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Vide de contenu, vide de sens: est-ce la politique d’aujourd’hui?

Faisons-en sorte que la politique de demain escamote le vide de contenu et le vide de sens, afin de développer une vraie vision collective.
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Un peu partout, les citoyens se sont exprimés et ont constaté que plusieurs enjeux qui leur tenaient à cœur ont à peine été évoqués ou bien effleurés.
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Un peu partout, les citoyens se sont exprimés et ont constaté que plusieurs enjeux qui leur tenaient à cœur ont à peine été évoqués ou bien effleurés.

Les politiciens sont les mêmes partout. Ils promettent de construire un pont même là où il n'y a pas de rivière. Nikita Khrouchtchev, politicien soviétique

Une autre campagne électorale terminée. Un raz-de-marée caquiste, la débâcle des péquistes et des libéraux, et une montée des solidaires. Plusieurs experts et analystes évaluent et dissèquent la performance de chaque parti, ainsi que leurs bons et mauvais coups. Le constat est sans équivoque. À la une d'un article de Radio-Canada: une campagne basée sur «la surenchère clientéliste», dénoncent des experts.

Un peu partout, les citoyens se sont exprimés et ont constaté que plusieurs enjeux qui leur tenaient à cœur ont à peine été évoqués ou bien effleurés.

Lors de l'émission de Tout le monde en parle du 30 septembre 2018, Luc Lavoie constate qu'«en termes de contenu, c'est probablement la plus médiocre que j'ai jamais vue». Il rajouta par la suite: «il n'y a pas de thème, il n'y a pas de fond». Un peu partout les citoyens se sont exprimés et ont constaté que plusieurs enjeux qui leur tenaient à cœur ont à peine été évoqués ou bien effleurés. Prenons par exemple la santé, l'éducation, mais surtout l'environnement.

L'immigration a tenu le haut du pavé pendant la première partie de la campagne, atteignant son paroxysme au moment de la bourde de François Legault. Ensuite, lors de la deuxième partie de la campagne, Jean-François Lisée a braqué les projecteurs sur lui, lors du dernier débat, en y allant d'une attaque contre Manon Massé parce que Québec solidaire avait un chef caché.

Où est la vision politique?

En somme, cette campagne a laissé plusieurs pantois pour ce qui est d'une vision politique, d'un projet de société ou, tout simplement, pour faire de la politique autrement. Comment les citoyens font-ils pour tolérer une telle insouciance émanant des différents partis? Est-ce que les citoyens prennent le temps de connaître les propositions politiques qui leur sont offertes? Ou bien, est-ce que l'indifférence citoyenne profite aux politiciens de carrière?

En fait, les partis politiques recherchent des hommes ou des femmes qui ont un flair politique, ou plutôt un sens politique. «Or, il est devenu très courant, dans ce milieu, de faire l'éloge d'une personne, que l'on qualifie alors souvent de "brillante", pour son sens politique».

Dans cet article du journal Le Monde, l'auteur poursuit sa réflexion en y allant de sa définition du spécimen qui est doté de ce fameux sens politique: «C'est un individu, souvent habité par une forte ambition personnelle et/ou envieux de la position des personnes de pouvoir, qui fonde sa fulgurance intellectuelle apparente sur la capacité à citer les noms des personnes qui comptent - et leurs positions - sur des dossiers donnés. Ce savoir-faire n'est pas attaquable en soi, mais le problème, si l'on y voit (...) un problème, réside dans l'absence de projet politique accompagnant l'ambition dudit individu. Or, ce dernier fait de plus en plus illusion dans un monde où la soumission à l'impératif de court terme et de l'urgence, d'une part, et l'incohérence présentée comme pragmatisme, d'autre part, sont devenues les marques du génie politique.»

«La résultante de tout cela fait en sorte que la confrontation de visions claires aurait le mérite de donner du contenu à la délibération politique et d'éclairer les choix des électeurs qui n'ont aujourd'hui d'autre alternative que de se raccrocher à la personnalité des candidats tels que présentés par les médias et leurs "amis". Ils ne doivent en fin de compte leur notoriété qu'à ce fameux sens politique.»

Oui, les partis politiques font preuve de clientélisme, car ils ne savent pas comment rallier la population à une cause ou à une progression de la société qui mènera vers une vision qui rassemblera plutôt que de diviser.

La politique québécoise des 50 dernières années a déchiré, plutôt qu'uni, la population. D'un côté nous avions les libéraux et de l'autre les péquistes, dont leur vision de la société se confronta presque jusqu'au point de rupture du Canada. Pouvions-nous parler d'un dessein porteur d'espoir et d'avancement pour la société? Oui, pour plusieurs d'entre nous. Non, pour les autres.

Faut-il pour autant se laisser abattre par un tel état de fait? Pas du tout. La politique façonne notre vie au quotidien, même pour ceux et celles qui n'y voient qu'un univers de menteurs, de profiteurs et de fabulateurs. Elle est l'outil dont s'est dotée la démocratie pour que nous puissions jouir de notre liberté.

Parfois la joute politique est imparfaite, voire même incohérente. Cependant, il faut plus que jamais passer aux actes, contester le statu quo et barrer la route de prévaricateurs qui alimentent l'indifférence des uns et des autres à l'égard des enjeux publics.

Faisons-en sorte que la politique de demain escamote le vide de contenu et le vide de sens, afin de développer une vraie vision collective.

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