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Vivre sans eau potable au Québec en 2015

Vivre sans eau potable au Québec en 2015

« Regarde, des pistes d'orignal! » s'exclame le maire de La Martre, Yves Sohier, qui nous accompagne à la source d'eau de surface qui alimente son village. Les quelques mètres cubes d'eau ont visiblement servi de pataugeoire à des animaux. « Ensuite, cette eau-là décolle et elle s'en va au village », déplore le maire.

Un texte d'Ariane Perron-Langlois avec la collaboration d'Isabelle St-Pierre Roy

À l'autre extrémité du réseau d'aqueduc, l'eau crachée par les robinets est contaminée aux coliformes fécaux. Les quelque 250 citoyens de La Martre doivent donc la faire bouillir ou acheter des bouteilles. Un couple âgé renonce parfois à donner le bain à ses petits-enfants en voyant l'eau qui emplit la baignoire prendre une couleur café. Ce rituel dure depuis 15 ans.

La situation au Québec :

Dans 38 municipalités, des avis de faire bouillir l'eau ou de non-consommation de l'eau potable sont en vigueur depuis 6 mois ou plus. Dans plus de la moitié des cas, les avis sont en vigueur depuis plus de cinq ans.

  • Ces avis sont transmis par les responsables d'installations de distribution d'eau potable municipales.
  • Données en date du 14 octobre 2015
  • Sources : ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec et ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire

Le nombre de municipalités aux prises avec des problèmes d'eau potable est, dans les faits, plus important que la carte ne le laisse entendre. Les résidents de nombreuses autres municipalités reçoivent des avis de faire bouillir l'eau à répétition. Toutefois, deux semaines après notre demande d'information, le ministère de l'Environnement n'avait toujours pas fourni la liste des municipalités dans cette situation.

L'eau potable, trop chère?

Le ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire (MAMOT) gère trois programmes pour aider financièrement les municipalités à remettre à niveau leurs infrastructures d'eau potable.

Programmes d'aide financière pour les infrastructures d'eau potable :

  • Programme d'infrastructures municipales d'eau (PRIMEAU)
  • Fonds des petites collectivités du Fonds Chantiers Canada-Québec
  • Programme de la taxe sur l'essence et de la contribution du Québec (TECQ 2014-2018)

Le Programme d'infrastructures municipales d'eau (PRIMEAU) a été bonifié en mai 2015 pour aider les petites municipalités à mettre aux normes leurs installations d'eau potable. Désormais, Québec peut payer jusqu'à 95 % de la facture pour les municipalités de 6500 habitants et moins présentant une situation financière difficile.

Auparavant, le gouvernement provincial ne payait pas plus de 85 % du coût de ces projets. Or, de nombreuses petites municipalités, dont La Martre, n'avaient tout simplement pas les moyens de payer la différence. « C'était trop cher », tranche Yves Sohier. Le projet d'aqueduc coûtera 6 millions de dollars, alors que le budget de sa municipalité ne dépasse pas 400 000 $. Toutefois, avec la bonification du programme PRIMEAU, Québec payera 95 % de la facture et la municipalité peut aller de l'avant. Les citoyens de La Martre verront tout de même leur taxe d'eau passer de 100 $ à 400 $ par année.

« On aurait dû l'avoir avant-hier! »

La Rédemption, dans La Mitis, fait partie des municipalités qui connaissent des avis d'ébullition à répétition. Le maire, Hervé Lavoie, souhaite construire une usine de filtration d'eau, au coût de 1,9 million de dollars, pour que l'eau du village soit bonne à l'année. Il est exaspéré par les délais dans l'octroi de l'aide financière par Québec. « C'est hier, avant-hier, qu'on aurait dû l'avoir », ironise-t-il.

« Les gens sont écoeurés! On vit au Québec en 2015, et ça prend du temps à organiser de l'eau potable pour la population. Ça devrait se voir dans un pays pauvre, pas ici. »

— Hervé Lavoie, maire de La Rédemption

Une porte-parole du MAMOT confirme que le ministère a accordé une priorité d'aide financière à 61 projets dans le cadre du PRIMEAU depuis le printemps 2014. Une soixantaine d'autres municipalités ont plutôt choisi de financer leurs projets par le programme de la TECQ.

Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, n'était pas disponible pour une entrevue.

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