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Débat sur la perfusion de vitamine C: s’élever au-dessus des positions divergentes

L’OMS présente l’usage des approches complémentaires comme une solution pour faire face aux défis auxquels sont confrontés tous les pays, dont le Canada, en ce qui concerne le traitement des maladies chroniques et les coûts exorbitants des soins de santé.
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L’Institut Fraser documente périodiquement la prévalence d’utilisation des approches complémentaires dans toutes les provinces canadiennes, ce qui nous permet d’observer qu’au Québec comme ailleurs, c’est la majorité des citoyens qui en font usage, en plus des soins et des services offerts par les systèmes de santé.
Bhakpong Rattanasaroj / EyeEm via Getty Images
L’Institut Fraser documente périodiquement la prévalence d’utilisation des approches complémentaires dans toutes les provinces canadiennes, ce qui nous permet d’observer qu’au Québec comme ailleurs, c’est la majorité des citoyens qui en font usage, en plus des soins et des services offerts par les systèmes de santé.

La Coalition citoyenne pour l'accès à la Santé Intégrative au Québec est préoccupée par le débat qui s'est enflammé sur les réseaux sociaux, au sujet de la demande citoyenne pour l'accès au traitement par perfusion de vitamine C, où s'affrontent les divergences d'opinions. Bien entendu, les menaces et l'intimidation ne sont pas tolérables même si elles figurent parmi les effets pervers des réseaux sociaux.

À titre de coalition d'organismes représentant des citoyens pour l'accès à l'approche de santé intégrative, nous appelons tous les acteurs impliqués de près ou de loin dans ce débat à s'élever au-dessus des positions divergentes afin d'entendre l'essence de cette demande citoyenne.

Ne perdons pas de vue que la pétition de Nathalie Prudhomme demandant l'accès à la perfusion de vitamine C en complémentarité avec la chimiothérapie, a déjà permis d'amasser près de 116 000 signatures au moment d'écrire la présente lettre.

Ce nombre de signataires n'est pas négligeable et représente la position favorable des Québécois à l'égard des approches complémentaires.

Prévalence d'utilisation des approches complémentaires

L'Institut Fraser documente périodiquement la prévalence d'utilisation des approches complémentaires dans toutes les provinces canadiennes, ce qui nous permet d'observer qu'au Québec comme ailleurs, c'est la majorité des citoyens qui en font usage, en plus des soins et des services offerts par les systèmes de santé.

Au surplus, des études mettent en lumière 93% des personnes atteintes de cancer ont recours aux approches complémentaires en plus des traitements conventionnels d'oncologie. Ces chiffres nous permettent-ils de présumer que les 116 000 signataires représentent un groupe marginalisé? Ce qui soulève une autre question, à savoir en quoi les Québécois seraient plus fragiles ou plus à risque d'utiliser des approches complémentaires comparativement aux résidents des autres provinces ou des États-Unis?

C'est tout de même 7 provinces sur 10 qui ont modifié, depuis plusieurs années déjà, l'encadrement des pratiques professionnelles afin d'encourager la recommandation d'approches complémentaires parmi l'ensemble des approches thérapeutiques pour le traitement de différentes maladies.

La gestion de la douleur chronique et la prévention du mésusage des opioïdes représentent des exemples probants de l'apport sécuritaire des approches complémentaires.

D'autre part, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) présente l'usage des approches complémentaires comme une solution pour faire face aux défis auxquels sont confrontés tous les pays, incluant le Canada, en ce qui concerne le traitement des maladies chroniques et les coûts exorbitants des soins de santé.

Les grands axes de la stratégie de l'OMS font appel aux États membres, afin qu'ils procèdent au développement des compétences des professionnels de la santé par l'offre de formations universitaires en lien avec les approches complémentaires et l'approche de santé intégrative, l'encadrement légal et la formation universitaire de certaines pratiques (naturopathie, ostéopathie, etc.), l'offre d'approches complémentaires au même titre que les soins et les services conventionnels par les réseaux de santé, notamment pour réduire la barrière à l'accès, le respect des préférences de traitements des patients désormais considérés comme de véritables partenaires de leur santé.

Le recours aux approches complémentaires permet aussi de contribuer positivement aux initiatives de déprescription, selon l'OMS. Il ne faut toutefois pas comprendre qu'il s'agit d'opposer les approches pharmaceutiques aux approches non pharmaceutiques. Il est ici question d'offrir aux citoyens la possibilité de se soigner selon leur préférence, et ce, de manière sécuritaire, comme réduire les risques associés à certains médicaments, par exemple, les opioïdes.

La santé intégrative préconise la complémentarité des approches et non pas l'opposition.

Comment peut-on souhaiter encourager l'autogestion de la maladie quand les citoyens ne sont pas entendus quant à leurs demandes d'avoir accès à d'autres approches thérapeutiques en complémentarité avec les approches pharmaceutiques? Il ne s'agit plus d'une guerre d'approches thérapeutiques, mais d'une solution et d'un droit des Québécois d'être considérés comme des acteurs capables de prendre des décisions quant à leurs soins et d'être soutenus respectueusement et sans jugement dans l'autogestion de leur maladie.

Quant à la question des données probantes, nous sommes d'avis qu'il s'agit d'une dimension importante de l'équation. Mais ce n'est pas parce que le nombre d'études n'est pas élevé par rapport à un traitement que la solution et la sécurité passent par l'interdiction. Si c'était le cas, on s'entend que très peu de médicaments seraient accessibles.

Les soins et les services offerts par un système de santé passent préalablement par la voie de l'expérimentation scientifique des approches pharmacologiques et non pharmacologiques avant d'être dispensés à toute une population. Il s'agit d'un processus scientifique qui génère des données probantes, mais qui demande, au préalable, des expérimentations cliniques. Il est assez rare, pour ne pas dire impossible de générer des données probantes par l'interdiction d'une approche thérapeutique.

Le «feu» registre Cannabis Québec en est un bon exemple. Cette démarche a permis de documenter l'utilisation thérapeutique du cannabis pour le traitement de différentes affections par l'observation expérimentale de son usage par les Québécois. C'est à la suite de cette expérimentation que le Collège des médecins du Québec a modifié les lignes directrices en lien avec la prescription de cannabis médical au Québec.

Il ne faut pas perdre de vue non plus que le concept des données probantes inclut aussi la personnalisation des traitements et le jugement clinique.

Cette lettre ouverte nous amène à demander publiquement au gouvernement québécois d'entendre les demandes des citoyens en ce qui concerne l'accès aux approches complémentaires. Nous demandons à tous les partis politiques de s'élever au-dessus de cette situation malencontreuse et de tenir une commission parlementaire d'une journée pour étudier la question des approches complémentaires et l'implantation de l'approche de santé intégrative au Québec.

En conclusion, la tenue d'une telle commission parlementaire servirait fort bien l'intérêt public, selon nous.

Signataires:

- La Coalition citoyenne pour l'accès à la Santé Intégrative au Québec (CCASIQ)

- Monsieur Pierre Blain, président directeur général, Les Usagers de la santé du Québec

- Membres de la CCASI:

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