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Avec son budget 2014, l'Italie tente timidement d'inverser la vapeur

Avec son budget 2014, l'Italie tente timidement d'inverser la vapeur
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Le gouvernement de coalition d'Enrico Letta a fait approuver vendredi son budget pour 2014, présenté comme allant à l'encontre de la tendance à l'austérité des dernières années, mais déjà critiqué par patronat et syndicats pour sa timidité.

Le projet a été adopté à une large majorité à la Chambre des députés, lors d'un vote de confiance, décidé par l'exécutif de M. Letta pour éviter de nouveaux amendements.

Le vote d'une première mouture en novembre avait été marqué par des tensions dans la majorité et le passage à l'opposition des fidèles de Silvio Berlusconi. Dans un climat apaisé, le Sénat devrait donner lundi son feu vert définitif au texte.

Intervenant devant la presse italienne après le sommet européen de Bruxelles, M. Letta a défendu les mesures adoptées: "tout le monde demande quelque chose mais le risque (en disant oui à tous) serait la faillite de l'Etat italien".

"Pour la première fois, le budget fournit des ressources à l'économie avec des investissements et réduit les impôts sur le travail et sur les familles", a assuré le ministre de l'Economie Fabrizio Saccomanni, estimant qu'il "représente une inversion de tendance", tout en "respectant les engagements européens que se doit de tenir un pays très endetté".

La Commission européenne s'est inquiétée en novembre des risques de dérapage de la dette italienne, attendue à 134% du PIB l'an prochain, un niveau record.

Les mesures budgétaires incluent la création d'un fonds de réduction de la pression fiscale qui sera financé par les économies sur la machine de l'Etat à tous les niveaux et la lutte contre l'évasion fiscale.

Des incitations à l'embauche sont également prévues ainsi que l'introduction d'un système expérimental d'aides (cartes d'achat subventionnées) pour les plus pauvres.

Tout ceci sera financé notamment par une taxe de solidarité sur les "retraites dorées" qui sera de 6% au-dessus d'un plafond de revenus de 90.168 euros annuels et augmentera ensuite en proportion. Une contribution de solidarité supplémentaire de 3% est aussi prévue pour les revenus supérieurs à 300.000 euros.

Un fonds de garantie public sera instauré pour permettre aux entreprises et familles d'obtenir des prêts plus facilement.

Malgré "des éléments positifs", ces mesures ont été jugées "insuffisantes pour faire repartir le pays" par le chef du patronat Giorgio Squinzi qui a parlé d'"occasion manquée".

"Ce budget ne prend pas en compte les problèmes urgents, rien n'est fait pour relancer l'économie, très peu pour réduire les impôts", a déploré l'économiste Tito Boeri qui enseigne à la Bocconi de Milan.

Luca Paolazzi, directeur du centre de recherche de Confindustria a estimé aussi que "bien davantage aurait dû être fait pour stimuler la croissance".

Selon Confindustria, l'Italie est comme "au sortir d'une guerre": le PIB s'est contracté de 9,1% depuis 2007, elle compte 7,3 millions de personnes totalement ou partiellement sans emploi, le double d'il y a six ans (le chômage officiel dépasse les 12%).

Les syndicats ont été tout aussi pessimistes sur l'impact du budget: Susanna Camusso, chef de la Cgil (gauche), a dénoncé une "addition de normes en faveur de petits lobbies" alors qu'elle réclamait "moins d'impôts pour les salariés, les retraités et les entreprises".

"Moi aussi je voudrais (faire) davantage, on le fera l'an prochain", a rétorqué M. Letta, en martelant que la récession est terminée.

"Tous les indicateurs montrent une inversion de tendance, 2014 sera l'année de l'accélération". Le gouvernement table sur une croissance de 1,1% pour la troisième économie de la zone euro l'an prochain mais certains économistes sont moins optimistes.

Les indicateurs des derniers jours dépeignent un tableau mitigé avec une baisse des ventes au détail en octobre et une timide hausse des commandes à l'industrie. "Espérons que la reprise viendra", a dit l'économiste en chef de l'OCDE Pier Paolo Padoan, prévoyant "une croissance à plusieurs vitesses mue par des moteurs tournant à un rythme plutôt faible".

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