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Bien communiquer avec son médecin, c'est bon pour la santé

Bon nombre de gens considèrent les médecins comme des experts de la médecine en tant que «science». En 30 ans de métier comme omnipraticienne, j'ai appris que maîtriser l'«art» de la médecine est tout aussi important. Et que la relation thérapeutique que nous entretenons avec nos patients en constitue le fondement.
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Bon nombre de gens considèrent les médecins comme des experts de la médecine en tant que « science ». En trente ans de métier comme omnipraticienne, j'ai appris que maîtriser l'« art » de la médecine est tout aussi important. Et que la relation thérapeutique empreinte de sollicitude que nous entretenons avec nos patients en constitue le fondement.

J'accompagne mes patients dans les épisodes marquants d'une vie - la naissance, la maladie et la mort - ainsi que dans des moments plus banals, lorsqu'ils se font du souci à propos de quelque chose, par exemple, ou veulent des conseils sur les mesures à prendre pour conserver une bonne santé. Avec les années, j'ai compris que le resserrement du lien avec les patients passe par une bonne conversation.

Lorsque j'accueille une personne dans mon cabinet, j'essaie de déterminer quelle est la source de ses inquiétudes et ce que je peux faire pour la rassurer. Le réconfort ne réside pas toujours dans la prescription d'un examen ou d'un traitement. En réalité, ce sont parfois des interventions inutiles, et elles peuvent même causer du tort.

Prenons par exemple les lignes directrices sur le test Pap, qui ont évolué avec le temps. On ne fait plus subir cet examen tous les ans comme autrefois, mais plutôt aux trois ans et à certains groupes de femmes uniquement. Un autre exemple est celui de l'électrocardiogramme (ECG). On considère désormais qu'il n'a aucune utilité comme examen de routine dans le cas des patients qui ne présentent pas de symptômes ou d'antécédents de maladie du cœur. En fait, il révèle parfois des anomalies courantes et bénignes qui provoquent inutilement des inquiétudes et conduisent à des tests et des traitements superflus.

J'encourage systématiquement mes patients à me consulter une fois par an afin que nous puissions nous entretenir ensemble des sujets qui les préoccupent.

Même lorsqu'une personne souffre d'un problème particulier, la meilleure solution ne réside pas toujours dans la prescription d'un examen. En médecine familiale, les maux de dos sont un motif fréquent de consultation. Nombreux sont ceux qui demandent une radiographie ou une IRM. Or de vastes études ont démontré que les patients qui ont subi un examen d'imagerie ne se portent pas mieux que les autres; de plus, ce dernier peut révéler des anomalies spinales sans aucun rapport avec la douleur dont ils se plaignent. Son résultat peut engendrer de l'anxiété et mener à d'autres examens ou interventions inutiles comme des injections ou même une opération.

La recherche d'une solution miracle est inhérente à la nature humaine, mais les faits démontrent parfois que ce n'est pas la meilleure voie à suivre.

Un autre bon exemple est celui de la surconsommation d'antibiotiques. Les médecins de famille reçoivent en consultation quantité de parents dont l'enfant souffre d'une douloureuse otite. La plupart de ces infections sont causées par un virus plutôt que par une bactérie. Même si les antibiotiques ne sont d'aucune utilité contre les virus, on en est arrivé à les prescrire par habitude, « juste au cas ». Cette approche n'aide pas nos patients. En fait, les analgésiques vendus dans le commerce sont beaucoup plus efficaces pour soulager ce genre de douleur chez l'enfant.

Le mauvais usage des antibiotiques nous fait du tort à tous et à toutes. Les études démontrent en effet qu'il contribue à la propagation de puissantes superbactéries qui résistent à cette classe de médicaments.

Lorsque les inconvénients d'un examen ou d'un traitement surpassent ses avantages, j'essaie de rassurer mes patients en ayant avec eux une bonne discussion.

Les preuves confirmant le pouvoir de la communication se multiplient. On découvre que la qualité des échanges entre médecin et patient a un effet positif sur la santé et le bien-être des premiers intéressés. Lorsqu'ils ont l'impression d'avoir bien communiqué avec leur médecin, les patients rapportent un meilleur degré de compréhension de leurs problèmes de santé et de leur plan de traitement.

Une bonne communication contribue également à faire en sorte que les patients et leurs proches sont heureux des soins qu'ils reçoivent.

Selon une étude menée par une équipe de chercheurs à Ottawa, les aides à la décision permettent de réduire les appréhensions et de rehausser la confiance des patients face aux choix difficiles. Elles sont utiles pour alimenter la discussion dans les cas où la marge d'incertitude est grande.

Dans une autre recherche menée aux États-Unis, on a interrogé des omnipraticiens sur les obstacles à la réduction du nombre d'interventions superflues dans leur propre pratique. Les répondants ont donné comme raison le manque de temps qui les empêche d'avoir de bons entretiens avec leurs patients pendant les consultations.

Néanmoins, les patients ont le droit de s'interroger sur leurs choix en matière de soins et de poser des questions essentielles qui alimenteront un échange avec leur médecin. C'est précisément ce que vise la campagne Choisir avec soin; elle propose des ressources pour favoriser le dialogue entre patients et médecins.

La prochaine fois que votre médecin vous proposera un examen, un traitement ou une intervention, posez-lui les questions suivantes :

  1. En ai-je vraiment besoin?
  2. Quels sont les côtés négatifs?
  3. Y a-t-il des options plus simples et sécuritaires?
  4. Que se passera-t-il si je ne fais rien?

Engager une bonne discussion ne devrait pas vous prendre trop de temps, car vous voudrez tous les deux profiter au maximum de la consultation. Ces questions constituent un bon point de départ.

