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« Vice et vertu » un époustouflant voyage dans le temps par Les 7 Doigts

Les 7 Doigts ne sont jamais ordinaires, mais là, ils se sont encore surpassés.
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La générosité de la troupe des 7 Doigts est immense, aussi grande que son talent ou que sa créativité.
Vice et Vertu © Photo de courtoisie
La générosité de la troupe des 7 Doigts est immense, aussi grande que son talent ou que sa créativité.

Complètement cirque ! Le festival qui se déroule en ce moment même à Montréal porte très bien son nom, et le dernier spectacle des étonnants 7 Doigts lui fait on ne peut plus honneur.

Les 7 Doigts sont cette fois-ci plus d'une trentaine d'artistes sur scène, et quels artistes! Et quelle scène!

Les artistes sont magnifiques et déploient leurs talents dans les arts circassiens, mais aussi comme acteurs, performeurs, musiciens, chanteurs, et parfois tout en même temps. Quant à la scène, elle est totalement repensée, dans trois ou quatre lieux différents, pour un spectacle qui retrace quelque cent ans d'histoire de Montréal. Cela donne un spectacle époustouflant de plus de trois heures, mais qui passe très vite, et qui laisse le spectateur avec la tête remplie d'images, de musiques, de sensations et d'émotions incroyables...

Faut-il vraiment que le public soit toujours sagement assis face à une scène où les artistes exécutent leurs numéros en attendant les applaudissements ?

Cela fait déjà quelque temps que les arts de la scène tentent de repenser les rapports de l'artiste et du spectateur. Faut-il vraiment que le public soit toujours sagement assis face à une scène où les artistes exécutent leurs numéros en attendant les applaudissements ? Dans tous les spectacles auxquels j'ai pu assister, aucune des tentatives de rompre avec ce schéma traditionnel n'a été aussi réussie que celle de Vice et Vertu par les 7 Doigts. Ici d'ailleurs, si le mélange artistes spectateurs se déroule au cours de trois phases du spectacle, deux reprennent à peu près le protocole classique en mettant plus ou moins face à face une scène et son public.

On l'aura compris, Vice et Vertu est loin d'être un spectacle ordinaire. Les 7 Doigts ne sont jamais ordinaires, mais là, ils se sont encore surpassés.

Et pour un spectacle d'une telle ambition, il fallait un lieu spécial. C'est seulement à la Société des arts technologique (SAT) qu'il pouvait se dérouler en mettant au service des artistes une immense salle avec plusieurs scènes – une très grande et plusieurs autres –, plus un quatuor de jazz et des espaces de déambulation, une autre scène, extérieure, et une troisième dans le fameux dôme circulaire de la SAT qui permet d'agrémenter les performances des artistes de vidéos spectaculaires. Et, que les amateurs de cirque soient rassurés, tous les arts circassiens sont bien présents pour Vice et Vertu, des acrobaties au mas chinois, en passant par les performances d'équilibristes, les trapèzes, les cerceaux, les jongleries et autres diabolos.

La générosité de la troupe des 7 Doigts est immense, aussi grande que son talent ou que sa créativité.

Mais ce qui est particulièrement intéressant, c'est que tout ce talent est mis au service d'une histoire, une histoire vraie même si elle est romancée, celle de Montréal dans ce qui est censé rattacher la ville à sa conception des « bonnes mœurs » au fil des ans. Et l'on passe avec humour du milieu moralisateur du clergé ou de la « Ligue contre l'indécence sociale » au monde interlope qui gravite autour des salles de jeux clandestines, de la prostitution ou des cabarets où l'alcool coule à flots pendant que de l'autre côté de la frontière sévit la prohibition, en passant par les syndicats des ouvrières ou le militantisme pour obtenir le droit de vote des femmes, sans oublier les rapports amoureux hétéros ou homosexuels, dans le cadre du mariage ou pas. L'ensemble joyeux et drôle est placé sous la tonalité des grands films policiers ou des Comics books réalistes. Des acteurs déambulent au milieu des spectateurs, les interpellent et sont frappés soudainement d'immobilisme, dans les postures les plus comiques et caricaturales. Il faut avoir les yeux partout, car le spectacle est partout et est conçu de telle sorte que personne n'est en reste ou ne peut regretter d'en avoir manqué. La générosité de la troupe des 7 Doigts est immense, aussi grande que son talent ou que sa créativité.

Vice et Vertu est un spectacle pour adultes. Il est présenté dans le cadre du festival Montréal Complètement Cirque et des célébrations du 375 anniversaire de Montréal.

Vice et Vertu est à voir jusqu'au 6 août à la SAT à Montréal

Production Les 7 Doigts

Direction artistique et scénario Samuel Tétreault

Mise en scène Isabelle Chassé, Patrick Léonard, Samuel Tétreault

Textes Jean-Pierre Cloutier et Samuel Tétreault

Consultant à la dramaturgie Jean-Pierre Cloutier

Casting & Direction d'acteurs Jean-Pierre Cloutier

Artistes de cirque Maude Arseneault, Eric Bates, Eve Bigel, Mikael Bruyère-L'Abbé, Marie-Ève Dicaire, Melvin Diggs, Geneviève Drolet, Song Enmeng, Pan Shengnan, Catherine Girard, Krin Haglund, Anna Kichtchenko, Patrick Léonard, Nadine Louis, Nicolas Montes de Oca, Tristan Nielsen, Pablo Pramparo, Alexandra Royer, William Underwood

Acteurs Martin Boily, Betty Bonifassi, Gabriel Cloutier-Tremblay, Lady Josephine, Marianne Dansereau, Vincent Roy

Direction musicale Colin Gagné, avec la collaboration de Jean-Sébastien Leblanc

Chef d'orchestre Jean-Sébastien Leblanc

Paroles et musiques originales Colin Gagné, Catherine Girard, Maxime Fortin

Conception sonore et remixes Colin Gagné

Musiciens (et arrangeurs spontanés) Jean-Sébastien Leblanc (clarinette/clarinette basse/chant), Jonathan Gagné (batterie/percussions), Mathieu Roberge (contrebasse/basse électrique), Jeffrey Moseley (guitares), Betty Bonifassi (chant) , Catherine Girard (chant et guitare)

Chant trame musicale satosphère Alexandre Désilets, Mykalle Bielinski

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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