Malgré une actualité morose, je vous propose de marquer la Journée international pour l'élimination de la pauvreté en jetant un coup de projecteur sur une nouvelle encourageante : la pauvreté a atteint son niveau historique le plus bas. Les progrès sont immenses. De 1990 à 2015, le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté a été réduit de moitié, passant de 1.9 milliards à 836 millions de personnes. C'est une excellente nouvelle. Mais la bataille n'est pas gagnée pour autant. Il nous faut mieux comprendre les causes de la pauvreté qui subsiste encore aujourd'hui et réfléchir aux moyens d'y répondre.
La pauvreté n'est pas uniquement une question d'argent disponible. Le revenu entre bien sûr dans le calcul de la pauvreté, mais il n'est de loin pas le seul facteur. Être né pauvre implique une lutte quotidienne non seulement pour gagner de quoi subvenir à ses besoins mais aussi dans de nombreux autres domaines, notamment l'accès à une éducation de qualité, à des soins médicaux et à des biens et services à des prix raisonnables. Saviez-vous que les habitants des bidonvilles paient l'eau potable au prix fort ? Et que les pauvres empruntent à des taux d'intérêt plus élevés ?
Si vous êtes pauvre, vous avez de fortes chances de vivre dans un quartier défavorisé, mal desservi par les transports publics et les réseaux téléphoniques, avec un accès limité à Internet, sans écoles de qualité et disposant de peu de commerces. Il en découle toute une série de conséquences sociales et économiques. Abandon scolaire, ségrégation, choix restreint de biens et de services, longs trajets entre le domicile et le travail, qui empiètent sur le temps consacré à la vie familiale, l'éducation et même les heures de travail rémunérées...
L'argent seul n'est pas la solution. Nous devons bâtir des sociétés qui permettent à chaque habitant de la planète de mener une vie décente et juste.
Chaque année, l'ONU célèbre la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté. Ce jour mérite d'être mis à l'honneur. La lutte mondiale contre la pauvreté est un effort collectif fondé sur notre humanité commune. Il démontre notre respect pour les droits de l'homme et la dignité humaine. La bonne nouvelle, c'est que chacun d'entre nous peut contribuer à cet objectif. Il ne s'agit pas de charité ou de philanthropie mais plutôt de créer des sociétés qui permettent à chacun de réaliser pleinement son potentiel. Il s'agit de donner à chacun le pouvoir de choisir la vie qu'il veut et de disposer à terme de vraies opportunités.
Concrètement, comment y arriver ? Les Etats et les institutions ont bien sûr leur rôle à jouer, mais chacun d'entre nous peut aussi faire sa part. Donner, partager, construire, transformer, inviter, changer, enseigner, découvrir, parrainer, participer, manifester, réfléchir, débattre, rechercher ou écrire sont autant de moyens de construire un monde sans pauvreté. C'est à nous de jouer ! De plus, en aidant les autres à sortir de la pauvreté, c'est en réalité nous-mêmes que nous aidons. Car lorsque les individus s'enrichissent, la collectivité entière s'enrichit par la même occasion !