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La violence envers les travailleuses et travailleurs du sexe fait violence à tous

La Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux travailleuses et travailleurs du sexe fut lancée en 2003 afin d'honorer la mémoire de plus de 48 travailleuses du sexe assassinées par un prédateur meurtrier...
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La Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux travailleuses et travailleurs du sexe fut lancée en 2003 afin d'honorer la mémoire de plus de 48 travailleuses du sexe assassinées par un prédateur meurtrier à proximité de Seattle, dans l'État de Washington.

Le tueur affirma avoir ciblé les travailleuses du sexe, car il savait qu'il s'en tirerait indemne et que personne ne s'inquiéterait de leur disparition. La criminalisation ainsi que la stigmatisation engendrée par cette dernière qui alimentaient la violence envers les travailleuses du sexe en 2003 continuent de sévir aujourd'hui.

Depuis 2003, la journée du 17 décembre permet aux collectivités à travers le monde de s'organiser, d'honorer les travailleuses et travailleurs du sexe victimes de violence et de prendre part à la lutte continue afin d'assurer une reconnaissance et de meilleures conditions de travail pour les personnes impliquées dans l'industrie du sexe. Elle est également une occasion pour nous d'inciter les représentants élus du gouvernement ainsi que nos collectivités à prioriser le droit à la sécurité des travailleuses et travailleurs du sexe et à abroger les lois qui favorisent la violence à leur égard.

Il y a bientôt deux ans jour pour jour, les travailleuses et travailleurs du sexe du Canada, les individus avec qui nous travaillons ainsi que les personnes alliées à notre cause célébraient une grande victoire à la Cour suprême avec la décision Bedford. Les juges invalidèrent trois lois importantes sur la prostitution et déclarèrent qu'elles étaient inconstitutionnelles et néfastes pour la sécurité des travailleuses et des travailleurs du sexe. En dépit de cette décision, le gouvernement conservateur adopta une nouvelle série de lois criminelles faisant fi du jugement rendu dans le cas Bedford l'année suivante -

la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d'exploitation (anciennement le projet de loi C-36).

Les nouvelles lois encadrant le travail du sexe reproduisent la plupart des torts identifiés par la Cour comme facteurs contribuant à la violence institutionnelle à l'égard des travailleuses et travailleurs du sexe. Depuis la mise en place de ces lois, les travailleuses et travailleurs du sexe affirment vivre plus d'anxiété, de peur et d'hostilité policière. Ces lois obligent les travailleuses et travailleurs du sexe à exercer leurs fonctions seuls, à être moins visibles et à renoncer aux mesures de sécurité. Les travailleuses et travailleurs du sexe les plus durement touchés par l'hostilité et la répression policière dans ce nouveau contexte juridique sont les personnes racisées et migrantes ainsi que les personnes travaillant dans la rue. Ces nouvelles lois exemplifient la violence institutionnelle et étatique à l'égard des travailleuses et travailleurs du sexe.

Lutter contre la violence à l'égard des travailleuses et travailleurs du sexe - dont les travailleuses et travailleurs du sexe trans - devrait s'inscrire dans un contexte élargi de lutte contre la violence à l'égard des communautés marginalisées et sexospécifiques. Cette édition de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux travailleuses et travailleurs du sexe est une occasion pour les représentants élus du gouvernement et le public de faire leur part afin de mettre un terme à cette violence constante.

Les arrestations, les détentions, les déportations et la surveillance policière des espaces publics sont dangereuses pour les personnes concernées par la violence policière, particulièrement les travailleuses et travailleurs du sexe noirs, autochtones, migrants, trans ou qui consomment de la drogue. Le déplacement des travailleuses et travailleurs de rue entraîné par la criminalisation des clients ne met pas fin à l'existence du travail du sexe et fait de nous des cibles plus faciles pour les prédateurs violents.

Les perquisitions effectuées dans les lieux de travail et qui peuvent conduire à la déportation des personnes migrantes doivent cesser. Les interdictions liées à nos lieux de travail nous privent de tout recours en matière de droit du travail et nous rendent plus vulnérables à la violence sexospécifique et à l'exploitation salariale; ces lieux doivent être décriminalisés et les personnes qui dépendent du travail du sexe en raison de contraintes à l'emploi doivent avoir un salaire convenable et un logement abordable.

Les nouvelles lois sur le travail du sexe établies afin d'«abolir l'industrie du sexe» mettent nos vies en péril. Nous incitons vivement nos collectivités et nos gouvernements à démontrer qu'ils ont à cœur le bien-être de ces femmes, de ces hommes, de ces personnes trans et de ces personnes bispirituelles, et ce, peu importe leur façon de toucher un revenu. L'abrogation de ces lois est une première étape essentielle, mais notre engagement doit être continu afin d'éliminer la violence à l'égard des travailleuses et travailleurs du sexe.

Le soutien des droits des travailleuses et travailleurs du sexe nous demande de reconnaître que les travailleuses et travailleurs du sexe font partie de nos quartiers et que nous avons à cœur la sécurité et la sûreté de tous nos résidents. Il implique également d'opposer le mauvais traitement des travailleuses et travailleurs du sexe de nos quartiers par les forces de l'ordre et de ne pas contribuer à leur stigmatisation ou à celle de leurs clients. Appuyez les travailleuses et travailleurs du sexe dans notre lutte pour la dignité et la reconnaissance de nos droits en prenant part à nos actions à travers le Canada le 17 décembre prochain.

Sandra Wesley est la directrice générale de Stella, l'amie de Maimie. Stella est un groupe communautaire créé et géré par et pour des travailleuses du sexe de Montréal.

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