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Ce qui agace les médecins
«Je refuse de faire vacciner mes enfants»(01 of07)
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"On remarque actuellement que de plus en plus de gens, et c’est inquiétant, refusent la vaccination pour eux et leurs enfants. La science est on ne peut plus claire à ce sujet: les vaccins que nous recommandons systématiquement pour les enfants et les adultes sont totalement sans danger. Ils peuvent aussi sauver des vies. Depuis que moins de gens se font vacciner, nous avons constaté aux États-Unis une augmentation parallèle des maladies pouvant être prévenues grâce à la vaccination. Il existe des maladies comme la rougeole qui peuvent affecter gravement les enfants, jusqu’à l’irréparable. Les vaccins sont devenus victimes de leur propre succès parce qu’ils ont si bien réussi à prévenir ces maladies depuis des décennies que plus personne ne se souvient des répercussions dramatiques que celles-ci peuvent engendrer, ni des résultats spectaculaires des vaccins pour les prévenir."
- Pritish Tosh, docteur en médecine et chercheur en maladies infectieuses, Mayo Clinic
(credit:luiscar via Getty Images)
«Je l’ai trouvé sur Google»(02 of07)
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"Les gens ont tendance à penser que 45 minutes passées à surfer sur Internet équivaut à des années et des années de pratique à temps plein. C’est une tendance qui ne cesse de s’accentuer depuis que tout le monde a accès à l’information en tout temps. Mais l’information n’est pas synonyme de connaissance ou de compréhension, qui exigent toutes les deux objectivité, équilibre, une vision en hauteur et une certaine interprétation. Notre culture assimile machinalement accès à l’information et compréhension, et cela se traduit par des erreurs qui coûtent cher en soins de santé. Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie en ce moment à parler avec nos patients convaincus d’être bien informés."- Katz (credit:Deux via Getty Images)
«J’ai besoin d’antibiotiques»(03 of07)
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"Certains patients se présentent chez le médecin souffrant d’une infection aiguë et s’imaginent qu’ils vont repartir avec une ordonnance pour un antibiotique. Souvent, dans le cas d’infections virales ou d’autres infections qui se résorbent d’elles-mêmes, il n’est pas nécessaire de prescrire des antibiotiques pour que les gens se sentent mieux ou se remettent plus vite. Par ailleurs, l’abus d’antibiotiques a clairement contribué au problème auquel nous faisons face aujourd’hui avec les bactéries résistantes aux antibiotiques. Nous en sommes arrivés au point où nous sommes même devenus incapables de trouver un antibiotique pour lutter contre certaines infections. Ce n’est pas juste une question de société; les antibiotiques affectent aussi les personnes à qui on les prescrit car la prise d’antibiotiques est liée à des infections avec organismes résistant aux antibiotiques chez les patients."
- Tosh
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«Je mange moins et je fais plus d’exercices et pourtant je ne perds pas de poids.»(04 of07)
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"En fait la question, ce n’est la quantité de calories que l’on consomme, mais bien la qualité de ces calories."
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«Je veux quelque chose qui agisse tout de suite»(05 of07)
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"Ce qui m’agace plus que tout est cette exigence du remède miracle. Beaucoup de patients pensent qu’une pilule ou le dernier régime à la mode va tout changer et qu’ils viennent de découvrir ‘La solution’. Ces mêmes patients sont remarquablement intelligents et font preuve d’un jugement critique au sujet d’autres décisions de la vie courante, mais en ce qui a trait à la santé, il semble que ce jugement critique ne s’exerce plus du tout! Des données prouvent que des changements dans le mode de vie, dont l’alimentation et les activités sportives, donnent des résultats – il ne faut pas l’oublier! Oubliez plutôt vitamines, suppléments et remèdes miracles qui ne s’appuient sur aucune donnée."
-David B. Agus, docteur en médecine, professeur de médecine et d’ingénierie, directeur entres autres du USC Center for Applied Molecular Medecine
(credit:PhotoAlto/Milena Boniek via Getty Images)
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"Je voudrais que les gens arrêtent d’avoir peur des matières grasses et d’être obsédés par les aliments à faible teneur en gras lorsqu’ils veulent perdre du poids. Nous ne disposons pas de données prouvant que les matières grasses font grossir ou causent des maladies cardiaques, à part celles sur les acides gras trans."
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(credit:gkdavie/Flickr)
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"La manie que les gens (devraient) perdre, selon moi, se manifeste généralement pendant les vacances. Ils appellent en général pour dire qu’ils ne se sentent pas bien 24 ou 48 h avant le moment de partir. Dans mon cas, ils me disent qu’ils souffrent de douleurs à la poitrine, qu’ils sont essoufflés, ou encore que leur tension artérielle est trop élevée ou trop faible. Ils me disent en général qu’ils doivent venir me voir à une heure ou un jour précis parce qu’ils sont sur le point de partir et sont loin d’avoir fini leurs préparatifs. Lorsque je leur demande quand ils ont ressenti les premiers symptômes, ils me répondent habituellement que c’était quatre ou cinq jours plus tôt. Je voudrais que mes patients comprennent bien que je n’ai pas de baguette magique et qu’il faut parfois faire des examens pour comprendre ce qui se passe. Je vous demande d’appeler dès que vous ne vous sentez pas bien, et s’il arrive exceptionnellement que je vous recommande de retarder votre départ, comprenez que c’est pour votre bien.S’il-vous-plaît, faites passer votre santé avant tout si vous voulez avoir du bon temps et vous sentir bien pendant vos vacances."
- Nieca Goldberg, docteur en médecine, directrice médicale du Joan H. Tisch Center for Women’s Health, Langone Medical Center, Université de New-York.
(credit:ttatty via Getty Images)

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