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Les femmes ne sont pas les seules victimes d'agressions sexuelles dans l'armée (VIDÉO )

Les hommes sont aussi victimes d'agressions sexuelles dans l'armée (VIDÉO)

Le récent rapport de l'ex-juge Marie Deschamps révélait l'ampleur du harcèlement et des agressions sexuelles dans les Forces canadiennes. Des cas rarement dénoncés en raison du climat d'omertà qui régnerait dans l'armée en égards aux inconduites sexuelles. Mais les femmes ne seraient pas les seules victimes de ces agressions.

Un texte de Michel Marsolais

Tous les dimanches, Catherine Jacques vient prier devant les cendres de son fils, Louis Tellis, qui s'est suicidé en 2008.

Dans la lettre de suicide laissée à ses proches, Louis Tellis attribue directement son geste à une agression sexuelle qu'il aurait subie dans les Forces canadiennes en 1991.

Un choc traumatique qui l'aurait suivi toute sa vie malgré des années de thérapie et qu'il a longtemps caché à sa famille.

En 1991, Louis Tellis était un jeune soldat à sa première mission en Allemagne. Lors d'une soirée très arrosée à la base de Muensingen, il aurait été agressé sexuellement pendant que des soldats le maintiennent au sol.

« Il y a une personne par bras, une personne par jambe. Ca fait cinq personnes qui le retiennent au sol. Pendant que ça se passe, il y a des gens qui prennent des photos. On est dans un régiment! Tous pour un, un pour tous? L'esprit de corps ? Et personne ne vient l'aider », raconte Catherine Jacques en se basant sur le témoignage de son fils.

« On peut réaliser à quel point mon fils a été traumatisé et détruit psychologiquement par ce genre de conduite absolument inacceptable dans nos forces militaires », s'indigne Mme Jacques.

« La preuve était très claire pour moi, il a été détruit. Il s'est enlevé la vie. Ce n'est pas pour rien qu'il s'est enlevé la vie, il n'était plus capable », estime Sophie-Anne Tellis, la soeur de Louis.

Pourquoi un si long silence?

« On lui a recommandé pour sa carrière de ne pas faire de vagues. C'est gênant pour un homme hétérosexuel. Je veux bien croire qu'il faut en parler, qu'il faut que ça sorte, mais, pour lui ce n'était pas facile d'en parler », plaide la sœur de Louis Tellis.

« C'était une humiliation profonde. On l'a détruit. Pourquoi est-ce qu'on l'a pris, qu'on l'a traité comme ça », renchérit sa mère.

La police militaire a mené une enquête sur l'incident en 2007, mais - en partie à cause des longs délais - elle n'est jamais arrivée à une conclusion.

Après le suicide de Louis, la famille intentera une poursuite pour faire reconnaître l'agression. Neuf militaires sont visés, mais la cause finira par être abandonnée pour des raisons de délais et parce dans une lettre du 22 septembre 2011, la Défense nationale finit par exprimer des regrets sur « l'incident malheureux du mois d'août 1991, alors que Louis était basé à Muensingen en Allemagne ».

La lettre ne précise toutefois pas la nature de l'incident. Selon sa famille, Louis Tellis, qui a terminé sa carrière comme policier à Toronto, était devenu obsédé par cette agression et cherchait à retrouver des témoins.

« Le but était clair. Louis voulait que les gens sachent ce qui s'était passé », assure Anne-Sophie Tellis.

« Ces gens s'en sont tirés avec rien du tout comme conséquences. Et ils ont tout simplement détruit psychologiquement mon fils », conclut Catherine Jacques.

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