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Mon amoureux a une fille de 8 ans. Elle s'appelle Claire. Je la vois tous les 15 jours, elle vit chez sa mère. Tout se passe très bien, je crois. Depuis le début avec elle tout est très naturel. Elle aime tous ceux qui aiment son père et sont aimés par lui.
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Ce billet est un témoignage d'un homosexuel français au lendemain de l'adoption du mariage gai. Il a été initialement publié sur le HuffPost.fr.

C'est moi ou l'air est plus léger ce matin ? J'ai même vu des sourires inhabituels dans le métro. C'est le printemps ou la Loi pour le mariage gay enfin votée en France, hier à 17h30 ? Je suis content, j'ai enfin le droit de ne pas me marier. Je suis content, le mariage est enfin civil, républicain, égalitaire et n'est plus seulement un sacrement religieux. Mais dans cette affaire, je ne considère pas que Dieu ait perdu. On n'a jamais autant parlé de Dieu, de l'idée de Dieu, et c'est une bonne nouvelle, quoi qu'on dise. Dieu est et doit rester amour. Et puis, il faut le dire, relire Mathieu par exemple, la famille n'est pas et n'a jamais été une valeur chrétienne. Le sang n'est pas non plus une valeur chrétienne. Ce qui est profondément une valeur chrétienne, c'est l'adoption. La Bible ne dit et ne montre que ça.

Donc je ne vais pas me marier mais je le pourrais, désormais la loi française m'y autorise. J'ai un fiancé, un amoureux que j'aime avec qui je veux vivre, je pourrais le demander en mariage.

Mais je le le ferai pas. J'ai manifesté pour "le mariage pour tous", j'ai manifesté contre l'homophobie, j'ai fait ce que j'ai pu avec mes moyens, j'ai posté des trucs sur Facebook, sur mon blog, écrit quelques papiers ici même dans le Huffington Post mais mon désir profond ne va pas au mariage.

Je suis homosexuel et de ce fait je suis dans la marge. Mes amis homosexuels sont libres de vouloir sortir de cette marge, je respecte cela, mais ce n'est pas pour moi. Je ne me sens supérieur en disant ça, cette marge dont je parle n'est pas supérieure, ni inférieure, c'est un à côté, mon à côté.

Mon amoureux a une fille de 8 ans. Elle s'appelle Claire. Je la vois tous les 15 jours, elle vit chez sa mère. Tout se passe très bien, je crois. Depuis le début avec elle tout est très naturel. Elle aime tous ceux qui aiment son père et sont aimés par lui.

Un jour je me promenais avec mon fiancé et Claire, nous étions à la campagne. Je faisais un bout de chemin avec Claire, mon fiancé était allé chercher la voiture. Un ami très proche m'a appelé. J'ai décroché et j'ai dit : "Hello mon chéri, comment ça va ?" Nous nous sommes parlés pendant cinq minutes environ. Après nous avons retrouvé mon fiancé et sommes montés dans la voiture. Le soir j'ai préparé le dîner, Claire était plongée dans sa lecture de Mickey Magazine. A table elle n'a presque rien dit. On s'est dit qu'elle était fatiguée. On se sait pas ce que se passe dans la tête des enfants. Plus tard mon amoureux est allé coucher sa fille, lui lire une histoire. Il est revenu en souriant : "Claire veut te parler, elle a l'air très sérieuse". Je me suis senti convoqué, c'était la première fois.

- Qu'est-ce qu'il y a, Claire, tu veux me parler ? ça va ?

- Non, ça ne va pas, Olivier.

- Ah bon, tu veux en parler ?

- Tout à l'heure, quand tu étais au téléphone, tu t'en souviens ?

Le fait est que je ne m'en souvenais plus...

- Sur le chemin où y'avait des ânes !

- Ah oui, je m'en rappelle. Eh bien ?

- Eh bien tu as dit "mon chéri" ! C'est pas mon papa ton chéri ?

J'ai failli exploser de rire mais j'ai vu que le regard de Claire était grave et inquiet...

- Mais non, "mon chéri" c'est juste une expression... c'était un ami...

J'avais l'impression de me justifier devant un petit tribunal.

- Eh bien moi, à l'école, je n'ai qu'un chéri.

- Mais tu sais, Claire, mon vrai chéri c'est ton papa.

En disant ça je lui décrochais un sourire mais de justesse. Elle continuait de réfléchir.

- Alors tu as des faux chéris ?

- Peut-être bien... mais je n'en ai qu'un vrai.

- Et vous allez vous marier avec mon papa ?

- Je ne sais pas, c'est pas prévu. Peut-être que non.

- Tu veux te marier toi, Claire, plus tard ?

- Je ne sais pas. Peut-être que non. Tu veux me lire la fin de mon histoire ?

- Oui

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