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Combattre l'anxiété, la solution pourrait bien venir des écrevisses

Bonne nouvelle: les écrevisses ressentent l'anxiété
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Michael Fiddleman, fiddography.com via Getty Images

Êtes-vous d'un naturel anxieux? Si oui, vous avez alors un point commun avec l'écrevisse. Pour la première fois, des chercheurs français du CNRS et de l'Université de Bordeaux sont parvenus à produire et à observer les effets de l'anxiété sur cet invertébré.

L'écrevisse a un système nerveux moins complexe que le nôtre. En observant ce qu'il se passe dans le cerveau de ce crustacé, les chercheurs ont réussi à démontrer que les arthropodes (une partie des invertébrés dont fait partie l'écrevisse) étaient capables de comportements très diversifiés.

Si les chercheurs parviennent à comprendre le mécanisme de l'anxiété et même à le déclencher sur des organismes moins complexes que les nôtres, de nouvelles voies de recherches s'ouvrent pour la compréhension de ce phénomène chez l'homme. Les conclusions de cette étude sont publiées ce 13 juin dans la revue Science.

COMMENT. Des écrevisses électrisées

L'anxiété est une appréhension liée à l'imminence d'un événement dangereux ou fâcheux et plus largement des événements à venir lorsqu'il s'agit d'une pathologie. Une personne anxieuse va alors tenter d'éviter cet événement. C'est exactement de cette façon qu'ont réagi les écrevisses étudiées par les chercheurs français. Pendant trente minutes, les chercheurs français ont exposé les crustacés à un champ électrique. Les écrevisses ont ensuite été placées dans un labyrinthe aquatique en forme de croix. Deux bras étaient éclairés, les deux autres plongés dans la pénombre. Naturellement, l'écrevisse préfère l'obscurité.

Le groupe des écrevisses soumises au champ électrique est resté dans la pénombre quand un groupe des écrevisses soumises à aucun stress a progressivement exploré le labyrinthe dans son ensemble. Les premières se sont en fait adaptées au stress qu'elles ont subi. Anxieuses de rencontrer à nouveau un adversaire (le champ électrique), elles ont préféré rester là où elles se sentaient le plus en sécurité. Après une heure, l'anxiété dissipée, les écrevisses ont exploré comme l'autre groupe le labyrinthe.

POURQUOI. La dépression en ligne de mire

À tort, la science liait la simplicité du système nerveux des invertébrés à une impossibilité d'adaptations comportementales complexes. Or, l'anxiété est un mécanisme de survie. Dans les années 80, des chercheurs avaient déjà démontré que les écrevisses étaient capables d'éprouver une certaine forme de peur. "Cette étude va plus loin, explique Pascal Fossat, l'un des auteurs de cette étude, enseignant chercheur à l'Université de Bordeaux interrogé par Le HuffPost, en montrant que l'écrevisse pouvait complètement modifier son comportement". Après une exposition à une situation très stressante, l'écrevisse va éviter les zones potentiellement dangereuses "comme si elle se retrouvait dans un état général d'appréhension que l'on pourrait rapprocher du comportement humain".

Lorsque l'on est anxieux, une molécule entre autres, la sérotonine, entre en jeu dans notre système nerveux. Elle est la cible des médicaments anxiolytiques. Or, on connaît assez mal le rôle exact de cette molécule dans le mécanisme de l'anxiété. En étudiant le système nerveux des écrevisses, les chercheurs en apprendront certainement plus sur cette réaction chimique. D'autre part, ce neurotransmetteur régule de nombreuses réactions physiologiques liées à l'anxiété comme le taux de glucose dans le sang.

Quand l'anxiété devient pathologique, le stress est alors chronique, elle peut conduire à un état dépressif. Voilà ce à quoi les chercheurs s'attellent désormais. "L'équipe veut analyser les changements neuronaux qui s'opèrent lorsque l'anxiété se prolonge sur plusieurs jours", explique le CNRS.

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