 dans le domaine public.

Pourtant, si on en parle beaucoup, il reste que peu de personnes l'ont lu. Pourquoi alors ce bouquin mal écrit, verbeux et à peine argumenté a autant fait parler de lui?

C'est la question que se pose Claude Quétel, historien et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen en Normandie, dans Tout sur Mein Kampf. À travers 10 passionnants chapitres, l'historien s'intéresse à toutes les facettes du livre publié en 1925-1926. En étudiant, bien sûr, ses propos et ses délires antisémites et racistes, en regardant son influence sur la suite des événements et en analysant son histoire dans les différents pays qui décidèrent de le publier.

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Lecture quasi obligatoire en Allemagne — on le donnait comme cadeau de noces à tous les Allemands qui se mariaient — Mein Kampf a été aussi distribué dans plusieurs pays occidentaux. La France, l'Angleterre, l'Italie, les États-Unis et même la Russie auront des traductions intégrales ou expurgées de ses réflexions. Churchill, de Gaule et même Staline le liront et l'annoteront pour mieux comprendre la pensée de leur adversaire.

Si la partie précédant la Seconde Guerre mondiale est fascinante, c'est véritablement la contemporaine qui vaut le détour.

Avec justesse, Quétel fait le portrait de son retour décomplexé au début des années 90 dans les démocraties occidentales, les anciennes démocraties populaires et dans les pays arabes et asiatiques. Un retour qui gagne en popularité avec l'arrivée d'Internet et de son chaos informationnel.

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À l'aide d'exemples éloquents, Quétel nous mène sur la piste d'un livre maudit qui fait peut-être plus peur maintenant qu'il ne le faisait à l'époque. Un livre qui soulève toujours l'épineuse question de son interdiction. «Faut-il le lire pour autant si on n'est pas un professionnel astreint pour le faire? La réponse est non. On ne peut pas "brûler" Mein Kampf parce que c'est impossible et on ne devrait pas le lire parce qu'il est illisible. Ou plutôt si, qu'on le lise, loin de tout interdit, de toute mise en garde, de toute savante explication. Le livre tombe des mains tout seul.»

Bonne nouvelle, la sympathique revue Planches est enfin de retour. On sait qu'elle avait dû prendre une pause après la publication du numéro 13 suite à des problèmes financiers. Une chance pour nous, la pause est finie et, espérons-le, les problèmes financiers aussi.

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Comme à son habitude le numéro 14 continue d'explorer et de mettre en vitrine toute la richesse et la diversité de notre 9e art. Un numéro surprenant, solide, captivant et inspirant. Un incontournable.

- Swolfs, Montaigne, Le Prince de la Nuit, tome 8 Anna, Glénat.

- Claude Quétel, Tout sur Mein Kampf,Perrin.

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