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«Assassin's Creed», «Halo», «Call of Duty»: les jeux vidéo rendent-ils vraiment violents? (ÉTUDE/VIDÉOS)

Les jeux vidéo rendent-ils vraiment violent? (VIDÉOS)
Activision

JEUX VIDÉO - Un mois après la tuerie de Newtown, Barack Obama a dégainé mercredi 16 janvier son plan visant à restreindre et réguler la vente des armes à feu aux États-Unis. Vingt-trois décrets en tout et pour tout, avec pour volonté de prévenir les fusillades de masse et à réduire, selon ses dires, "l'épidémie galopante de violence armée" aux États-Unis.

Dans cette perspective, il a également demandé au Congrès de financer la recherche américaine à hauteur de 10 millions de dollars sur les liens éventuels entre la violence et les médias, au premier rang desquels figurent les jeux vidéo selon la NRA, le puissant lobby américains des armes.

"Le Congrès doit financer des recherches sur les effets des jeux vidéo violents sur les jeunes esprits. Nous ne gagnons rien à être dans l’ignorance. Nous ne gagnons rien à ne pas étudier les choses scientifiquement", a notamment déclaré le Président américain.

Un coupable idéal ?

Le massacre de Sandy Hook aura donc achevé de cristalliser les griefs contre les jeux vidéo. Et pour cause. Adam Lanza, l'auteur des 27 meurtres de Newtown, était un adepte des jeux vidéo violents.

En 2011 déjà, le tireur norvégien Anders Breivik avait indiqué lors de son procès qu'il avait préparé son massacre en s'exerçant parfois jusqu'à 17 heures par jour sur le jeu de tir à la première personne, Call of Duty et sur le jeu de rôle World of Warcraft. Mais doit-on pour autant imputer une part de la responsabilité de ces tragédies modernes à ces divertissements ?

En 2011, une étude a bien démontré que les hommes avaient plus de mal à activer les régions du cerveau leur permettant de contrôler leurs émotions et de réprimer leurs comportements agressifs après avoir joué à des jeux-vidéo violents pendant une semaine. Sauf que cette augmentation ponctuelle de l'agressivité ne saurait être spécifique à cette activité.

Dans une tribune pour le quotidien britannique The Guardian, le psychologue britannique Vaughan Bell a ainsi expliqué que "la télévision et même la violence de certaines informations du journal télévisé peuvent avoir un impact similaire aux jeux vidéo violents".

Une accusation d'autant plus vacillante que des recherches ont récemment démontré que les jeux vidéo pouvaient avoir des effets positifs sur le cerveau.

Les jeux violents stimulent la réactivité

Menées par Daphné Bavelier, professeur de neurosciences à l'Université de Rochester (New York), ces études ont montré que la pratique de cette activité pouvait contribuer à améliorer nos fonctions cognitives.

Pour parvenir à une telle conclusion, le docteur Bavelier et son équipe se sont penchés tout particulièrement sur les effets engendrés par la pratique des jeux vidéo dits de "tir à la première personne" (type Call of Duty, Halo, Unreal Tournament, Far Cry, etc.)

Les résultats de l'étude, présentés à l'occasion d'une conférence TED en juin 2012, sont éloquents. Par les reflexes et les prises de décisions rapides qu'ils exigent, les jeux de tir, à l'inverse des jeux de stratégie classiques comme les Sims ou Tetris, pourrait donc aiguiser notre niveau d'attention, nos facultés d'apprentissage, la façon dont nous traitons et trions les informations et nos aptitudes visuelles.

"Les joueurs de jeux d'action sont capables de déceler un petit détail dans un univers encombré. Ils peuvent également distinguer plus facilement différentes nuances de gris", a notamment affirmé le docteur Bavelier. Un dernier point particulièrement important selon elle, puisque ces personnes seront, par exemple, plus à même de détecter la présence d'une voiture devant elles pour freiner à temps dans un épais brouillard.

Si les jeux vidéo aiguisent les réflexes et l'acuité visuelle des joueurs, ne faudrait-il alors pas y voir un facteur de risque supplémentaire? Dans le cas d'individus psychotiques ou à l'agressivité mal canalisée, les jeux vidéo n'auraient-ils pas pour conséquence de rendre ces individus plus puissants dans leurs accès de violence? Ce n'est pas ce que pense Vaughan Bell, et ce, pour une raison statistique.

Les jeux vidéo comme Halo ou Call of Duty sont si populaires dans le monde qu'il est difficile de les lier intimement aux faits de rares personnes dérangées comme ce fut le cas à Aurora ou à Newtown. De la même manière que les tueurs, des millions de gamers ont passé des heures entières à tirer sur tout ce qui bouge devant leur écran sans pour autant mettre leur expérience virtuelle en pratique dans la vie réelle.

Difficile, du coup, de mettre les jeux vidéo au premier rang des accusés.

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