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«Variations sur un temps» au Quat'Sous: les olympiades de la virtuosité théâtrale (ENTREVUE)

«Variations sur un temps»: Entretien avec Éric Jean (ENTREVUE)
Julie Rivard

En 1996, Marc Labrèche, Élise Guilbault, Luc Picard et Diane Lavallée faisaient partie de l’incroyable distribution de Variations sur un temps, mise en scène par Pierre Bernard au Quat’Sous. Afin de souligner les 60 ans de l’institution avec un œuvre festive et vertigineuse, Éric Jean a choisi de remonter la pièce et de réunir à son tour des acteurs de haut calibre: Anne-Élisabeth Bossé, Daniel Parent, Émilie Bibeau, Mani Soleymanlou, Geneviève Schmidt et Simon Lacroix.

« J’avais envie d’un spectacle anniversaire, comique et intelligent, souligne Éric Jean. Mais en fouillant dans le répertoire des 60 dernières années, j’ai réalisé que le Quat’Sous n’avait pas présenté tant de comédies. Quand je suis retombé sur celle-ci, je me suis souvenu du plaisir que j’avais eu en la voyant. C’est très ludique, tout en étant intelligent et même philosophique par moment. En plus, la pièce n’a pas vieilli. Les textes ont été écrits en 1993, mais on a l’impression qu’ils l’ont été l’an dernier. »

Imaginée par David Ives, l’œuvre est faite de cinq courtes pièces. Dans « Mini-putt ou l’art de la fugue », on retrouvera le même homme à trois moments de sa vie, dans la vingtaine, la trentaine et le début de la quarantaine, alors qu’il drague une femme avec les mêmes phrases et les mêmes blagues. Avec « C’est sûr », les spectateurs assisteront à l’évolution d’un premier rancart entre un homme et une femme, qui reprennent tout de zéro chaque fois qu’une gaffe est commise, jusqu’à ce que la connexion s’établisse.

Viendront ensuite les « Variations sur la mort de Trotsky », une succession d’éléments ayant pu survenir durant les 36 heures qui ont précédé la mort du révolutionnaire soviétique, alors qu’il avait un piolet dans la tête. « La première variation est réaliste, la deuxième est plus folle, la troisième est absurde, la quatrième est presque de l’ordre du feuilleton mexicain et on se rend jusqu’à huit variations. On assiste à une suite de ruptures de ton », explique le metteur en scène.

Puis, place à « Drummondville », une portion où deux hommes vivront tout à l’opposé: l’un sera coincé dans la ville du Centre du Québec, où rien ne lui sourit, alors que l’autre s’activera à Los Angeles, dans le plaisir et l’allégresse. Finalement, on découvrira « Philip Glass à la boulangerie », là où un homme et une femme étireront pendant neuf minutes l’instant de leurs retrouvailles. « C’est une sorte de pastiche des compositions de Philip Glass qui font place à beaucoup de répétitions et de minimalisme », dit-il.

Réflexion sur l’amour, la séduction et le temps qui file entre nos doigts. Histoire aux dimensions multiples. L’œuvre de David Ives, traduite par Maryse Warda, est un fabuleux pied de nez au temps et à ses contraintes. « Au théâtre, tout est question de rythme et de timing, même dans une pièce dramatique. L’auteur a eu envie d’utiliser cette idée, de la décortiquer et de la pousser le plus loin possible. Il s’amuse avec les conventions et on sent qu’il prend plaisir à plonger les acteurs dans le jeu. Ses histoires imposent une implication bien plus physique qu’émotive. C’est sportif! »

La référence aux sports n’est pas anodine. Pour établir un lien entre cinq univers aussi variés qu’éclatés, Éric Jean se sert d’une unité de lieu inspirée du monde athlétique. « On a imaginé un dispositif de casiers d’où émergeront beaucoup de surprises. Un chronomètre délimitera les différentes sections, comme les périodes au hockey. Et quand les spectateurs arriveront dans la salle, ils verront une affiche sur laquelle on a écrit “Variations sur un temps, David Ives, 5 pièces, 6 joueurs”. C’est notre façon de leur dire qu’ils vont assister à un match. »

Pour jouer cette partie théâtrale, le créateur avait besoin d’une distribution bien particulière. « Il me fallait des acteurs au sens comique très fort. J’ai été chanceux, parce que j’ai réuni tous mes premiers choix. Tout le monde pouvait et voulait être dans le projet. C’est extraordinaire! »

La pièce Variations sur un temps sera présentée au Quat’Sous du 5 au 30 octobre 2015. Cliquez ici pour plus de détails.

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