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Ward/Nantel: personne à blâmer

Si n'importe qui peut poursuivre n'importe quel humoriste qui fait un gag à la TV, sous prétexte de droit ou de diffamation, qu'est-ce qui peut passer à la TV? Desde chèvres? Encore là, la SPCA doit avoir de bons avocats...
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L'affaire Ward-Nantel ce n'est que la pointe de l'iceberg. Un immense icerberg qui commence tranquillement à émerger au grand public.

Au Québec, on reçoit des mise en demeure si on donne son opinion (je sais de quoi je parle), des journalistes reçoivent des poursuites en diffamation, des chroniqueurs se font demander de ne pas aborder tel sujet...

Depuis des années, les chaînes de télévision demandent à changer les numéros des shows d'humour, que ce soit des galas ou des one man show captés.

Ce n'est pas nouveau. Ça, le public l'ignore. Il ignore que pour un numéro qui passe à la TV, plusieurs versions sont nécessaires. Enlever et changer des mots, éviter les marques, ne pas pointer une religion du doigt etc.. C'est une chose «normale».

Selon moi le problème, ce n'est pas les avocats ou les assureurs, mais la loi qui permet de poursuivre n'importe qui pour n'importe quoi.

Je ne connais pas les lois de fond en comble, je ne suis pas juriste. J'ai seulement eu droit à un résumé quand j'ai été moi-même pris dans une histoire du genre.

L'affaire Jeremy-Ward, où une commission traîne un humoriste en cours sans que le plaignant ne dépense un seul sous, est totalement injustifiée.

Ward doit dépenser des milliers de dollars en avocat, pendant que Jeremy est défendu gratuitement.

Si Jeremy avait dû payer son avocat, ils n'en seraient pas là, du moins, la bataille serait égale. Pour moi, poursuivre une humoriste est une chose, le faire quand tes avocats travaillent gratuitement en est une autre.

Sans moyen, Ward n'aurait pas pu se défendre.

Si n'importe qui peut poursuivre n'importe quel humoriste qui fait un gag à la TV, sous prétexte de droit ou de diffamation, qu'est-ce qui peut passer à la TV? Des jokes de chèvres? Encore là, la SPCA doit avoir de bons avocats...

J'ai déjà eu à enlever des gags pour un show TV qui avait été acheté par un diffuseur. J'étais la productrice du spectacle. Si je n'enlevais pas les gags, je n'étais pas assurée, donc en cas de poursuite je pouvais avoir à débourser des dizaines de milliers de dollars en avocat.

L'aurais-je fait au nom de la liberté d'expression? Aurais-je perdu ma maison et tout ce que j'ai au nom de la liberté d'expression? Non. Trop un gros risque pour moi. Les gags ont été changés, d'autres supprimés.

Pourquoi? Parce que n'importe qui avec du cash pouvait me poursuivre. La loi est ainsi faite.

Quand Francois Lambert m'a envoyé une mise en demeure, j'ai décidé de ne pas me la fermer, au nom de la liberté d'expression. Ça m'a coûté aux alentours de 5 000$ cette histoire.

Pour certains 5 000$ c'est énorme, pour d'autres ce n'est rien. Pour moi c'était 5 000$ que j'aurais pu mettre ailleurs. Mais j'y tenais. On n'allait pas me faire taire par la peur... Le hic? Ça aurait pu me coûter 10-20-50 000$ en avocat s'il y avait eu suite. Parce que la loi est ainsi faite.

Pour les Olivier, après réflexion, c'est comme s'il n'y avait personne à blâmer. L'assureur fait son travail. La compagnie ne veut pas perdre 100 000$ en frais de poursuite. L'APIH suit les règles de Radio Canada et Radio Canada prend un assureur pour éviter de gaspiller des milliers de dollars en frais de poursuite.

Alors qui d'autre est à blâmer?

Personnellement, je blâme la loi qui nous permet, avec du cash ou une commission de défense quelconque, de poursuivre une autre personne ou un producteur pour un gag, pour de l'humour.

Puis je réfléchis encore.

La ligne de l'acceptable est oú? Quand peut-on dire que c'est trop? Tant que ça ne nous touche pas, ce n'est pas trop.

Dieudonné va t-il trop loin? Certains diront que oui, d'autres non. Pareil pour Ward.

Un éternel débat.

En attendant, toujours est-il que nous aurons un gala sous le signe de la controverse, qui permet une bonne réflexion de société.

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